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SOMMAIRE

DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME DES OEUVRES COMPLÈTES DE THIÉBAULT.

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NOTICE BIOGRAPHIQUE SUR THIÉBAUT,

SUPÉRIEUR DU SÉMINAIRE ET CURÉ DE STE-CROIX, A METZ,

Thiébaut, ou Thiébault, dont nous croyons utile de réimprimer les OEuvres, fut un des écrivains ecclésiastiques les plus féconds du xvir siècle. Il semble qu'il s'était imposé la tâche de laisser, aux pasteurs chargés d'instruire, un Cours complet de prônes et d'homélies sur tout ce qui peut se traiter en chaire pour l'instruction et l'édification des fidèles. Malgré ses immenses travaux, la vie de Thiébaut est peu connue; sa mémoire, il est vrai, est toujours en bénédiction dans la ville de Metz qu'il a évangélisée, et ses anciens paroissiens ne parlent qu'avec éloge de son zèle et de sa piété; mais personne ne s'est chargé de recueillir les détails d'une vie qu'on aimerait à connaître et qui n'aurait pu qu'être édifiante, si nous en jugeons d'après l'impression que font encore ses vertus si longtemps après sa mort. Nous ignorons donc l'époque et le lieu de la naissance de Thiébaut; nous ignorons les prénoms qu'il a reçus au baptême, les archives du séminaire et de l'évêché de Metz ayant été détruites pendant la tourmente révolutionnaire. Toutefois nous avons appris par les actes de la paroisse de Sainte-Croix, transférés au greffe du tribunal de première instance de Metz, qu'il devint curé titulaire de cette paroisse en 1765, vers la fin d'août.

Un vicaire général de Metz nous écrit : « J'ai moi-même beaucoup entendu parler de ce respectable prêtre (Thiébaut); j'ai vécu avec les ecclésiastiques qui l'avaient connu particulièrement; tous louaient sa science et lui reconnaissaient une capacité hors ligne. Cependant quelques personnes regrettaient qu'il eût fait concurrence à son évêque, de Montmorency-Laval, lors des élections pour les états généraux et qu'il eût eu l'avantage

sur lui. >>

La préférence que la ville de Metz a donnée à Thiébaut sur un évêque d'une famille si ancienne et si distinguée, dans des circonstances aussi importantes, est une preuve sans réplique de la haute idée qu'on avait de ses talents, de l'estime et de la confiance qu'il avait su se concilier. Cette élection est infiniment honorable à Thiébaut, parce qu'elle n'a pas été surprise par l'intrigue du moment; elle a été, au contraire, l'expression du témoi-gnage le plus éclatant rendu au mérite du vénérable prêtre par une grande cité, au milieu de laquelle il avait passé au moins trente ans de sa vie; car Thiébaut avait élé successivement professeur de théologie, supérieur du grand séminaire, et, en 1765, curé de Sainte-Croix.

Thiébaut a été à l'Assemblée nationale ce qu'il avait été pendant toute sa vie : un prêtre souverainement attaché à ses devoirs et dévoué à la défense de l'Eglise. Il siégea du côté droit et lutta de tout son pouvoir contre le schisme et l'anarchie, où il voyait se précipiter des réformateurs imprudents, qui ne craignaient pas de porter la main non-seulement sur les bases de l'édifice social, mais encore sur la constitution divine de l'Eglise. Il ne se contenta pas d'avertir du danger, par ses discours dans l'Assemblée, il publia divers écrits adressés aux représentants, essayant de les détourner de leurs pernicieux projets. C'est ainsi qu'il fit successivement imprimer l'Examen impartial de la constitution civile du clergé; Adhésion motivée à l'exposition des principes sur la constitution du clergé par les évèques-députés; Adresse aux membres honorables de l'Assemblée sur la liberté du divorce et sur le célibat clérical.

Mais Thiébaut comprit bientôt que tous les efforts étaient inutiles pour arrêter l'Assemblée et empêcher la France de tomber avec elle dans le précipice. Dès lors il n'eut plus qu'un vœu celui de retourner dans sa paroisse. Il demanda d'abord et il obtint un congé; bientôt après il se démit de ses fonctions. Il n'aspirait qu'à terminer ses jours au milieu de ses paroissiens. Mais, après son retour, il ne put faire à Metz qu'un court séjour. Il fut obligé de fuir hors de France, comme tous les prêtres fidèles à leur devoir. L'abbé Thiebaut se retira à Elsenfeld, en Allemagne, et il y est mort, à ce qu'il paraît, en 1791, quelques mois après son émigration.

