AN 1817. (N. 39. ) 11. Année. JOURNAL DE SAVOIE, FEUILLE POLITIQUE, RELIGIEUSE, LITTÉRAIRE Et contenant ce qui intéresse l'Agriculture et les Arts. Mercredi, 24 Décembre. INTERIEUR. Chambéry, 23 décembre. L'article suivant destiné à l'un de nos derniers N.o, a été omis par mégarde; nous croyons devoir le retablir. Par Billet du 2 de ce mois, S. M. a créé dans la Faculté de Droit de l'Université Royale de Turin, une chaire d'Economie publique, dont le cours de trois ans comprendra successivement les élémens généraux du Droit public, ceux du Commerce, et ceux d'Economie publique. Cette institution, qui a pour but de préparer des sujets propres aux charges administratives, et de répandre les lumières d'une science qui devient de jour en jour plus importante dans l'ordre social, est une preuve remarquable des vues de sagesse et de prévoyance de noir auguste Souverain; cette innovation importante obtiendra les suffrages de tout ce qu'il y a en Europe de gens éclairés. M. le Chanoine Maistre, Doyen de la Métropole de Chambéry, est nommé Evêque d'Aoste. (Voyez l'article Turin. ) - Nous avons fait connaître dans le dernier N. de ce Journal le legs fait à l'Ecole de dessin de cette ville par M. Gringet. M.E le Premier Syndic a commis, au nom de la ville, pour le choix à faire dans le cabinet du défunt, M. Raymond, Préfet et professeur au Collége Royal de Chambéry. Il résulte du Rapport fait par ce dernier, le 19 de ce mois, que l'Ecole de Dessin acquiert 44 modèles en ronde-bosse, 896 modèles gravés, dont 596 pour la figure, 12 études d'animaux, 48 pour le paysage, 52 pour la fleur et 188 pour l'ornement. Au Rédacteur du Journal de Savoie. Monsieur, et Une heureuse expérience ayant prouvé l'utilité des bains de vapeurs sulfureuses, leur efficacité étant surtout démontrée dans les maladies cutanées, j'ai pensé que c'était rendre un service essentiel à mes compatriotes, que de former un établissement de boites fumigatoires, dont l'usage doit avoir d'aussi précieux résultats. J'ai été en mesure de connaître et de suivre dans le plus grand détail la méthode établie par l'inventeur de ces bains, le docteur Galès de Paris. Honoré de son amitié, j'ai eu la plus grande facilité pour acquérir auprès A de lui toutes les instructions nécessaires sur la meilleure manière d'administrer ces bains, dans les cas indiqués. M. Leroux, professeur et doyen de l'école de Médecine de Paris, après s'être assuré des succès multipliés que ne cessait d'obtenir M. Galès, fit établir deux boftes fumigatoires à l'hospice de clinique interne de la Charité, pour servir aux experiences et à l'instruction des elèves. Me trouvant à cette époque secrétaire de la société d'instruction médicale et médecin surveillant de cet hospice, j'ai été à même de recueillir un grand nombre d'observations qui toutes sont en faveur de ces bains. Il est certain qu'il est des maladies dans lesquelles l'usage de ces bains, loin d'être utile, pourrait être nuisible; mais alors on ne doit en accuser que l'ignorance ou l'imprudence des personnes qui les administreraient mal à propos. Les bains de vapeurs sulfureuses sont non-seulement un moyen infaillible pour guerir toutes espèces de gales, mais encore ils réussissent très-bien à faire disparaître des dartres quoique anciennes et de mauvaise nature; ils conviennent aussi dans quelques cas de douleurs rhumatismales chroniques, de paralysie, d'affections scroiuleuses et même syphilitiques, en administrant de concert les autres remèdes. L'établissement dont j'ai l'honneur de vous prier, Monsieur, de vouloir bien donner avis par la voie de votre Journal, se trouve dans mon habitation, rue couverte, n.