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leur donnant des has et des chaussures.

Là, le riche apprendroit à pratiquer réellement la vertu, et le peuple à la connoître. La nation s'y instruiroit de ses devoirs, et s'y formeroit une idée de la véritable grandeur. Elle verroit les offrandes présentées à la mémoire des hommes vertueux et offertes à la divi-? nité, tourner enfin au profit des misé

rables.

Ces repas nous rappelleroient les aga pes des premiers chrétiens et les satur nales de la mort où chaque jour nous entraîne, et qui, nous rendant bientôt tous égaux, ne mettront entre nous d'autre, différence que celle du bien que nous, aurons fait pendant la vie.

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Autrefois, pour honorer la mémoire des hommes vertueux, les fidèles se rassembloient dans les lieux consacrés par leurs actions ou par leurs tombeaux, sur le bord d'une fontaine ou à l'ombreb d'une forêt, Lai, ils apportoient des vie vres, et invitoient ceux qui n'en avoiento pas, à venir les partager avec eux. Les mêmes coutumes ont été communes à o

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toutes les religions, Elles subsistent encore dans celles de l'Asie. Vous les retrouvez chez les anciens Grecs. Lorsque Xénophon eut fait cette fameuse retraite où il sauva dix mille de ses compatriotes en ravageant le territoire de la Perse, il destina une partie du butin qu'il y avoit gagné, à fonder dans la Grèce une chapelle à l'honneur de Diane. Il y attacha un revenu, des chasses et des repas pour ceux qui, chaque année, s'y rendroient à certain jour.

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DU CLERG É.

Si nos pauvres participent quelquefois à quelque misérable distribution ecclésiastique, les secours qu'ils en reçoi vent, loin de les tirer de la misère, ne font que les y entretenir. Que de fonds de terre cependant ont été légués en leur faveur à l'église! Pourquoi n'en distribue-t-on pas les revenus, en sommes assez fortes pour tirer au moins chaque année de l'indigence, un certain nombre de familles? Les gens du clergé disent qu'ils sont les administra

teurs des biens des pauvres; mais les pauvres ne sont ni des fous ni des imbécilles, pour avoir besoin d'adminis trateurs: d'ailleurs, on ne pourroit prouver par aucun passage de l'ancien ou du nouveau testament, que cette charge appartient aux prêtres: si ceux-ci sont les administrateurs des pauvres, ils ont donc actuellement dans le royaume sept millions d'hommes dans leur adminis-,

tration temporelle. Je ne pousserai pas plus loin cette réflexion. Il faut rendre à chacun ce qui lui est dû : les prêtres sont de droit divin les avocats des pauyres mais c'est le roi seul qui est leur administrateur naturel.

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Comme l'indigence est la principale cause des vices du peuple, l'opulence peut, comme elle, produire à son tour des désordres dans le clergé. Je ne m'ap puierai pas ici des répréhensions de S. Jérome, de S. Bernard, de S. Augustin et des autres pères de l'église, au clergé de leur temps et de leur pays, dans lesquelles ils leur prophétisoient la déstruction totale de la religion,

comme une suite nécessaire de leurs mœurs et de leurs richesses. La prophétie de plusieurs d'entre eux n'a pas tardé à se vérifier en Afrique, en Asie, en Judée et dans l'empire de la Grèce, où non-seulement la religion a disparu, mais même les gouvernemens de ces nations. L'avidité de la plupart des ecclésiastiques rend bientôt les fonctions de l'église suspectés: c'est un argument qui frappe tous les hommes. « Je crois, «< disoit Pascal, à des temoins qui se « font égorger. » Il y auroit cependant quelques objections à faire à ce raisonnement; mais il n'y en a point contre celui-ci : « Je mẹ méfie des témoins qui ❝ s'enrichissent. » A la vérité, la religion a des preuves naturelles et surnaturelles, bien supérieures à celles que peuvent lui fournir les hommes. Elle ne dépend ni de notre ordre, ni de notre désordre; mais la patrie en dépend.

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Le monde regarde aujourd'hui avec envie, et disons-le, avec haine, la plupart des prêtres. Mais ils sont les enfans de leur siècle, comme les autres hom

mes.

mes. Les vices qu'on leur reproche appartiennent en partie à leur nation, au temps où ils vivent, à la constitution politique de l'état, et à leur éducation. Les nôtres sont des François comme nous; ce sont nos parens, sacrifiés souvent à notre propre fortune, par l'ambition de nos pères. Si nous étions chargés de leurs devoirs, nous nous en acquitterions souvent plus mal. Je n'en connois point de si pénibles et de si dignes de respect, que ceux d'un bon ecclésiastique. Je ne parle pas de ceux d'un évêque qui veille sur son diocèse, qui forme de sages séminaires, qui entretient l'ordre et la paix dans les communautés, qui résiste aux méchans et supporte les foibles, qui est toujours prêt à secourir les malheureux, et qui dans ce siècle d'erreur réfute les objections des ennemis de la foi par ses propres vertus. Il est récompensé par l'estime publique. On peut acheter par de pénibles travaux la gloire d'être un Fénelon, ou un Juigné. Je ne dis rien de ceux d'un curé, qui attirent quelqueTome III.

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