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§. III.

Les Conseils évangéliques ne sont point contraires aux droits de la Société.

La Société est la réunion de plusieurs hommes ou familles qui vivent sous les mêmes lois ; l'esprit de la société est que chacun de ses membres concoure, autant qu'il le peut, au bien commun; enfin ce bien commun doit s'estimer, non pas par ce que décideroient les caprices ou les passions de quelques par» ticuliers, mais par ce que dietent la raison et la Religion,

Avec des notions si simples et si claires, on comprend d'abord que les Conseils évangéliques, n'inspirant que bienfaisance, générosité, respect et amour pour ses semblables, et élevant l'ame au-dessus de toutes ces passions de cupidité, d'ambition, d'orgueil, de volupté, lesquelles causent toutes les dissen sions, les désordres, les fléaux qui peuvent troubler la société ; on comprend que ces. Conseils, non-seulement n'en blessent jamais les droits respectables, mais qu'ils ne servent qu'à la rendre toujours plus douce, plus parfaite et plus sûre.

Bien plus : il n'y a que les ames qui se montrent supérieures aux intérêts personnels,

et qui ont le courage de dédaigner les richesses et les plaisirs, qu'on puisse appeller grandes ames, et qui soient en état de donner les plus grands exemples, et de rendre les plus grands services à la société. Et quels éloges n'a-t-on pas faits dans le paganisme même de ceux qui ont paru approcher de ces grandes vertus? Que n'a-t-on pas dit du désintéressement des Curius et des Fabricius, de la patience de Socrates, du courage d'Ana xarque, de la continence de Scipion, de la générosité de Curtius, du mépris que Cratès le Thébain fait de ses propres richesses? Et si ces mêmes vertus se trouvent dans les Chrétiens en un degré beaucoup plus parfait, sans le mélange d'aucun vice, appuyées sur des principes beaucoup plus purs, seront-elles moins dignes de louanges et d'admiration?

Pour ce qui est de ces grands propos de bien de l'état, de population, de l'obligation où est chaque particulier de se rendre utile à la société, que nos philosophes ont quelquefois à la bouche, pour combattre les Conseils évangéliques; on verra ailleurs combien leurs lumières politiques sont courtes, et leur manière de raisonner opposée au bon sens.

§. IV.

Réponse aux objections de quelques libertins contre les Conseils évangéliques.

I.

« Le Fondateur du Christianisme, dit » Panage1, veut qu'on aime Dieu, qu'on le " prie, qu'on l'honore ; et ses Disciples ont » cru que la haute perfection consiste à » s'abstenir de toute autre occupation. De-là » tous ces pieux fainéants qui ne font rien » de plus dans la société, que des inutilités » ou des crimes. "

On ne répondra à cela que par trois mots. 1. C'est une brutalité de dire que tout ce qu'il y a d'ecclésiastiques et de religieux ne sont que des hommes inutiles, ou adonnés au vice. 2.o Parmi ces ecclésiastiques et ces religieux, il y en a qui cultivent les sciences avec succès, comme il paroît par quantité d'excellents Ouvrages, dont on leur est redevable; et d'autres instruisent et servent le public avec un désintéressement généreux. 3. S'il y en a parmi eux quelques-uns qui soient des hommes inutiles, cela ne doit pas

Les Mœurs, 1. p. c. 1.

surprendre. Quelle est la société où tous les membres soient ce qu'ils doivent être ? Combien n'y a-t-il pas de laïques qui leur ressemblent en cela, et combien de nos raisonneurs contre lesquels ceci est un argument ad hominem?

II.

«Il réprouve l'attachement aux richesses1 » ils se sont imaginé en conséquence, que » c'étoit une vertu de ne rien avoir. De-là » cette fourmilière de mendiants incom» modes, vrais frélons qui se nourrissent de » la substance des laborieuses abeilles. »

, que

On a vu dans le paragraphe 1.er, Jésus-Christ mettoit la perfection, non pas dans le détachement, mais dans le renoncement aux richesses. Ainsi le moraliste Panage en impose. Pour ces mendiants qu'on appelle de vrais frélons, ils sont bien moins redoutables que ces filous subtils, et ces concussionnaires violents, dont la société civile est aujourd'hui inondée.

D'ailleurs, il n'est aucun de ces Religieux qui n'eût pu devenir au moins secrétaire dans quelque bureau, ou même Directeur, et parvenir à des postes encore plus importants.

Les Mœurs, 1. p. c. 1.

Alors auroient-ils été plus utiles au monde? Enfin plusieurs de ces Religieux étoient nés pour tenir dans le monde un rang plus honorable que la plupart de ces censeurs si méprisants,

III.

"Il défend l'adultère, le viol, la subor"nation : cette défense leur a fait croire » qu'une continence perpétuelle seroit fort » de son goût; oubliant sans doute que leur "Maître a maudit un figuier, précisément "parce qu'il ressembloit à une vierge.

C'est ici un mensonge, comme dans l'article précédent. Ce qu'il y a de plus, c'est l'impiété dans l'application. On en feroit une plus juste, en disant que le figuier, couvert de belles feuilles, et qui en même temps est sans fruit, ressemble à bien des gens qu'on voit en ce monde. Vous entendez un langage pompeux, fastueux, imposant; mais raison, bon sens, vérité, vous n'en trouvez pas la moindre lueur. Nous n'en disons pas davanLage.

* Les Mœurs, 1. p. c. 1. .

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