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donner une idée suffisante? si nous ren dons des hommages si profonds aux enfants des princes de la terre, quels hommages assez profonds rendrons-nous au Fils du Roi du ciel?

lui dit l'ange, et il sera appelé le Fils du TrèsHaul: « Hic erit magnus, et Filius Altissimi vocabitur.» (Luc. 1, 32.) Quand ce divin Jésus reçoit le baptême de Jean-Baptiste sur les bords du Jourdain, du haut des cieux alors ouverts, le Père éternel fait entendre cette voix : C'est ici mon fils bien-aimé en qui j'ai mis mes complaisances. (Matth. 1, 17.) Quand ce divin Jésus demande à ses apôtres ce qu'ils disent de lui, saint Pierre, au nom de tous, fait cette confession célèbre : Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. (Matth. XVI, 16.) Quand ce divin Jésus demande à Marthe si elle croit qu'il puisse ressusciter son frère Lazare: Je le crois, répond-elle aussitôt, parce que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui êies venu en ce monde. (Joan. xi, 27.) Quand ce divin Jésus, interrogé par le grand prêtre, répond sur sa qualité, il confesse qu'il est le Christ, le Fils de Dieu. (Matth. xxvI, 63.) Jésus, Fils de Dieu, ayez pitié de moi! c'est le cri que lui adressaient les malades et les infirmes de toute espèce; n'est-ce pas, mes frères, celui de votre cœur, chaque fois que vous pronon cez ces mots : Je crois en Jésus-Christ Fils de Dieu ?

Or cette première qualité, je vous le demande, chrétiens! quelle idée ne vous donnet-elle pas déjà de la grandeúr du Messie? représentez-vous, si vous le voulez, un Moïse établi le Dieu de Pharaon, changeant les éléments, commandant à la mort, ouvrant le sein des mers; qu'était-il ce Moïse comparé à notre Jésus? ce qu'un serviteur, dit saint Paul, est dans la maison de son maître, par rapport au fils même de la maison. Hebr. i, 6.) Représentez-vous le plus sage des hommes, le plus riche des princes, le plus magnifique des rois, ce Salomon, que la reine de Saba, venue des extrémités de la terre, admirait à l'extase; je vous le dis en vérité, notre Jésus est infiniment plus grand : Major est hic. (Matth. x11, 6.) Représentezvous un Jean-Baptiste avec toute l'innocence de ses mœurs, avec toute l'austérité de sa pénitence, avec toute la fermeté inébranlable de son zèle, ce saint, au jugement de la vérité même, le plus grand des enfants des hommes par sa vertu, par une vertu qui fait douter la Synagogue s'il n'est pas le Messie; non, ce saint n'est pas même digne de délier les courroies des souliers de notre Messie; c'est l'expression sincère et favorite du saint précurseur.

Prenez un essor plus sublime encore; portez votre pensée jusqu'au ciel; voyez cette troupe d'esprits célestes qui environnent le trône de la majesté divine; quelle charité de ces séraphins! quel éclat de ces chérubins! quelle gloire de tous ces anges que l'Ecriture appelle les astres du matin! cependant notre Jésus est supérieur à ces anges, autant que le nom de fils est supérieur à celui d'anges et de ministres : Tanto melior angelis effectus, quanto differentius præ illis nomen hæreditavit. (Hebr. 1, 4.) Quelle estelle donc cette gloire, dont celle du monde, dont celle de la milice céleste ne peut nous

L'un et l'autre symbole nous enseignent, 2° que notre Messie est le Fils unique de Dieu, et c'est aussi l'expression que nous trouvons souvent dans l'Evangile (Joan. 1): c'est celle dont se servait Jésus lui-même, quand il disait à Nicodème: Dieu a tellement aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. (Joan. III, 16.) En effet, s'écrie saint Augustin observant cette parole emphatique: Dieu a tellemement aimé le monde; quel prodige de charité! Dieu de toute éternité avait un Fils unique, et ce Fils unique n'a pas voulu demeurer seul... il est venu en ce monde pour avoir plusieurs frères adoptifs, et, ce qui prouve l'excès de son amour pour ses frères, c'est qu'il a donné pour prix de leur adoption, non de l'or ou de l'argent, mais son propre sang. I n'a pas craint de les faire ses cohéritiers, continue saint Augustin, parce que son héritage n'est pas de telle nature que le nombre de ceux qui le partagent, puisse le diminuer en aucune sorte. Ils deviennent eux-mêmes son propre héritage, lorsqu'il les possède par son amour, et il est lui-même aussi leur héritage réciproquement, parce qu'en les possédant ils possèdent celui que saint Paul appelle l'héritier de toutes chose: Quem constituit hæredem universorum (Hebr. 1, 2); celui par conséquent en qui se trouve le bien souverain de l'esprit, la souveraine vérité; le souverain du coeur, la souveraine bonté; celui par conséquent en qui seul et les anges et les hommes peuvent être heureux. Quelle félicité de celui de qui émane toute félicité quelle folie donc de ces hommes qui en cherchent une autre que luimême, et que celle qu'il a promise.

