Obrazy na stronie
PDF
ePub

entrecoupés; ils courent très-vite. Leur vol, | Barlaam furent anathématisées, et le dogme de la lumière éternelle incréée du mont Thabor fut déclaré article de foi. Alors ce moine se réfugia dans le royaume de Naples, où Pétrarque, son ami et son élève, obtint pour lui le petit évêché de Gierace, dans la Calabre ultérieure. Barlaam, après avoir écrit tour à tour, suivant les circonstances, pour et contre l'Église romaine, lui conconsacra alors sa plume jusqu'à sa mort, dont on ne connaît pas la date précise. Aujourd'hui les nombreux écrits de Barlaam sont presque tous oubliés; mais ce fut ce moine calabrais qui, le premier, fit renaître en Italie les études de l'antiquité grecque. Pétrarque et Boccace avouent lui devoir leurs connaissances en grec. Voir Basnage, dans Canisii antiquæ lectiones, t. IV, p. 363-368.

assez rapide d'abord, se ralentit bientôt et parait même assez lourd et difficile : ils tiennent | leurs longues pattes étendues sous la queue, afin de remplacer celle-ci dont les rectrices sont extrêmement courtes. Dans les contrées où ils pondent, on trouve leur nid dans les hautes herbes riveraines, contenant trois ou quatre œufs assez arrondis.

DR..Z. BARIGEL OU BARISEL, en italien barigello, est le nom que l'on donne à Rome à l'officier ou au chef des archers, dont le soin est de veiller à la | sûreté publique.

BARIUM. Nom donné par les chimistes, au métal de la barite, qu'ils ont obtenu dégagé de sa combinaison naturelle avec l'oxygène, par le moyen d'une forte pile voltaïque en activité. L'affinité de ce métal pour l'oxygène est si forte et si prompte qu'à peine a-t-on eu le temps d'examiner ses propriétés physiques. On a pu seulement s'assurer qu'il est solide à la tempé- | rature ordinaire, d'un éclat semblable à celui de l'argent; il est plus pesant que l'acide sulfurique. DR..Z.

BARLAAM, moine du xive siècle, naquit à Seminaria ou Seminara, dans la Calabre ultérieure. Il fut élevé dans la religion grecque et entra dans l'ordre de Saint-Basile. Ennuyé, à ce qu'il paraît, de la vie monastique, il se rendit vers 1327 à Constantinople. Après avoir étudié à fond la littérature, la philosophie et la théologie grecques, il sut, par ses talents, gagner l'affection de l'empereur Andronic Paléologue le Jeune qui, après l'avoir nommé abbé en 1331, le députa secrètement vers le pape Benoît XII, à Avignon, en 1559, à l'effet d'opérer la réunion| des deux Églises. Mais malgré toute l'habileté que le moine déploya, malgré les instructions insidieuses tracées, à ce que l'on croit, par la main habile du grand domestique J. Cantacuzène, la négociation échoua complétement. Barlaam retourna en Grèce, et visita les monastères du mont Athos. Là il étudia les doctrines des moines Hesychastes, qu'il tourna en ridicule; et, revenu à Constantinople, il accusa ces moines comme imposteurs et comme hérétiques. Un synode fut assemblé à Constantinople en 1541: on s'y livra à de grandes discussions sur la nature de la lumière incréée dont Jésus-Christ avait été environné sur le Thabor : Barlaam fut condamné comme ennemi de l'Église grecque; mais cette décision ne put fermer la bouche au moine récalcitrant. Un second synode fut assemblé en 1551 et présidé par les deux empereurs Jean Cantacuzène et Jean Paléologue; les erreurs de

