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LE MONDE ET L'HOMME PRIMITIF.

des faits, des hommes, des événements ensevelis dans l'oubli, et pour cette raison omis dans leurs récits. Les généalogies bibliques, nous le savons, ont quelquefois supprimé des filiations intermédiaires. On en trouve un exemple frappant dans la généalogie de S. Matthieu. Supposez que l'Évangéliste ait donné l'âge de chacun des patriarches qu'il cite en additionnant la durée de toutes les vies vous auriez diminué l'âge du monde de trois générations. Toujours est-il qu'il a régné dans l'Église une liberté très-grande en matière de chro nologie biblique. On compte plus de 150 systèmes, dont aucun n'a été condamné. Il importe plus que jamais, au moment où des savants consciencieux pensent que des faits nouveaux peuvent faire varier une fois de plus la chronologie des premiers temps, de ne point restreindre prématurément et témérairement la liberté à l'égard de certaines dates, toutes d'ailleurs antérieures à Abraham.

Toutefois, nous ne pourrions admettre même comme probables les suppositions arbitraires de plusieurs géologues, d'ailleurs distingués, qui font remonter à 20 et même 30 mille ans l'apparition de l'homme sur notre globe. La réserve est à cet égard conseillée par le simple bon sens. Laissons les savants à leurs disputes, mais, quand nous le pouvons, mettons, en la dégageant, la véracité de la Bible en dehors de leurs débats. (Voir nos conclusions à la fin du xive chapitre de cet ouvrage.)

CHAPITRE VII.

Règne humain.

Unité de l'espèce humaine.

SOMMAIRE :

Systèmes opposés à la vérité du récit biblique : matérialisme, Générations spontanées.

positivisme.

Transformation des espèces. M. Darwin réfuté par les faits. Combien l'homme diffère des animaux par l'intelligence, etc.

I

Nous avons exposé dans le chapitre précédent l'origine de l'homme suivant Moïse.

Appelée la dernière à la vie, cette créature intelligente et libre est le couronnement de la création et l'œuvre de l'amour du Tout-Puissant.

L'homme déchoit bientôt, par sa faute, de la haute situation que Dieu lui a faite; mais Dieu aime à ce point sa créature privilégiée, qu'il lui sera donné de conquérir une partie de ce qu'elle aura perdu. L'œuvre de la réhabilitation sera réalisée par un progrès lent et laborieux, qui s'accomplira, dans la sphère naturelle, à force d'énergie de la part de l'homme, et, dans la sphère morale, par les secours multipliés d'une Provi

dence attentive et infiniment généreuse. La vie humaine sera désormais une lutte pleine d'émotion. Le mouvement de l'histoire créera sur la scène du monde un intérêt puissant digne du regard de Dieu.

La grandeur et la dignité de l'homme sont manifestées à la fois par sa création et par sa rédemption soit que ce dernier mot, employé dans un sens moins propre, exprime l'affranchissement progressif des dures conditions matérielles auxquelles l'humanité fut d'abord soumise, soit que l'on donne à la rédemption son sens le plus élevé, c'est-à-dire l'affranchissement du mal moral par le Christianisme.

Dieu élèvera la nature humaine à une gloire incomparable en se faisant homme lui-même. Le Christ un jour dotera le monde de l'Évangile et il le subjuguera par l'autorité de ses exemples, par le mystère de ses abaissements et par le prodige de sa résurrection. La rédemption sera une œuvre plus admirable que la création : en sorte que l'Église pourra dire de la faute originelle felix culpa! Cohéritier du Fils de Dieu, l'homme un jour partagera sa gloire.

Voilà l'anthropologie biblique résumée dans sa consolante et noble doctrine.

Une fausse philosophie et une fausse science, peu soucieuses de la dignité humaine, ont renié ces titres glorieux de l'humanité. On a attaqué les

faits et la doctrine bibliques : les systèmes antichrétiens se sont multipliés, et de dangereuses théories se répandent encore aujourd'hui. Chose triste à dire et difficile à croire, si la littérature contemporaine n'en fournissait le témoignage irrécusable! on se flatte de rendre service au genre humain, en l'humiliant et en détruisant ses meilleures et ses plus bienfaisantes espérances.

Nous exposerons successivement ces théories systématiques, et nous nous attacherons à les réfuter.

De nos jours, on a donné le nom de science à ce qui n'est, en effet, que la recherche des lois réelles du monde physique; on a donné le nom de découvertes à d'heureuses hypothèses rattachant à une formule unique des phénomènes divers et inexpliqués. « Quand on admet une hypothèse scientifique, dit M. de Saigey, veut-on dire qu'on se croie en possession de la vérité des choses? Ce serait oublier tant de systèmes qui se sont écroulés les uns sur les autres; ce serait trop oublier que le physicien, perdu dans l'infini de l'espace et du temps, ne saisit que des rapports phénoménaux et n'arrive pas à concevoir l'absolu. Qu'est-ce donc que grouper dans une hypothèse toutes nos idées sur la nature? C'est nous donner les moyens d'établir entre les faits des rapprochements féconds, et de faire ainsi jaillir des sources de découvertes. » (Essais sur les phénomènes naturels.}

Les savants recherchent donc le vrai sans pouvoir jamais embrasser la nature entière, avançant, reculant à travers les systèmes, se trompant quelquefois, mais en définitive gagnant toujours du terrain; la révélation, constatée par l'Écriture et par la Tradition, dont l'Église garde le dépôt, met au contraire tout de suite en possession de la vérité stable et parfaite.

Une science à son début peut tomber en désaccord avec la foi; mais, grâce au progrès qu'elle réalise, l'apparence de cette contradiction disparaitra bientôt, et l'accord s'établira. Ainsi se justifie cette parole de Bacon: « Un peu de science éloigne de la religion, beaucoup de science y

ramène. >>

Nous sommes loin, toutefois, de prétendre que la Bible doit être le point de départ de la science au même titre qu'elle est le point de départ de la théologie. La science prend ses prémisses dans la raison, dans l'observation; son principe et sa méthode diffèrent, mais elle arrive au même but, la vérité; elle constitue quelquefois une contreépreuve précieuse de la révélation. Il ne faudrait pas peut-être qu'il en fût autrement.

N'est-ce pas un spectacle consolant que la science laissée à elle-même, souvent même étrangère à nos convictions catholiques, vienne, après des hésitations et des écarts, confirmer la véracité de nos Livres saints?

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