Le symbole de Constantinople nous enseigne 3° que Jésus-Christ notre Messie n'est ni fait ni créé, mais engendré et né du père avant les siècles. Cette expression est aussi de l'Ecriture sainte, même de l'Ancien Testament nous y lisons ces paroles du Père éternel à son Fils: Je vous ai engendré de mon sein avant que l'aurore ne fût, c'est-àdire avant les siècles, et de toute éternité. Non-seulement nous y trouvons le dogme, mais la raison même qui sert à établir le dogme: c'est moi, dit le Seigneur, qui donne la fécondité à tous les êtres; et pourquoi donc ne pourrais-je pas engendrer mon semblable? Nunquid ego qui alios parere facio, ipse non pariam? (Isa. LXVI, 9.) Mais que dites-vous, o prophète ! et que nous signifient vos paroles?

Quand vous les entendez, reprend saint Cyrille, gardez-vous bien de penser rien de charnel, rien d'imparfait, rien de libre, rien de passager; comme Dieu est esprit, tout est spirituel en lui; comme il est parfait, tout est parfait en lui; comme il est nécessaire, sa génération n'est l'effet, ni du choix,

ni de la délibération, mais de la nécessité, quoiqu'elle existe par voie de connaissance, en ce sens que le Père se connaît; qu'en se connaissant, il se forme une image trèsressemblante et très-parfaite, une image qui est son Fils, et une personne très-distinguée de lui; autrement cette image ne serait pas infiniment parfaite. Enfin, comme Dieu est éternel, sa génération est éternelle aussi; il n'est pas un moment, s'il est permis d'en concevoir dans l'éternité, où le Père n'engendre son Fils, parce qu'il n'y en a pas un où il ne se connaisse. Rien donc qui ne soit digne de Dieu, dans cette génération ineffable, si on la considère par rapport au Père qui engendre.

J'en dis autant, si nous la considérons par rapport au Fils qui est engendré: il est (j'en conviens, et toutes ces qualités suivent de sa génération), il est la parole, le Verbe, la pensée, la sagesse, la splendeur de la gloire. du Père qui engendre; mais une parole qui ne passe point; mais un Verbe qui dure autant que son principe, mais une pensée qui subsiste toujours, mais une sagesse incréée, rais une splendeur qui, comme le dit saint Paul, a aussi le caractère de la substance : Splendor gloriæ, figura substantiæ. (Hebr. 1, 3.) Mais que disons-nous, ô Jésus! en disant de vous toutes ces choses? qui pourra expliquer votre génération? Generationem ejus quis enarrabit. (Isa. LIII, 8.) Avant qu'Abraham ne fût, vous étiez déjà, votre génération est dès le commencement, et dès les jours de l'éternité: Egressus ejus ab initio et a diebus æternitatis. (Mich. v, 2.) Votre trône, ô Dieu! est un trône éternel et vous qui l'occupez, vous n'avez ni commencement ni fin. (Hebr. 1, 8.) C'est tout ce que nous pouvons en dire avec le symbole de Constantinople.

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Ce symbole nous enseigne, 4° que JésusChrist est lumière de lumière: « Lumen de lumine.» Combien de fois la même vérité re nous est-elle pas proposée dans les divines Ecritures? saint Paul nous dit, qu'en lui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science (Col. 1, 3); saint Jean nous dit qu'il éclaire tout homme qui vient en ce monde. (Joan. 1, 9.) Jésus-Christ nous dit lui-même qu'il est la lumière du monde : Ego sum lux mundi (Joan. vi, 12): quel est donc l'éclat de son trône! que sa splendeur est donc admirable! il ne faut, mes frères, que se la représenter pour entrer dans ce sentiment d'admiration: nous admirons le soleil qui préside au jour, et les astres qui président à la nuit; eh! si le spectacle de ces flambeaux célestes nous enchante, quel sera donc l'enchantement de nos esprits, lorsque nous contemplerons Jésus le créateur de ces grands luminaires, comme parle l'Ecriture? (Gen. 1, 14.) Quand de la considération des corps nous passons à celle des esprits, et que nous examinons les opérations de l'entendement humain, l'invention des arts, leur perfection, leur multitude, leur utilité, nous admirons ces génies féconds qui ont rendu à la société civile des

