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Le Catholicisme en Angleterre.

UR l'une des places publiques de Rome étaient un jour exposés en vente, comme de vils animaux, une multitude d'esclaves. Parmi eux, l'on distinguait quelques beaux jeunes hommes aux cheveux blonds, à la taille élancée, au visage noble et gracieux. Près de ce lieu où les derniers descendants de la Rome idolâtre continuaient leurs trafics inhumains, passait un humble religieux, destiné par la Providence à devenir un grand saint et l'un des plus illustres pontifes qui aient gouverné l'Église. C'était Grégoire, le fils du sénateur Gordien. La vue de ces hommes qui, à la fleur de l'âge, n'ont plus à attendre que les douleurs et les humiliations de l'esclavage, remplit son âme de pitié et de tristesse. Il demande leur nom, leur religion, leur pays. On lui répond qu'ils sont encore païens, de la nation des Angles dans la Grande-Bretagne. « Quel malheur, s'écrie-t-il, que le prince des ténèbres possède des hommes si beaux, et que ceux qui extérieurement ont tant de grâce et d'agrément soient privés intérieurement de la grâce de Dieu... Ces Angles ont une figure angélique; ils doivent être un jour les cohéritiers des Anges du ciel (1). >>

Quelques années plus tard, Grégoire, devenu pape, envoyait au milieu des Angles et des Saxons quarante missionnaires pour leur annoncer la bonne nouvelle de l'Évangile. Augustin et ses compagnons, prosternés aux pieds du vicaire de JESUS

1. Heu! proh dolor, inquit, quod tam lucidi vultus homines tenebrarum auctor possidet, tantaque gratia frontis conspicui mentem ab æterna gratia vacuam gestant... Angelicam habent faciem, et tales angelorum in colis decet esse cohare. des. -Joan. diac., De Vita S. Greg. magni, lib. I, no 17.

St Grégoirele-Grand envoie des missionna res chez les Angles.

Conversion

du roi de Kent.

CHRIST, reçoivent avec sa bénédiction les conseils que lui dicte l'Esprit de Dieu; puis, quittant la capitale du monde chrétien, ils traversent l'Italie, la France, et abordent en 597 à la petite île de Thanet, en face du pays de Kent, l'un des sept royaumes de l'Heptarchie.

La Providence avait préparé d'une manière admirable la conversion de ces peuples destinés à enfanter tant de Saints pour le ciel. Une arrière-petite fille de Clovis et de sainte Clotilde, Berthe, fille de Caribert, roi de Paris, avait épousé Éthelbert, roi de Kent, et cette princesse, qui porta sur le trône les belles et touchantes vertus de son aïcule, devait avoir comme elle la consolation de voir son royal époux abjurer le paganisme et reconnaître le vrai Dieu.

Le roi barbare, partagé d'abord entre la défiance et le respect, écoute attentivement ces hommes, dont les traits vénérables respirent la sainteté, et qui, venus d'un lointain pays, lui annoncent une doctrine sublime et une morale toute céleste. Son esprit et son cœur ne peuvent résister aux impressions divines qui le subjuguent. Comme le premier roi chrétien des Francs, dont le souvenir s'offre en ce moment à sa pensée, Ethelbert courbe docilement la tête et renonce aux idoles impuissantes qu'ont si longtemps adorées ses ancêtres. Dix mille guerriers demandent le baptême avec leur chef et deviennent les prémices de l'Église anglo-saxonne. Bientôt une basilique s'élève à Cantorbéry sur les débris d'une ancienne église bâtie par les Bretons en l'honneur de saint Martin, l'apôtre des Gaules. Les populations y accourent en foule pour connaître les étrangers qui prêchent la religion du roi du ciel, et presque tous, abandonnant le culte sanguinaire et corrompu de leurs faux dieux, s'attachent à la foi de JÉSUS-CHRIST.