11 nous reste à faire connaftre les nombreux ouvrages de Thiébaut. Outre les trois opuscules dont nous avons parlé ci-dessus, adressés aux membres de l'Assemblée nationale, il a publié 44 très-forts volumes in-12, qui, chacun, en font plus de deux ordinaires, et renferment ensemble divers cours de prones fournissant une ample matière aux prêtres qui voudront instruire solidement et méthodiquement les âmes qui leur sont confiées. Ces 44 volumes se divisent ainsi :

1° Doctrine chrétienne en forme de prônes, 6 vol. in-12; l'on conçoit assez quelle est la CEUVRES COMPL. DE THIEBAUT. 1.

1

nature de cet ouvrage. L'auteur voyant l'irréligion gagnant toutes les classes de la société, voulut, autant qu'il était en lui, y apporter remède. Le vice prend presque toujours ca source dans l'ignorance, du moins il y trouve son aliment le plus habituel. On ne connatt assez, dit Thiébaut, ni la religion, ni la sublimité de ses dogmes, ni la beauté de sa morale, ni la pureté de sa discipline, ni les sens mystérieux de ses prières et de ses cérémonies; voilà la raison primitive pour laquelle, dans notre siècle, les mœurs sont si déréglées, les cœurs si corrompus, les esprits si flottants, les offices de l'Eglise si négligés. C'est à dissiper cette ignorance que Thiébaut a consacré sa vie et ses travaux. Dans la Doctrine chrétienne il traite de la foi et des objets qu'elle nous propose; de l'espérance et des biens qu'elle promet, de la charité, des sacrements, des vices et des vertus; il fait dans ces six volumes l'office d'apôtre; car, dit-il, il faut que Paul instruise avant Apollon. Nous ne craignons pas de dire que l'auteur a parfaitement atteint son but. La doctrine chrétienne, dans ses prones, est exposée clairement, méthodiquement, pratiquement; ses développements sont appuyés d'une manière solide sur l'Ecriture et les Pères. Le style, saus être fleuri, est clair et soutenu.

2o Traité de la religion et de la dévotion en forme de prônes, 2 vol. in-12; cet ouvrage est le complément du premier. Thiébaut y venge la foi chrétienne des attaques de l'impiété; il y explique les offices et les cérémonies de l'Eglise; il y est tout à la fois apologiste et docteur.

3 Explication littérale, dogmatique et morale des quatre Evangiles, réduits en concorde, et des Actes des apôtres en forme d'homélies, 10 vol. in-12. (La première édition format 16 volumes.)

Explication littérale, dogmatique et morale de l'Ancien Testament en forme de prônes, 14 vol. in-12. L'on est actuellement si peu habitué à voir commenter, suivant l'ordre qu'occupe chaque livre dans la Bible, l'Ecriture sainte en chaire, que l'on sera peut-être tenté de regarder cette manière d'instruire les peuples comme insolite et peu praticable de notre temps, et par conséquent de ne voir qu'avec indifférence ces nombreux volumes d'homélies sur les saints livres que nous a laissés Thiébaut. D'abord nous dirons que cette méthode d'instruction a été celle des Chrysostome, des Basile, des Ambroise, des Augustin, et généralement celle des dix premiers siècles de l'Eglise. Les fidèles alors étaient au noins aussi bien instruits qu'ils le sont aujourd'hui. Ces explications historiques et morales de la Bible leur plaisaient par le récit des faits importants arrivés depuis la création du monde jusqu'à l'établissement du christianisme; elle instruisait par les maximes morales que les historiens sacrés ont su tirer du fond de leur récit; elle faisait connaître la religion, qui ne s'appuie que sur des faits; aussi Fénelon voulait-il que l'on enseignât la religion de cette manière. «Il n'y a ni art, ni science dans le monde, »> dit le grand archevêque de Cambrai dans ses Dialogues, « que les maîtres n'enseignent de suite, par méthode et par principes; il n'y a que la religion qu'on n'enseigne pas de cette manière aux fidèles. On leur donne dans l'enfance un petit catéchisme qu'ils apprennent par cœur sans en comprendre le sens, après quoi ils n'ont plus que des sermons vagues et détachés. Je voudrais qu'on enseignât aux chrétiens les premiers éléments de la religion, et qu'on les menât avec ordre aux plus hauts mystères. C'est ce que l'on faisait autrefois; on commençait par les catéchismes, après quoi les pasteurs enseignaient de suite par des homélies, l'Evangile, puis les Epitres, tout le Nouveau Testament et ensuite l'Ancien ; cela faisait des chrétiens très-instruits. »

Tel a été le but de Thiébaut, comme il le déclare lui-même dans la préface des homélies sur l'Ancien Testament; mais il en avait un second, c'était de venger la divinité des Livres saints contre cette multitude d'ennemis que l'impiété du siècle leur a suscités.