services si importants: quelle sera done notre admiration lorsque nous verrons le Verbe éternel auteur de cette fécondité? Quand nous parcourons les écrits des hommes illustres, et que nous réfléchissons sur la sagacité de ce philosophe, sur la profondeur de ce théologien, sur la précision de cet historien, sur les vues supérieures de ce politique, sur l'éloquence de cet orateur,sur l'érudition de ce littérateur, tant de productions si variées, si belles, si ingénieuses nous ravissent: quel sera donc notre ravissement, lorsque nous jouirons face à face du Verbe incréé qui distribue ces talents? Quand nous ouvrons les livres des prophè tes, et que nous remarquons qu'ils ont prévu la naissance des empires, leurs progrès, leur étendue, leur décadence, et enfin leur ruine totale, plusieurs siècles avant qu'on ne pût rien conjecturer de ces grands événements, nous sommes frappés, éblouis par l'éclat de ces vives lumières qui percent ces ténèbres épaisses que forme le chaos des temps à venir; lors donc que, remontant jusqu'à la source d'où coulent ces fleuves de lumières, nous trouvons qu'ils descendent de Jésus notre Messie, quel doit donc être le doux transport de notre âme? quel serait-il, si nous comprenions cette expression de saint Paul, que tous les trésors de la sagesse et de la science des hommes sur la terre, des anges dans le ciel, sont en Jésus-Christ? que des millions de mondes plus peuplés, plus éclairés que le monde présent, n'épuiseraient jamais ces trésors? quel fond inépuisable de lumières? ce que nous en comprenons, et ce qui doit exciter notre reconnaissance envers le Verbe divin, c'est que tout ce que nous avons de connaissance dans l'ordre de la nature et de la religion, vient de lui. Ce qu'il nous est aussi très-utile d'en comprendre, c'est que cette sagesse du Père connaît nos pensées les plus secrètes; il distingue nos intentions les plus cachées; il nous voit toujours, et toujours nous devons respecter sa présence, même au milieu de la nuit. C'est la pensée salutaire que doivent nous. inspirer ces mots du symbole: Lumière de lumière.

Ce symbole nous enseigne, 5° que JésusChrist est vrai Dieu, c'est-à-dire d'une seule et même nature que Dieu son Père; vrai Dieu du vrai Dieu, c'est-à-dire qu'il a pour principe de sa personne Dieu le Père, qui, en l'engendrant lui communique la nature divine; vrai Dieu du vrai Dieu, consubstantiel à son Père, c'est-à-dire, ayant non une substance étrangère semblable à celle de son Père, mais la même substance que son Père, et c'est, quoiqu'en d'autres termes, ce que disent les divines Ecritures en différents endroits. Dans les Epîtres de saint Paul, nous lisons que Jésus-Christ né des Juifs selon la chair, est le Dieu élevé au-dessus de tout, et béni dans tous les siècles (Rom. ix, 5); qu'il est aussi véritablement revêtu de la forme divine, que de la forme humaine (Philip. n, 6); qu'il est notre grand Dieu, et notre Sauveur. (Tit. n, 10.) Saint Jean

dans une de ses Epitres nous enseigne, que le Père, le Verbe et le Saint-Esprit ne sont qu'un (I Joan. v, 7); et Jésus-Christ luimême se servant de la même expression, nous dit, que son Père et lui ne sont qu'un (Joan. x, 30), un dans la nature et l'essence, quoique distingué dans les personnes.