|

Le martyrologe de l'Église romaine, du 27 novembre, nous a conservé la mémoire d'un autre Barlaam, qui convertit au christianisme le jeune prince Josaphat, fils d'un roi de l'Inde. L'histoire doit être rapportée au 111o ou au ive siècle. Cette conversion est racontée avec de grands développements dans un roman grec qu'une ancienne tradition attribue à saint Jean Damascène, mais dont, suivant les manuscrits, un moine Jean, du monastère Saba, serait l'auteur. Quoi qu'il en soit, cette histoire de Barlaam et Josaphat, premier roman spirituel, est un des livres les plus curieux qui existent. Le moyen âge sut apprécier cette belle apologie de la vie contemplative et solitaire, déduite dans de nombreuses et profondes paraboles. Une ancienne traduction latine circula de bonne heure, fut imprimée plusieurs fois, et beaucoup d'auteurs en firent de nombreux extraits. Aussitôt après l'invention de l'imprimerie, ce roman fut traduit dans presque toutes les langues. Le texte grec original a été enfin publié en entier, d'après deux bons manuscrits de la bibliothèque royale de Paris, par M. Boissonade, dans le 4e vol. de ses Anecdota græca, Paris, 1832. ENC. DES gens du monde.

BARLOW (JOEL), poëte et diplomate américain, né à Reading dans le Connecticut, vers 1755. Sous Washington il prit part à la guerre de là délivrance et écrivit des chants nationaux (American Poems, en 1778). A la paix de 1783 il quitta la place d'aumônier de régiment, qu'il occupait depuis quelques années, et se fit libraire à Hartford, puis avocat. Dans cette dernière profession, un peu improvisée comme les précédentes, il n'eut pas de grands succès, et partit en 1788 pour l'Angleterre et la France, comme agent de la compagnie de l'Ohio. A Paris il assista à l'ouverture du grand drame de la révo

lution et se lia surtout avec les girondins. En | premier calife abasside; son influence ne dimi1791 il publia à Londres uu Avis aux classes nua point sous les règnes d'Al-Mansour et d'Elprivilégiées; en 1792 un petit poëme, la Conspi- | Mahdi. Ce dernier remit entre les mains de Kharations des rois. Cette même année il adressa | led l'éducation de son fils, qui devint si célèbre une lettre à la Convention nationale, pour l'en- sous le nom d'Haroun-al-Rachid. Yahia, fils de gager à abolir le pouvoir royal, et porta lui- | Khaled, réunit, selon les historiens orientaux, même à cette assemblée une adresse des républi- | les vertus les plus éclatantes et rendit les plus cains anglais; aussi la Convention lui décerna- éminents services au calife Haroun, qui le nomma t-elle le titre de citoyen français. Lors de la son vizir à son avénement, l'an 786 de J. C. Égamission de l'abbé Grégoire dans la Savoie nou- lement habile dans l'administration civile et dans vellement conquise, Barlow suivit son ami et tout ce qui tient à l'art militaire, brillant surtout adressa de Chambéry une proclamation aux par une libéralité héréditaire dans sa famille et Piémontais, pour les sommer d'en finir avec qui était passée en proverbe parmi les Arabes, « cet homme de Turin, qui se dit leur roi. >> Yahia eut la plus grande part à la prospérité du Puis il fixa pendant trois ans sa résidence à règne d'Haroun-al-Rachid. Ce prince lui donnait Paris, spéculant sur les assignats, et observateur le titre de père. Fadhl, frère de lait de Haroun de tous les mouvements politiques, jusqu'à sa et l'un des quatre fils d'Yahia, non moins génomination de consul américain à Alger et à néreux que lui, devait épouser la fille du kan Tripoli. En cette qualité, il négocia avec les deys des Khazars; mais cette princesse mourut en 788, un traité fort avantageux pour sa patrie. En au moment où elle venait rejoindre son époux; 1797 il revint à Paris, s'adonnant de nouveau on répandit le bruit que celui-ci l'avait fait emaux spéculations commerciales, et publia en poisonner. Le kan irrité envahit, quelques an1800 une brochure sur le système commercial nées après, les provinces de Chirvan et de Ganddes États-Unis à l'égard de l'Angleterre et de la jah. Fadhl fit rentrer dans le devoir un prince France. En 1805, il retourna dans les États-Unis | Alide révolté contre Haroun, lui sauva la vie et s'établit à Washington. Là, dans ses loisirs, il malgré le calife, et fut aidé dans cette circonprépara une magnifique édition de sa Colom-stance par son frère puîné Djâfar, le favori du biade, qui avait paru déjà en 1787, sous le titre de Vision de Colomb, poëme où le récit est noyé dans des déclamations philosophiques et politiques. Ce poëme fut imprimé à Philadelphie en 1807 et à Londres en 1809, in-8°. En 1811, Barlow fut nommé ministre plénipotentiaire en France. Appelé au mois d'octobre 1812 par le duc de Bassano à Vilna, il tomba malade en route et mourut dans un misérable village près de Cracovie. Les ouvrages en prose de Barlow portent l'empreinte d'un esprit énergique; ses opi-vorisant l'évasion du prince Alide son ennemi : nions sont hardies, mais les vues d'ensemble y manquent; on n'y rencontre point ce jugement mûr et solide que réclament les spéculations politiques et morales. Outre les œuvres poétiques déjà citées, on peut mentionner encore un poëme burlesque, Hasty Pudding, composé pendant son séjour en Savoie. Comme homme, Barlow présentait cette dignité grave et fière, type commun des citoyens des États-Unis. L. SPACH.