Grégoire, du haut du Siège Apostolique, d'où son œil vigilant embrasse toute la chrétienté, tournait surtout ses regards vers la patrie des Angles et des Saxons. Ce peuple était devenu son peuple de prédilection: il l'aimait comme un père aime son premier-né. Dans l'épanouissement de sa joie et de sa tendresse, il se plaît à raconter confidemment, dans une lettre au patriarche d'Alexandrie, tout ce qu'il a plû au Seigneur d'opérer de merveilles en faveur de ces hordes inconnues, sorties naguère des forêts de la Germanic et des bords de la Baltique. Avec quelle sollicitude il suit les travaux d'Augustin et de ses compagnons ! Quelle discrétion, quelle sagesse dans les con

seils qu'il leur donne ! Avec quelle prudente condescendance il modifie, sans contrainte comme sans faiblesse, les coutumes nationales et les traditions des aïeux, pour lesquelles ces hommes du nord conservent toujours un si vif attachement ! Sous la direction de ce suprême pasteur des âmes, les zélés missionnaires se font tout à tous auprès de leurs néophytes pour les gagner tous à JÉSUS-CHRIST.

Mais déjà les nouveaux convertis sont devenus des apôtres à leur tour. Du royaume de Kent la foi pénètre dans le Northumberland. Edwin, roi des Northumbres, a sollicité la main d'Édilberge, fille d'Éthelbert, dont les brillantes qualités et les royales vertus ont captivé son cœur. Mais Éalbald, frère de la jeune princesse et héritier du trône de son père, ne l'accordera qu'à une condition: Edwin se fera instruire des dogmes de la religion chrétienne. Par un concours heureux de circonstances, il arrive que quelques-uns des prêtres des idoles se montrent favorables aux missionnaires, et que les thanes les plus puissants sont tout épris de la beauté des croyances si pures et si sublimes qui leur sont annoncées. Au moment où Paulin, l'un des disciples d'Augustin, paraît dans l'assemblée de la nation northumbrienne, le roi Edwin demande l'avis de ses conseillers et leur expose les motifs qui l'inclinent à embrasser la religion des chrétiens. Coiffi, le grand-prêtre, déclare le premier que le culte de ses dieux lui paraît inutile et qu'il est disposé à écouter les sages discours de Paulin. Après lui un vieux thane prend la parole, et, avec un langage figuré, ordinaire chez les barbares: «O roi, dit-il, quand vous êtes assis, vous et vos ministres, à une table au cœur de l'hiver, et qu'un feu vivifiant pétille dans le foyer au milieu de la salle, un oiseau, chassé peut-être par le vent et la neige, entre par une porte de l'appartement et s'échappe par l'autre. Pendant le moment de son passage il jouit de la chaleur : lorsqu'il est parti, on ne le voit plus. Tel est le sort de l'homme sa vie est visible pendant quelques années ; mais ce qui l'a précédée, ce qui doit la suivre reste caché aux regards des mortels. Si la nouvelle religion nous offre des lumières sur ces sujets importants, elle est digne de fixer notre attention (1).» La foi de JÉSUS-CHRIST était victorieuse et Rome venait de lui conquérir une nation, qui sera bientôt l'une des plus illustres entre toutes les nations catho

1. Beda, Hist., lib. 11, cap. 12.

Progrès rapi des du chis ianisme en At

gleterre.

Obstacles qu'il

rencontre.

liques du monde. Coiffi renverse lui-même les autels des faux dieux qu'il a érigés dans sa jeunesse, et vient ensuite écouter avec la docilité d'un enfant les enseignements de Paulin. Dans le même temps, Mellitus, Juste, Laurent et Romain, autres disciples d'Augustin, travaillent en d'autres lieux avec un égal bonheur à la propagation de l'Évangile. Douze mois à peine se sont écoulés depuis que les envoyés de Grégoire ont abordé au royaume de Kent, et déjà une multitude de païens ont renié leurs idoles et embrassé la religion du vrai Dieu.