° 41. J'ai l'honneur, etc. DOMENGIT, Medecin des Prisons Royales de Chambéry. PIECES OFFCIELLES PUBLIÉES. Publ. le 21 décembre: EDIT ROYAL par lequel S. M. ordonne l'usage d'un nouveau Papier timbré distingué par un filigrane et des timbres différens de ceux qui existent, l'établissement du Timbre extraordinaire dans les villes de Turin, Gênes, Chambéry et Nice, et entr'autres dispositions, abolit la nullité prononcée par les précédens Edits sur cette matière ( du 5 décembre 1817). MANIFESTE de la Chambre Royale des Comptes, portant notification d'un nouveau Tarif des prix de vente du Salpêtre de seconde et troisième cuite dans le Duché de Savoie, aux poids et monnaie de Piémont. (Du 18 novembre 1817 ). PIÉMON T. Turin, 16 décembre. LL. MM. le Roi et la Reine avec les Princesses Royales sont revenues hier de Stupinis dans cette capitale. - S. M. a accordé cent trente-quatre pensions sur la caisse des invalides à un pareil nombre de marins militaires et marchands, en augmentation des 586 dejà assignees. Onze autres marins qui n'avaient pas des droits suffisans à la pension, en ont été gratifiés par S. M. 18 Décembre. S. M. a pourvu le 15 de ce mois à quatre diocèses vacans, en nommant les illustrissimes et révérendissimes MM. Maistre, vicaire-gén, de Chambéry, Evêque d'Aoste; d'Angennes, curé de Vigone, Evêque d'Alexandrie; Faa-Bruno, curé de Desana, Evêque d'Asti; Nicola, curé de Giaveno, Evêque d'Albe. Le choix de ces dignes Prélats, aussi recom mandables par leur science, que par leurs vertus et leur expérience dans la conduite des ames, a excité une reconnaissance universelle. 20 Decembre. La Classe des sciences physiques et mathématiques de P'Académie Royale des sciences, a tenu hier soir sa séance ordinaire, présidée par M. le Professeur Audiberti, Vice-Président, Premier Médecin de LL. MM. M. le Professeur Vassali-Eandi, Secrétaire perpétuel, a communiqué un recueil des observations météorologiques faites dès le 1er. janvier 1812, et a donné la description d'un instrument qu'il a inventé pour mesurer avec précision l'évaporation de l'eau. M. le Professeur Plana a lu un mémoire sur les observations astronomiques faites à l'Observatoire de l'Académie dès 1812. M. le baron Vernazza a fait part d'un travail de M. le Comte Xavier Maistre, Académicien non résidant, sur le moyen de composer avec l'oxide de l'or, une couleur purpurine propre à la peinture à l'huile. NOUVELLES ETRANGERES ALLEMAGNE. Francfort, 7 décembre. Tous les travaux relatifs aux constitutions sont suspendus en attendant que les gouvernemens soient convenus d'un principe général sur la base des représentations générales. ANGLETERRE. Londres, 14 décembre. L'escadre russe est arrivée le 9 à. Déal. La contagion continue ses ravager à la Nouvelle-Orléans, à Savannah, à Natchez. La mort du gouverneur de l'île d'Amélia se confirme, Le Duc de Kent doit épouser, dit-on, une Princesse de Saxe-Cobourg, ESPAGNE. Madrid, 27 novembre, Nous apprenons de Cadix que déjà onze bâti mens sont prêts pour concourir à l'expédition qui doit transporter trois mille cinq cents hommes dans nos colonies d'Amérique. FRANCE. Paris, 12 et 13 décembre. La discussion sur la liberté de la presse a commencé le 11. MM. Martin de Gray, Ganilh, de Chauvelin, de Villèle et Ponsard ont parlé contre le projet de loi; MM. Jollivet, le Baron de Pasquier, garde-des-sceaux, Ravez, Commissaire du Roi, ont parlé en faveur du projet; M. Beugnot a proposé de nombreux amendemens. Les adversaires du projet s'élèvent contre la saisie des écrits, ils réclament l'intervention du jury dans les jugemens, même en matière correctionnelle, et la liberté entière des Journaux. M. Jollivet a égayé toute l'assemblée par cette phrase: » Braver les périls lorsqu'on peut les éloigner, ce serait comme » si l'on disait : Nous sommes assez robustes pour nous donner la fièvre. » Bastide qui travaillait à des paniers de paille, a fait une tèntative d'évasion avec d'autres prisonniers détenus pour vol, au moyen d'une échelle de paille de 30 pieds, qui a été saisie. Il est entré à Cadix, le 20 novembre, un bâtiment du Pérou avec 14,000 quintaux de cacao et 280,000 piastres fortes (1,400,000 fr.). On en attend un autre avec une cargaison de 750,000 piastres fortes. 