SERMON VI. CUTLE EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ. « Le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le Père demande de tels adorateurs. -Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité. » (ÉVANG. SELON SAINT-JEAN, ch. IV, v. 23 et 24.) Nous avons parlé Dimanche dernier de la Cause de Dieu dans le monde, des Ennemis qui la combattent, et du Soutien qu'elle doit obtenir de la part de chaque croyant. La Cause de Dieu est représentée sur la terre par l'Église, nommée Militante, parce que c'est elle qui lutte avec tous les ennemis de Dieu, c'est elle qui soutient le combat contre les puissances du mal qu'il y a dans le monde. Le Fils de Dieu se l'est acquise «de toute tribu, de toute langue, et de toute nation » (Apocal. V, 9): et quiconque a cru au Salut de Dieu, à la bonne nouvelle de pardon et de paix; quiconque a reçu le Sauveur par la Foi, et a été baptisé, fait partie de cette Église : il a un intérêt en cette Cause de Dieu comme étant la sienne; pour l'honneur de Jéhovah, le bonheur de ses semblables, et le sien propre. ་ Voilà donc l'Église de Christ, la phalange à laquelle appartient le croyant, dont le soldat du Christ fait partie. Voilà quelle est cette « Église de Dieu, sa Famille, » pour laquelle nous avons prié dans la Collecte de ce jour, qu'il lui plaise de la maintenir dans la « vraie Religion, » afin qu'elle soit l'objet de ses faveurs et l'un des principaux traits dans l'existence de cette Église est celui qui nous est présenté dans le texte : c'est qu'elle rende à Dieu un Culte en esprit et en vérité. Nous trouvons ici désigné le service que l'assemblée d'adorateurs doit rendre à Dieu, non moins que la pierre de touche pour les dispositions de chaque croyant individuellement. Guidés donc par l'objet évident de ces paroles de JésusChrist, nous allons examiner d'abord : I. Les Caractères essentiels de ce Culte; II. Nous remarquerons plus particulièrement l'unité, l'homogénéité qu'ils supposent. Ensuite: III. Quelques-unes des conséquences qui s'y attachent et qui en découlent naturellement. Puisse l'Esprit Saint de Dieu, qui peut seul conduire en toute Vérité, occuper nos âmes tellement que nous parvenions à connaître Sa Volonté, et à la faire. Ainsi soit-il. I. << Mais le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le Père demande de tels adorateurs. »> Ces paroles se trouvent dans le récit de l'entretien qu'eut le Sauveur avec la fèmme Samaritaine au puits de Sychar; entretien bien connu, mais dont l'importance ne saurait trop être rehaussée. Avec une condescendance qui est admirable à nos yeux, Jésus s'entretenait avec une personne dont les besoins paraissent avoir été bien grands! «Il fallait, est-il dit, qu'il passât par la Samarie; » et il le fallait, afin que cette pauvre âme reçût le rafraîchissement, la lumière dont elle avait besoin. Jésus l'entretint de cette vie spirituelle, de cette existence céleste qui est en Lui; qui découle de Lui, et que le Sauveur assimile ici, (empruntant une figure de la circonstance où ils se trouvaient placés) à « une source d'eau jaillissante jusqu'à la vie éternelle. »> C'est alors que par une progression d'idées, une transition toute naturelle, cette femme demande touchant la forme extérieure, la manifestation des croyances; le culte qu'il faut rendre à Dieu, durant cette vie mortelle : — « La femme lui dit: Seigneur, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous dites vous autres que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » (v. 20.) Sa pensée se bornant à ce qu'elle connaissait, et aux ordonnances de la loi cérémoniale, elle s'empresse d'interroger à Celui qu'elle considère comme étant capable de l'instruire sur une chose qui présentait quelque difficulté à son esprit. Sa demande est relative à la séparation qui existait entre le culte des Juifs et celui des Samaritains; ce dernier, corrompu, dégénéré, mélangé avec les superstitions des infidèles qui avaient été établis dans la Judée pendant la captivité,, et qui avait pour principal siége la montagne de Garizim à Samarie. Cette séparation du culte Mosaïque, et l'abandon de la montagne de Sion, étaient une source constante d'aversion et d'animosité entre les Juifs et les Samaritains. C'est ceci qui rend la circonstance du discours du Sauveur avec la Samaritaine plus remarquable; c'est aussi ce qui fournit le trait saillant et le contraste qui existe dans la Parabole du Bon Samaritain et de l'homme qui tomba entre les mains des voleurs. Elle s'informe selon l'état de ses connaissances; elle Lui soumet ses doutes; comme si elle désirait sortir de cet état de choses inférieur, dégénéré. L'on dirait que c'est une avance qu'elle fait, soutenu par la puissance de l'Esprit du Sauveur, là présent avec elle. C'est alors que le Sauveur l'élève à la connaissance du Vrai Dieu, et du Culte qu'il réclame de vous; lui représentant qu'elle avait bien les traditions, mais sans la connaissance : « Vous adorez ce que vous ne connaissez point; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons; car le salut vient des Juifs. » Cette femme avait la connaissance de ce qui était exigé sous l'Ancienne Loi; mais Jésus lui expose les conditions de la Nouvelle |