De là, mes frères! il s'ensuit que Jésus notre Messie a donc toutes les perfections divines, et que nous pouvons lui adresser cette louange des saints à Dieu (60) : vous êtes infiniment bon, infiniment puissant, miséricordieux et juste, présent partout, et partout invisible, aimable par votre beauté souveraine, redoutable par votre force invincible, toujours le même et toujours incompréhensible.... Vous aimez, mais sans passion; vous êtes jaloux, mais sans trouble; Vous vous repentez, mais sans vous reprocher; vous ne changez jamais, et vous faites tous les changements qui arrivent dans le monde.... vous demeurez toujours; vous êtes toujours le même, et vos années ne finiront point (Hebr. 1, 11); tout est soumis à votre pouvoir, et la mort même, cette dure, cette puissante impératrice dont l'empire s'étend depuis l'origine des siècles jusqu'à leur consommation, n'est pas soustraite à votre domaine (I Cor. xv, 26); vous êtes le Seigneur souverain de toutes choses, le nôtre en particulier.

C'est, mes frères! ce que l'un et l'autre symbole nous enseignent en sixième lieu, du Fils de Marie, et quand nous récitons ces parules: Je crois en Jésus-Christ Notre-Seigneur: nous reconnaissons en lui cet empire éternel, universel, souverain, que lui avait prédit Daniel: Potestas æterna quæ non auferetur (Dan. vII, 14), nous reconnaissons qu'il a droit de nous commander, de disposer de nous, selon son gré, de nous destiner à tel usage qu'il lui plaira, que nous sommes entre ses mains, ce qu'est l'argile entre les mains du potier; empire bien juste! droit bien légitime! les raisons suivantes peuvent vous en convaincre.

Tout, dit saint Jean, a été fait par lui, et rien n'a été fait sans lui. (Joan. 1, 3.) C'est de lui, dit saint Paul, que les choses visibles et invisibles, les trônes, les dominations, les principautés, les puissances ont reçu l'être. et l'excellence de leur être. (Col. 1, 16.) Et rous! Seigneur, s'écrie ailleurs le même apôtre, vous avez créé et affermi la terre au commencement, et les cieux sont l'ouvrage admirable de vos mains. (Hebr. 1, 10.) De ce mouvement, il suit que c'est en Jésus-Christ que nous avons la vie et le mouvement: In ipso vita erat (Joan. 1, 4); que nous somines son peuple et les ouailles de son troupeau, et qu'il est véritablement notre Seigneur, à titre de création. (Psal. XCIX, 3.) Venez donc, concluait de là le Roi-Prophète; adorons-le, prosternons-nous devant la face de ce Créateur tout-puissant; répandons des larmes de pénitence en présence de cette majesté souveraine que nous avons offen

(60) S. AUG., Conf., lib. 1.

sée Venite adoremus, etc. (Psal. XCXIV, 6.)

Un second titre qui fonde son droit de Seigneur souverain sur tous les hommes, c'est la donation que le Père éternel lui en a faite en ces termes : Demandez, lui dit-il, et je vous donnerai pour héritage les nations, et pour domaine toute l'étendue de la terre (Psal. 11, 8); puis accomplissant sa promesse dans la plénitude des.temps, et nous l'intimant au jour de son échéance, « Celui que vous écouterez, celui en qui seul vous pourrez espérer de me plaire, celui à qui vous obéirez, sous peine d'être exterminés du milieu de mon peuple. (Matth. xvII, 5; Deut. xvi, 18, 19.) Grecs et barbares 1 Juifs et gentils! voilà l'alternative qui vous est proposée comme à nous, il faut que nous vivions tous sous les lois de ce Jésus en cette vie, ou que nous vivions sous les lois de ce juge inexorable en l'autre vie; l'expérience même est une preuve sensible de cette vérité. Paraissez ici, vous membres errants d'une nation maudite de Dieu et des hommes ! dites-le-ncus, et que votre témoignage confonde ici l'incrédule; pourquoi souffrez-vous les peines de l'exil, de la servitude, de l'opprobre, depuis tant de siècles? vous avez refusé d'écouter ce Prophète que Moïse vous avait ordonné d'entendre; soyez sincères, et vous nous avouerez que ce refus est la raison de cetle vengeance qui vous poursuit depuis si longtemps. Je vous adore, ô providence de mon Dieu! et je vous remercie d'avoir placé devant mes yeux un monument si frappant de votre justice; faites que j'en profite, et que, comprenant de là la nécessité d'écouter Jésus-Christ, jamais sa voix n'éprouve de résistance de ma part.