5° Nous avons encore de Thiébaut 8 volumes d'Homélies sur les épîtres et évangiles des dimanches et fêtes de l'année. Un pasteur qui prendrait pour modèle les instructions de Thiébaut et qui suivrait la méthode qu'il avait adoptée lui-même pour sa paroisse, ne tarderait pas à remarquer que ses paroissiens prendraient goût à la parole de Dieu et qu'elle fructifierait parmi eux.

DE N. THIÉBAUT

DOCTEUR EN THÉOLOGIE.

DOCTRINE CHRÉTIENNE

EN FORME DE PRONES,

OU IL EST TRAITÉ: 1° DE LA FOI ET DES OBJETS QU'ELLE NOUS PROPOSE; 2o DE L'ESPÉRANCE ET DES BIENS QU'ELLE NOUS PROMET; 3o DE LA CHARITÉ ET DES OEUVRES QU'ELLE NOUS PRESCRIT; 4o DES SACREMENTS ET DES GRACES DONT ILS SONT LES GANAUX; 50 DES PÉCHÉS ET DES PASSIONS QUI EN SONT LES SOURCES, OU DES VICES ET DES VERTUS QU'IL FAUT LEUR OPPOSER.

A SON EXCELLENCE

MONSEIGNEUR DE MONTMORENCY-LAVAL, ÉVÊQUE DE METZ.

Monseigneur,

Si la doctrine que j'expose en cet ouvrage, devait aux hommes quelque chose en quelque lieu de la terre, elle devrait en France son établissement et sa conservation à votre maison particulièrement; un coup d'œil jeté rapidement du commencement à la fin de l'histoire ecclésiastique, en convaincra tout lecteur attentif.

L'apoire des Gaules, saint Denis, vient, dans les premiers siècles de l'Eglise, exercer son ministère à Paris; il y parait au milieu d'un grand peuple encore idolâtre, à qui il annonce le saint Evangile; la doctrine du nouveau missionnaire parvient jusqu'au gentilhomme le plus qualifié de la ville, jusqu'au grand Lesbius; aussitôt ce seigneur examine le code qui lui est proposé, et y ayant remarqué des caractères certains de divinité, il le reçoit avec respect, il le publie avec zèle, il le confesse avec un courage digne des plus illustres martyrs, il meurt pour sa défense et en mourant il exhorte encore les Chrétiens persécutés à mettre leur confiance en Dieu. C'est ce que la tradition nous apprend de ce héros, tige de votre maison; et de là, Monseigneur, votre titre de premier baron chrétien; de là votre cri d'armes : Dieu aide au premier baron chrétien ; de là l'établissement de la religion chrétienne en France. Le sang de ce grand homme fut comme la semence de ces millions de Chrétiens qui, depuis cette époque, peuplerent ce royaume.

Vers le milieu du xvi• siècle, l'ivraie étouffait presque cette semence précieuse: sous Henri II, chacun le sait, la religion catholique courait le danger le plus évident de la part de Calvin et de ses sectateurs; ceux-ci, depuis quelque temps, allaient inondant la France de troupes étrangères, livrant des batailles, saccageant des villes, ravageant des provinces, portant le fer et le feu à tous les coins du royaume, sous prétexte de rétablir le pur Evangile, et dans la vérité, pour le détruire c'en était fait de la religion, si elle n'eût trouvé un protecteur puissant, le connétable de Montmorency. Il est en état de faire pencher la balance entre le parti catholique et le parti calviniste, et, sans écouter la voix ni du sang ni de l'intérêt, le voilà décidé pour le premier contre le second, dès qu'il aperçoit le péril où se trouve la foi. Une foi, une loi, un roi; c'est depuis ce moment ce qu'on lui entend crier hautement, marquant par ces paroles, que, de la perte de la foi s'ensuivrait la ruine de l'Etat, le renversement du trône. Je ne puis, dit-il encore au maréchal son fils, je ne puis demeurer neutre lorsqu'il est question de la cause de Dieu et du salut de la France; mon honneur et ma conscience ne me le permettent pas et des paroles passant aux actions, il va d'une même main abattre le parti protestant, relever le parti catholique, partout mettre en sûreté le dépôt précieux de la foi que nous professons (1).