[blocks in formation]

maître.

La fortune des Barmécides, arrivée au plus haut période en dix-sept années, devait bientôt s'écrouler. On les accusait de n'être attachés qu'en apparence à la foi de Mahomet, et de rester secrètement fidèles aux antiques croyances de leur patrie; on fit au calife un épouvantail de leur crédit et de l'influence dont ils jouissaient sur les peuples. Djâfar (le Giâfar des Mille et une Nuits) avait mécontenté Haroun en fa

Haroun résolut la perte de son favori et de toute sa maison. Cependant, les historiens orientaux attribuent à un motif moins probable, mais plus romanesque, la ruine des Barmécides.

Abbassa, sœur du calife, lui était aussi chère que Djâfar: afin de pouvoir jouir en même temps de leur présence et de leur entretien, il fit épouser sa sœur à son favori, mais il exigea que celui-ci jurât de ne jamais user des droits du mariage. Djâfar tint longtemps sa promesse; mais un jour Abbassa écrivit à son époux des vers où elle peignait en traits de feu un amour que le malheureux Barmécide ne partageait que trop; le terrible serment fut oublié, et Abbassa eut un fils qui fut secrètement élevé. Le calife sut tout: il fit, en 803, trancher la tête à Djâfar avec des circonstances qui certes ne doivent point confir

mer à Haroun le titre de juste (al-Rachid) que l'histoire a attaché à son nom. Dans toute l'étendue de l'empire, les Barmécides furent arrêtés et on confisqua leurs biens; une seule branche de leur famille fut exempte de ce désastre. La veuve de Djâfar, ignominieusement chassée du palais, mourut dans la misère; le malheureux fruit de son amour fut précipité dans un puits que le 'calife fit combler aussitôt.

verses régions de la Syrie, de l'Asie Mineure et de la Grèce, où ils obtinrent les mêmes succès. On attribue principalement ces résultats aux prédications de saint Paul. Cependant Barnabé ne fut pas toujours le compagnon de l'apôtre. Avec son parent saint Marc, il se rendit dans l'île de Chypre. Mais ici cessent les renseignements de saint Luc, et à l'histoire succède la légende. S'il est certain que Barnabé vivait encore l'an 56, il est douteux qu'il ait prêché l'Évangile à Milan, qu'il soit mort martyr en 63, dans l'île de Salamine, et qu'on y ait retrouvé son tombeau en 488. — Saint Barnabé ne nous a laissé qu'un seul écrit, une épître sur la convenance de renoncer à l'observation des rites et des cérémonies mosaïques, par suite de l'établissement du christianisme. Cette épître, citée par saint Clément d'Alexandrie, publiée dans les collections de Dachery, de Cotelier, de le Moyne et ailleurs, est sans doute authentique. Mais les actes et Évangiles que l'antiquité chrétienne a publiés sous le nom de Barnabé ne sont que de pieuses légendes. MATTER.