14, 15, 16, 17 Et 18 décembre. Dans les séances des 13, 15, 16 et 17, la Chambre des Deputés a continué la discussion sur la liberté de la presse. MM. Bourdeau, Camille Jordan, Royer-Collard, Courvoisier, Boin, Lainé de Ville-Eveque ont défendu le projet en proposant quelques amendemens, tels que le juny, voté par MM. Camille Jordan et Roller Collard; MM. Casimir Perrier, Hernoux, Bignon, de la Bourdonnaye, Caumartin, Paccard, Lafitte ont combattu le projet. Les opposans manifestent des vues diverses. MM. Lainé, ministre, Siméon, commissaire du Roi, et le Comte de Cazes ont pris la parole dans la discussion, qui a pris quelquefois un caractère d'aigreur. Le dernier a dit : » La preuve sans réplique que la loi. » est telle qu'elle doit être, c'est qu'elle choque également toutes les opi >nions extrêmes. >> Dans la séance du 15, le Ministre des finances a présenté la loi sur le Budget. Une ordonnance du 10 décembre met en vente 150 mille hectares de bois, en vertu de la loi du 25 mars dernier. M.me Manson a été mise en accusation par la Cour de Montpellier. Le Juge d'instruction lui ayant dit de prendre garde et qu'il y allait de są téte » Si ma tête tombe, a-t-elle répondu, c'est une boule qui fera tomber » bien des quilles. >> Actions de la banque de France: 1475 fr.; 1460 fr.; 1465; 1470 fr.; 1465 fr. ITALIE. Rome, 6 décembre. Le 22 novembre dernier, on a publié ici le Code de procédure civile des Etats Romains, avec un Motu Proprio de S. S. Cette œuvre de sagesse, désirée par tous les amis de l'ordre, a été accueillie avec la plus vive satisfaction par les Jurisconsultes éclairés. VARIETÉS.. MELANGES tirés d'un Portefeuille militaire; par M. le Général Marquis COSTA DE BEAUREGARD. Deux vol. in-8.o 1817; à Turin, chez Pierre-Joseph Pic, lib. sous les arcades de la place Château; et à Chambéry, chez Puthod, libr. Prix : 5 fr. I.er ARTICLE. » Heureux l'homme de bien, l'homme de sens et de génie » qui, après avoir partagé ses plus belles années entre les » délices de l'étude et les honorables travaux de la guerre, peut consacrer la fin de sa carrière, à tracer dignement le » tableau des grands événemens auxquels il a eu part, et qui, » pour composer des ouvrages dignes d'être transmis aux » siècles futurs, n'a qu'à consulter sa mémoire, se rappeler ses méditations et s'abandonner à sa verve créatrice. Au » sein d'un heureux loisir, il accroîtra sa renommée; il » pourra se flatter d'être encore utile (1). » C'est ainsi que, saus y penser, M. le Marquis Costa de Beauregard a tracé en peu de mots sa propre histoire; et en lui appliquant le passage que nous venons de citer, nous ne faisons que prévenir la pensée de tous ses lecteurs. Les Mélanges qu'il publie aujourd'hui étaient dignes de voir le jour, et l'on ne pouvait attendre moins de l'auteur des Mémoires historiques sur la Maison Royale de Savoie. Ces Mélanges seront accueillis avec intérêt par toutes les classes de lecteurs, et lus avec fruit par les militaires jaloux de joindre à l'honorable métier des armes, les connaissances et les talens qui en rehaussent l'éclat, qui rendent cette profession si utile à la patrie, et qu'il n'est plus permis de dédaigner dans aucune carrière, moins peut-être dans celle des armes que dans beaucoup d'autres. Le nouvel ouvrage de M. le Marquis Costa comprend un essai bibliographique à l'usage d'un Etat-Major, une indication des cartes et des plans propres aux études militaires le récit du siége et de la délivrance de Turin en 1706 un essai sur le dessin militaire topographique, un fragment sur l'expédition des Français en Egypte, un essai sur l'éloquence militaire, un coup-d'œil sur les événemens militaires et politiques d'Italie du 27 avril 1796 au 19 avril 1797, un morceau sur l'esprit des lois de la guerre, un fragment sur les campagnes de 1799 en Souabe, en Suisse, et principalement en Italie, la campagne de 1800, un Mémoire sur les levées à vue et les reconnaissances militaires, un Essai historique sur les Etats-Majors généraux en France et en Autriche, un aperçu des opérations militaires dans la Belgique, du 15 au 19 juin 1815, et enfin un petit traité de la morale des guerriers. Les caractères qui constituent un bon historien capable de (1) Mélanges tirés d'un Porte-feuille militaire, tome 1er, page 189. |