(1) C'est au connétable de Montmorency que notre ville de Metz est relevable du bonheur de vivre sous les lois de la France; il en fit la conquête pour Henri H en 1552

Reste une chose à faire en faveur de la doctrine évangélique, et c est encore un allié de votre maison, Monseigneur, qui l'a faite; il faut apprendre au monarque l'art de commander aux hommes; 'au pasteur, la science de gouverner les âmes; au missionnaire, la méthode de parler aux peuples; à la mère de famille, la manière d'élever ses filles;... à chaque fidèle, le moyen d'allier la doctrine chrétienne avec les devoirs de son état, et de sanctifier les devoirs de son état par l'observance de cette doctrine: c'est, Monseigneur, ce qu'a fait de vive voix, ce que fera toujours par ses écrits admirables, feu votre grand oncle M. de Fénelon, le grand le plus modeste, le savant le plus humble, le prélat le plus sage, ce digne archevêque duc de Cambrai, dont la mémoire est bénie chez toutes les nations, et dont le nom seul inspire la reconnaissance, le respect, l'admiration (2).

Puissent, Monseigneur, ces sentiments acquitter l'Eglise gallicane des dettes qu'elle a contractées envers l'illustre maison de Montmorency, pour ces secours que je viens de rappeler, et pour tant d'autres que je ne rappelle pas! puissent ces sentiments, et de plus vifs encore, acquitter l'Eglise de Metz des dettes qu'elle continue à contracter envers la même maison, dans votre personne sacrée ! puissé-je moi-même m'acquitter de celles que je ne cesse de contracter envers Votre Excellence!

C'est dans cette vue, Monseigneur, que j'ai l'honneur de vous présenter cet ouvrage sur la doctrine chrétienne; il vous appartient à raison de son sujet, lequel fut toujours, et singulièrement protégé de votre maison; il vous appartient à raison de l'approbation que vous lui avez donnée, et de l'adoption que vous en avez faite pour votre diocèse; il vous appartient de plus par l'hommage que je prends la liberté de vous en faire. Je suis avec le respect le plus profond,

Monseigneur,

De Votre Excellence,

Le très-humble et très-obéissant serviteur,
THIEBAUT.

(2) De mille faits qui prouvent la vénération profonde que les étrangers même avaient pour le rare mérite de M. de Fénelon, je ne citerai que ces deux que ma mémoire me rappelle à ce moment. Les généraux autrichiens lui envoyaient des escortes et le défendaient contre leurs propres troupes, lorsqu'il visitait son diocèse.

Un Montmorency, parent de Monseigneur, on ne peut pas plus près, fut blessé à la bataille de Malplaquet, fait prisonnier et conduit à M. de Marlborough; le général anglais ne fut pas plutôt informé que son prisonnier était neveu de M. de Fénelon, qu'il le remit en équipage et l'envoya aussitôt à son oncle.

PRÉFACE

ET RÉFLEXIONS SUCCINCTES SUR LA NATURE De cet ouvrage, SUR SON UTILITÉ
SA NÉCESSITÉ, ETC.

I. La nature de cet ouvrage.. Le titre de ce cours d'instructions que je présente à la piété des fidèles, suffit seul pour faire connaître sa nature et son excellence; je l'appelle Doctrine chrétienne, c'està-dire que Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, nous a enseignée, que ses apôtres nous ont prêchée, que son Eglise nous a conservée, que ses ministres ont ordre d'inculquer à ceux qui sont appelés à l'héritage du salut, et dont tout homme doit être instruit sous. peine de damnation éternelle (3).

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catéchiste y aperçoit les premiers éléments qui entrent dans un grand catéchisme; le du dogme et de la morale, avec les réflexions pasteur y voit le fil des instructions dont il est redevable à son peuple, et le jeune ecclésiastique y trouve les preuves des articles. de foi, les règles des mœurs, les points de discipline concernant l'administration des sacrements; par conséquent toute la science qu'on lui eût demandée autrefois pour l'élever au sacerdoce et même à l'épiscopat.

En effet, dit un historien célèbre (4), dans les premiers siècles de l'Eglise, «< il n'était point nécessaire, » pour être promu à ces deux ordres sacrés, « de savoir les sciences profanes, c'est-à-dire la grammaire, la rhétorique, la dialectique, la géométrie et les autres parties des mathématiques; on nommait tout cela les études du dehors. » Celles du dedans consistaient « à lire et relire l'Ecri ture sainte, à la bien méditer pour y trouver les preuves de tous les articles de foi et

(4) Fleury, Disc. sur les six premiers siècles de l'Eglise.

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