des siècles, que les nations n'auraient jamais pu croire pouvoir arriver, mais que son amour avait préparé une puissance rénovatrice qui devait ouvrir à l'homme, non pas aux Juifs seulement mais aussi parmi les Gentils, la voie du Ciel; le faire entrer dans l'économie des choses spirituelles; et l'établir avec des goûts nouveaux en même temps que des destinées nouvelles : le sevrant déjà dès cette vie des choses matérielles du monde, et l'identifiant avec les choses spirituelles; le faisant marcher comme Citoyen du Ciel.

CHRIST est devenu le Roi de Gloire pour le genre humain, le chef de l'économie spirituelle, le conducteur de notre délivrance, et du salut : ayant pris sur soi, et éteint en sa propre personne les péchés de son peuple, de tous ceux qui avec repentance et avec foi regardent vers lui contemplent le sacrifice que son amour l'a porté à faire; et, abandonnant toutes leurs propres œuvres, tous leurs propres mérites, veulent se reposer entièrement sur les mérites ineffables de cette expiation; comme pécheurs, rebelles et indignes de la faveur de Dieu, qui néanmoins daigne les recevoir ainsi en Christ.

II. Mais qui est celui qui vient annoncer ces

desseins de Dieu aux populations aussi avancées dans la civilisation que les Corinthiens, les Thessaloniciens, les Éphésiens? C'est Paul, qui citoyen romain, par droit de naissance, ayant à sa portée tous les honneurs attachés à cette dignité, les quitte tous pour être persécuté, souffrant, Apôtre d'un maître crucifié. C'est Paul, le ci-devant « blasphémateur, persécuteur, et homme violent; » mais qui ayant maintenant obtenu miséricorde, est devenu l'indomptable champion de cette même foi qu'il s'efforçait auparavant de détruire.

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Et cela parce que la volonté de Dieu s'était manifestée à son égard. Lorsque la présence glorieuse du Christ l'eût arrêté dans sa carrière criminelle sous les murs d'Antioche, le Seigneur dit à Ananias: - « Cet homme est un instrument que j'ai choisi pour porter mon nom devant les Gentils, devant les Rois, et devant les enfants d'Israël. »(Actes IX, 15.) Etmaintenant séparé pour l'œuvre à laquelle le Saint-Esprit l'avait appelé, avec prière et jeûne et imposition des mains, saint Paul ne vient pas en son propre nom, ni par sa propre force, ni de sa propre autorité; — celui qui vous fait cette haute annonce, dit l'Apôtre, est « prisonnier pour vous Gentils. » Il

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était en effet prisonnier à Rome lorsqu'il écrivait. « Car,» ajoute-t-il, « vous avez sans doute appris quelle est la dispensation de la grâce de Dieu qui m'a été donnée pour vous. » En d'autres termes : vous avez compris comment il peut se faire que ce soit par l'homme que Dieu fait annoncer ces choses merveilleuses; comment il met la grâce dans leur cœur ; et y place aussi sa lumière pour discerner les choses spirituelles, et avoir part au royaume céleste. C'est ce qu'il a daigné faire pour moi, dit l'Apôtre, qui suis le moindre de tous les saints, afin que je proclame la richesse des biens spirituels; le trésor incompréhensible que nous possédons lorsque Christ est formé dans notre cœur, Lui qui est l'espérance de la gloire....

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Il est intéressant de rapprocher l'expression, « moi, le moindre de tous les saints, » que nous trouvons dans ce passage; avec cette autre, « le premier des pécheurs, » qui se trouve dans sa Ire Épître à Timothée : « Cette parole est certaine, et digne d'être reçue avec une entière croyance; c'est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier » (I, 15.); ce qui montre qu'à la clarté de l'esprit de Dieu, il avait connu la plaie de son cœur et l'efficace du sacrifice qui en fait

la guérison, il avait connu que « le sang de Jésus-Christ purifie de tout péché : » il avait connu « et l'efficace de sa résurrection et la communication de ses souffrances; » ou comme il s'écrie lui-même : " j'ai obtenu miséricorde, afin que Jésus-Christ fit voir, en moi le premier, une parfaite clémence, pour servir de modèle à ceux qui croiront en Lui pour avoir la vie éternelle » (v. 16); et désormais il était content de ne prêcher et de ne connaître autre chose que «Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié. >>

III. Mais, en faveur de qui ce grand, cet immense dessein, « qui n'avait point été déclaré aux enfants des hommes dans les temps passés,» était-il maintenant révélé ?

C'était aux Gentils; à ces nations autres que la nation Israélite, qui adoraient le bois et la pierre, qui avaient imaginé des fables, déplorables corruptions des traditions du vrai Dieu. Ils marchaient dans les ténèbres de leurs propres lois humaines, sans clarté d'en haut: mais ils devaient participer à la lumière qui avait brillé dans le monde.

Ce ne fut que lentement et comme difficilement que les premiers disciples de la nation Judaïque se pénétrèrent du dessein de Dieu en

faveur des Gentils. Il fallut une révélation spéciale à Pierre, avec l'exemple de toute la famille de Corneille, centenier romain (actes X, 45). « Et tous les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre, furent étonnés de ce que le don du SaintEsprit était aussi répandu sur les Gentils. » — « Alors Pierre prit la parole, et dit : Quelqu'un pourrait-il empêcher qu'on ne baptise ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ?» (v. 47) Et au sujet de ces deux Apôtres envoyés aux Gentils et revenant de leur tournée, il est dit (ch. XV, v. 12): « Alors toute l'assemblée se tut, et ils écoutaient Barnabas et Paul qui leur racontaient quels miracles et quelles merveilles Dieu avait faits par eux, parmi les Gentils. »

AINSI s'accomplit d'une manière éclatante le propos arrêté de Dieu depuis le commencement des siècles; « que les Gentils seraient cohéritiers: » Il n'y a plus de distinction entre Juif et Gentil; Christ les ayant « réconciliés les uns et les autres avec Dieu par sa Croix pour ne faire qu'un seul corps, »-le mur de séparation étant abattu; tellement que tous ceux qui croient et qui ont cru autrefois parmi les Gentils, sont devenus membres de l'Église du Dieu vivant, membres du corps mystique (ou spirituel) de Christ duquel le chef est au Ciel (Note A).