L'œuvre sainte s'accomplissait sous les plus heureux auspices; tout annonçait que les travaux des ouvriers évangéliques seraient promptement couronnés de nouveaux succès. Mais cette Église naissante devait, comme toutes les autres, avoir ses épreuves. L'Heptarchie, avec ses sept rois indépendants et ses droits à la succession encore mal définis, avec l'antagonisme inévitable des races et des cultes en présence, était comme un théâtre préparé pour les sanglants combats. La guerre éclate, en effet, sur plusieurs points. Bientôt la plupart de ces peuples, prompts à suivre leur prince à l'autel comme au champ de bataille, retournent en foule à leurs idoles aussitôt qu'un chef païen, resté vainqueur, les force d'abandonner les croyances chrétiennes, encore faiblement enracinées dans leurs esprits. Ainsi les progrès de l'apostolat étaient souvent contrariés par des guerres que ne pouvaient empêcher, malgré leurs efforts, les pacifiques conquérants que Rome avait envoyés. A peine Edwin a-t-il embrassé le christianisme avec une partie de sa nation qu'il est attaqué par deux princes puissants, Penda, roi des Merciens, et Cœadwalla, roi des Bretons. Le roi néophyte est tué dans la bataille. Son royaume, pendant une année entière, devient la proie de ses ennemis. Ils y portent partout le ravage, et sous leurs pas disparaît toute trace de la nouvelle religion, dont Penda s'est déclaré le mortel ennemi. Les Northumbriens, privés de chef et de pasteurs lorsqu'à peine ils ont été initiés aux premiers enseignements de la foi, retombent dans leur idolâtric. Mais tout à coup se présente un prince de sang royal, Oswald, pour délivrer sa patrie de l'oppression. De ses propres mains il plante en terre une croix de bois, se prosterne devant elle avec ses guerriers et les conduit ensuite au combat. Oswald, vainqueur à son tour, rappelle dans la Northumbrie les missionnaires dispersés. Lui-même répète

dans la langue saxonne les instructions que le moine Aidan fait entendre. Quelques années plus tard, l'église des Northumbres était florissante et déjà solidement établie. Félix, dans le Wessex, Diuma, dans le royaume de Mercie, l'évêque Jaruman, dans l'Essex, et enfin saint Wilfrid, durant son exil momentané dans le Sussex, convertissent jusqu'aux peuplades les plus féroces et les plus opiniâtrément attachées à leurs superstitions païennes.

Quatre-vingts ans au plus avaient suffi pour opérer cette conversion des sept peuples de l'Heptarchie. Rome en avait été le principe; Rome en avait dirigé l'exécution; Rome allait en surveiller les développements avec une égale sollicitude. Car tout était difficulté au milieu de ces nations à demi civilisées et de ces princes si fiers de leurs droits et de leurs prérogatives. Accoutumés de voir les rois leurs ancêtres choisir à leur gré les ministres et les sacrificateurs de leur culte païen, ils ne comprennent rien aux règles de discipline de la religion nouvelle qu'ils viennent d'embrasser. Même les plus dévoués d'entre eux au christianisme portent souvent le trouble dans un clergé qui ne fait que de naître, en voulant faire prévaloir leurs caprices sur les canons et les décisions de l'Église. Offa, le puissant roi de Mercie, malgré la piété qui le distingue, et pour ne point voir les évêques de son royaume soumis à la juridiction du métropolitain d'un royaume voisin, érige de son chef le siège de Lichfield en archevêché et bouleverse ainsi tous les rapports de subordination des pasteurs entre eux. Heureusement la sagesse de Rome sut parer à tous les désordres, corriger peu à peu les abus, et développer, au sein des sept royaumes, une hiérarchie belle, forte et imposante. Un homme surtout contribua plus que tous les autres à l'achèvement de cette œuvre, et, ce fut Rome encore qui le choisit et l'envoya au milieu de l'Église Anglo-Saxonne.

Théodore, né à Tarse en Cilicie, vivait auprès du successeur de Pierre dans la pratique de toutes les vertus, quand arriva dans la capitale du monde chrétien un prêtre de la nation des Angles. Wighard, c'était son nom, venait de la part des rois de Kent et de Northumbrie, pour recevoir, avec la consécration du Pontife suprême, le titre d'archevêque de Cantorbéry. Le pape Vitalien se disposait à satisfaire aux désirs des deux monarques, quand une maladie contagieuse enlève de ce monde le vénérable candidat qu'ils lui présentent. Presque

Sa victoire

définitive.

L: pape Vita. lin nomme Thodore m ropolitain d Angleterre

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