VOS

Un troisième titre qui nous oblige à ce dévouement total, c'est la donation libre et volontaire que nous avons faite de nous à JésusChrist, dans notre baptême. Je renonce à Satan, y avons-nous dit; je renonce à ses pompes et à ses œuvres; je me consacre à vous, Seigneur Jésus! je vous prends pour mon maître, je m'attache pour toujours à votre service; votre Evangile sera ma loi, exemples seront ma règle. Allez, lisez les archives de cette Eglise qui vous enfanta à Jésus-Christ, vous y trouverez encore cette donation subsistante; vous trouverez de plus. qu'elle est revêtue des formalités les plus. solennelles, qu'elle a été faite en présence des anges, et que les ministres de JésusChrist l'ont acceptée, à son nom adorable. Après l'avoir lué, après en avoir examiné les conditions, cserez-vous la révoquer ? seraitil jamais un motif assez puissant sur vous pour vous y engager? à qui donc voudriezVous appartenir, en quittaat ce maître?

Vous rougissez, pécheur, et cette question fait revivre en vous les reproches que cent fois votre conscience vous à faits inútilement oui, c'est au démon même que vous avez voulu appartenir en abandonnant Jésus-Christ. Plus lâche ou plus hardi que Pilate qui mettait Barabbas en parallèle avec

Jésus, vous l'avez comparé au démon même; vous avez délibéré lequel de ces deux maitres vous choisiriez, et vous vous êtes décidé pour ce dernier; se conçoit-il un mépris plus injurieux? vous, médisants! vous, ambitieux vous, intempérants! vous tous qui êtes coupables de ce mépris audacieux, par cela même que vous avez péché, pouvezvous soutenir ici l'idée d'une telle préférence? Qu'a donc fait à votre égard ce Jésus dont vous laissez l'étendard, pour combattre sous celui de son ennemi?

Vous le savez, mes frères, et la suite du symbole vous fera encore mieux connaître ce quatrième titre qui établit le domaine de Jésus-Christ sur vous; il s'est donné pour Vous racheter, et afin que vous lui appartinssiez, non-seulement à titre de création et de donation, mais aussi à titre de rachat. C'est pour cela même, disait saint Paul, qu'il est mort et qu'il est ressuscité; c'est pour acquérir un domaine universel sur les vivants et sur les morts: « In hoc enim Christus mortuus est et resurrexit, ut et mortuorum et vivorum dominetur.» (Rom. XIV, 9.) Or, de ce principe, mes frères, combien de conséquences s'en suivent?

Il s'ensuit que, soit que nous vivions, c'est pour le Seigneur que nous devons vivre; soit que nous mourriors, c'est pour le Seigneur que nous devons mourir, puisque, vifs ou morts, nous lui appartenons. Il s'ensuit que nous ne devons disposer ni de notre santé, ni de notre temps, ni de notre fortune, de rien en un mot, que conformément à la volonté de Jésus-Christ; il s'ensuit que nous devons régler nos actions, nos paroles, nos pensées sur cette même volonté, qui nous est manifestée dans l'Evangile. Il s'ensuit que nous ne devons ni choisir un état, ni former un dessein, ni rien entreprendre, qu'auparavant nous ne nous soyons assurés que Jé-· sus-Christ nous veut dans cet état, qu'il approuve ce dessein, qu'il bénira cette entreprise. Il s'ensuit qu'un sujet, un enfant, tout inférieur doit être soumis à ceux qui le gouvernent, comme à Jésus-même, parce qu'à parler exactement, il n'y a de maître que lui: Magister vester unus est Christus. (Matth. x, 8.) Il est le seul maître, le seul Seigneur, le Roi des rois; c'est lui qui affermit les trônes et qui les renverse; c'est lui qui donne les sceptres et qui les brise; c'est lui qui distribue les couronnes et qu les enlève sans avoir besoin du secours des hommes. Cette pierre coupée sans main se détache de la montagne; elle va, et de son choc elle brise, elle réduit en poudre la statue d'or, d'argent, d'airain et de fer. (Dan. 11, 34.) Parlons sans figure : Jésus, descendu des montagnes saintes, paraît sur la terre, et de son souffle il détruit les monarchies puissantes que ces métaux de la statue figuraient. On ne sait pas encore en Judée qu'il y est né, et déjà l'Orient est ébranlé; ses rois sont sur la route qui conduit à Jérusalem, pour savoir de ses prêtres où est né le roi des Juifs et pour l'adorer. Quel pouvoir de cet enfant, à qui les mages, les philosophes, les

princes des gentils se hâtent de faire hommage jusque dans une crèche!

Ainsi, mes frères, l'avaient prédit les prophètes, et, selon leurs oracles, les îles, les rois de Tharse, ceux d'Arabie, ceux de Sala devaient lui offrir leurs présents comme à leur souverain, tous les rois devaient l'adorer; tous devaient mettre leurs couronnes à ses pieds, tous devaient avoner le néant de leur grandeur, en présence de sa majesté; tous devaient lui crier au roi immortel et invisible des siècles, à Jésus seul, lout honneur et toute gloire; tous le devaient, et tous ceux qui ne font pas volontairement ces actes d'adoration dans cette vie, seront forcés de les faire dans l'autre.

Faisons-les donc du fond de notre cœur, aujourd'hui, mes frères, et pour fruit principal de ce discours, où nous avons vu la gloire de Jésus Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité, demandons lui de nous communiquer abondamment de l'un et de l'autre; offrons-lui l'encens de nos prières comme au vrai Dieu du vrai Dieu, présentons-lui l'or de notre charité comme à notre Roi et à notre Seigneur souverain.

Eh! qui pourrait ne point vous aimer, ô vous le plus beau, le plus aimable des enfants des hommes ! oui, je vous aime, et je veux uniquement vous aimer toute ma vie, afin de continuer à vous aimer pendant les siècles des siècles. Amen.

INSTRUCTION X.

SUR LA FOI.

Explication de ces paroles du troisième article du Symbole : Qui a été conçu du SaintEsprit. Abaissement de Jésus-Christ dans le sein de sa mère.

Verbum caro factum est, et habitavit in nobis. (Joan, 1, 14,)

Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous.

En d'autres termes, c'est ce que nous disons en récitant ces paroles du troisième article: Je crois en Jésus-Christ son Fils unique... qui a été conçu du Saint-Esprit, est ne de la Vierge Marie et c'est, quand on l'analyse bien, ce qui nous fait connaître les vérités principales du mystère de l'incarnȧtion. Le Verbe s'est fait chair, le Fils unique de Dieu a été conçu; il n'y a donc qu'une seule personne en Jésus-Christ premier dogme que je trouve exprimé dans ces paro

les. Voici la raison dont se servent les théologiens pour l'expliquer : c'est, nous disentils, que ce qui meut, ce qui régit, ce qui possède, a seul la qualité de personne. Ór, en Jésus-Christ il n'y a que le Verbe qui meut, qui régit et qui possède la nature humaine. Par conséquent il n'y a en lui qu'une personne. Ainsi l'a décidé le concile d'Ephèse contre Nestorius.

Le Verbe s'est fait chair, le Fils unique de Dieu a été conçu; il a pris un corps et une âme comme les nôtres; un corps assujetti à la faim, à la soif, à la fatigue, à la mort, etc., comme les nôtres; une âme su

jette à la tristesse, à l'ennui, à la douleur, etc., comme les nôtres : second dogme que je trouve aussi exprimé dans ces paroles. La raison que les théologiens nous en donnent, c'est que le Verbe a pris de l'homme tout ce qu'il a racheté dans l'homme : il a racheté le corps et l'âme, par conséquent il a pris un corps et une âme comme les nôtres, avec cette différence que le corps de Jésus-Christ n'était sujet à aucune révolte intérieure et volontaire, et que son âme était sans ignorance, sans concupiscence, sans péché.

Le Verbe s'est fait chair, le Fils unique de Dieu a été conçu. Il y a donc en lui deux natures, chacune ayant ses facultés et ses opérations distinctes, l'une divine et l'autre humaine; la nature divine que ses miracles ont fait connaître, la nature humaine que ses souffrances ont démontrée la nature divine par laquelle il a guéri les malades, calmé les tempêtes, ressuscité les morts; et la nature humaine par laquelle il buvait, il mangeait, il dormait, il mourait."

Le Verbe s'est fait chair, le Fils unique de Dieu a été conçu du Saint-Esprit, il est né de la vierge Marie. Comme homme, Jésus-Christ n'a donc point de père, il n'a qu'une mère. Cette mère auguste est donc Marie, toujours vierge; ce sont là les dogmes principaux que contient le troisième article du symbole, celui dont je vais vous entretenir.

Ce que saint Paul dit du monde en général, qu'il n'a pas connu Dieu par la sagesse de ses œuvres (1 Cor. 1, 21 et seq.), n'est peutêtre que trop vrai de vous en particulier; je vous ai présenté le tableau de l'univers; je vous ai fait observer la beauté de ses traits, j'ai tâché de vous rendre comme sensibles toutes les perfections de la Divinité; ou la trouverai-je parmi vous cette vive conviction qui rend présentes les perfections divines? puis donc que vous n'avez pas suffisamment connu l'Etre suprême par sa sagesse, je vais vous le faire connaître par la folie apparente de l'incarnation et de la naissance du Verbe éternel, lesquelles seront le sujet de cet entretien.

Les grandeurs de la Divinité, démontrées par les abaissements de Jésus-Christ, seront le fruit que j'en tirerai, je l'espère. Donnezlui votre attention.

PREMIÈRE- PArtie.

Dans le plus infortuné des jours, et lorsque Dieu offensé chassait nos parents du jardin des délices, vous entendites ce Juge tempérer son arrêt formidable, de la plus grande des miséricordes: Je mettrai, dit-il au serpent, je mettrai une inimitié éternelle entre toi et la femme, entre ta race et la sienne; elle l'écrasera la tête, et tu mordras son talon. (Gen. 1, 15.) Vous vites en ces paroles la promesse d'un Sauveur qui renverserait l'empire de Satan, et vous pensiez peut-être que l'effet suivrait de près; mais que les pensées des hommes sont au-des

sous des pensées de Dieu! Hommes! il fallait que vous sussiez estimer la grandeur du bienfait; par conséquent vous deviez longtemps soupirer après : il fallait que vous fussiez pleinement convaincu de votre misère; par conséquent vous deviez la sentir longtemps: il fallait que vous comprissiez que la seule grâce de Jésus-Christ pouvait vous délivrer de ce corps de mort; par conséquent vous deviez vivre longtemps sous la loi de la nature, puis sous la loi mosaïque. Sans entrer plus avant dans le conseil de Dieu, voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles l'incarnation du Verbe a été différée pendant quatre mille ans, et voilà le long intervalle de temps que je franchis dans ce cours d'instructions, sans vous parler des différents âges du monde, ni des événements mémorables qu'ils renferment (60*).

Lors donc que ce grand nombre de siècles fut écoulé, et que la plénitude des temps, des figures et des prophéties fut arrivée, un ange, dit saint Luc, fut envoyé à une viergo inconnue au monde, il est vrai, mais spectacle de vertus aux anges même : Je vous salue, dit l'envoyé céleste à cette digne fille de la maison de David; je vous salue, ô pleine de grâces! le Seigneur est avec vous; vous étes bénie entre toutes les femmes : « Bcnedicta tu in mulieribus. » (Luc. 1, 28.) A ce salut, écoutez, vierges de Jésus-Christ, et considérez ces traits du modèle qui vous est proposé, afin de les exprimer dans votre conduite; à ce salut, Marie craint; elle tremble, elle est troublée: trop humble pour penser qu'un messager du ciel lui soit député, sachant d'ailleurs qu'un ange de ténèbres peut se transformer en ange de lumière, elle examine, elle réfléchit quel peut être ce salut: Cogitabat qualis esset isia salutatio. (Luc. 1, 29.) Ne craignez pas, lui ajouta aussitôt l'ange pour la rassurer; vous n'avez ici ni artifice à soupçonner, ni embûche à appréhender : rappelez-vous cette prophétie célèbre d'Isaïe : Voilà qu'une vierge concevra, et mettra au monde un Enfant-Dieu avec nous. (Isa. vi, 14.) C'est vous-même qu'elle regarde; c'est en vous qu'elle doit avoir son accomplissement. Vous concevrez done; et comprenez, pour accélérer votre consentement, combien grand sera le Fils que vous mettrez au monde. Il s'asseoira sur le trône de David, son père; il commandera à toute la maison de Jacob; son règne durera dans les siècles des siècles; il sera appelé le Fils du Très-Hadt. O poids immense de gloire, celui qui vous est destiné!

Mais, ajouterai-je, o amour incomparable de la virginité! Marie en fait vou, et elle est résolue à le garder au prix de tout. Comment donc ce mystère s'accomplira-t-il, demandet-elle aussitôt, puisque je ne connais, ni ne puis connaître d'homme? Quomodo fiet istud, quoniam virum non cognosco? (Luc. 1, 34.) Oui, si le Seigneur me laisse la liberté du choix, la maternité divine d'un côté, la vir

(60) Je le ferai, Dieu aidant, en vous expliquant l'Ancien Testament.

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