Les vertus et la gloire de cette famille ont été célébrées par presque tous les poètes et tous les historiens musulmans, quoique Haroun eût poussé la démence jusqu'à défendre, sous peine | de mort, de publier leurs louanges et de prononcer leur nom. La Harpe est l'auteur d'une tragédie médiocre intitulée : Les Barmécides. Voir | le savant article de M. Kosegarten dans l'Encyclo- | pédie allemande d'Ersch et Gruber. SAVAGNER. BARNABÉ (SAINT), collaborateur des apôtres, est honoré lui-même du titre d'apôtre par le plus ancien des historiens de l'Église, saint Luc, quoiqu'il ne fût pas l'un des douze disciples de JésusChrist, auxquels ce nom se donne exclusivement. Il était né dans l'île de Chypre, au sein de BARNAVE (ANtoine-Pierre-Joseph-MARIE) la tribu de Lévi. Son premier nom était José ou naquit à Grenoble, en 1761, au sein de la reliJoseph. Les apôtres lui donnèrent celui de Bar-gion protestante. Fils d'un procureur habile et nabé, susceptible de deux interprétations égale- | d'une femme renommée par son esprit et ses ment honorables, enfant de prophète et enfant qualités aimables, il dut à la double influence de consolation. Barnabé, qui était venu l'un des qu'exerça sur ses premières années une si heupremiers leur offrir, pour les pauvres, le produit reuse origine le développement de ces talents et de la vente de ses biens, leur était cher. Il avait de ce mâle caractère qui lui acquirent une juste reçu une éducation distinguée à l'école de Ga- célébrité à une époque et dans une assemblée où maliel, le plus pieux et le plus tolérant des Pha- brillèrent à la fois tant d'hommes célèbres. risiens de son temps. Sous ce maître, il avait été | Adoré de sa famille, il se livra avec ardeur, sous le condisciple de saint Paul. Aussi, quand le plus ses yeux, à des études sérieuses, qui ne l'empêardent persécuteur de la nouvelle religion, frappé | chèrent pourtant pas de trouver dans les arts, de l'enthousiasme qu'elle inspirait à ses martyrs, dans la peinture surtout qu'il cultiva avec sucl'eut subitement embrassée lui-même, ce fut cès, les plus doux délassements. La bonté de son saint Barnabé, déjà chrétien, qui le présenta à âme, l'ardeur de son courage, se révélèrent lorsl'Église naissante et qui se fit le garant de sa foi, qu'à peine âgé de dix-sept ans il prit, l'épée à la Celle de Barnabé était entière, mais n'excluait main, la défense d'un frère plus jeune que lui, pas la tolérance. Il le prouva dans l'accomplis-et reçut pour cette cause sacrée une blessure qui sement des missions les plus délicates. Les chrétiens d'Antioche, les uns sortis du paganismę, les autres du judaïsme, étaient divisés sur la question de savoir jusqu'à quel point il fallait observer dans la religion nouvelle les cérémonies de la loi ancienne. Cette division s'annonçait aussi ailleurs. Elle devait se présenter partout où se trouvaient des chrétiens sortis des deux cultes différents. Il importait par conséquent de députer aux chrétiens d'Antioche un missionnaire habile. Barnabé s'acquitta si bien de sa tâche que, bientôt après, l'église mère, celle de Jérusalem, l'envoya avec saint Paul dans di

|

mit ses jours en péril. A 22 ans il était reçu comme avocat au parlement de Grenoble et choisi par le barreau pour parler au nom de cet ordre, il prononça un discours sur la Nécessité de la division des pouvoirs dans les corps politiques.

Une grande lutte entre le peuple et la monarchie allait être engagée; déjà les idées nouvelles se faisaient jour de toutes parts et minaient sourdement l'échafaudage qui soutenait encore ce trône dont mille abus avaient détruit le prestige aux yeux du peuple. Après avoir longtemps souffert en silence, celui-ci éleva sa voix, récla

mant à grands cris les réformes. Dans ce tolle général, les Dauphinois n'étaient pas, on le sait, les moins impatients, les moins énergiques à saper l'ancien édifice; l'occasion était belle pour une tête jeune et ardente comme l'était celle de Barnave: aussi ne la laissa-t-il pas échapper, et bientôt différentes brochures politiques, notamment celle intitulée l'Esprit des Édits, le firent connaître à ses concitoyens. Une étude approfondie de cette constitution anglaise qui était alors le point de mire de tous les novateurs, attestait que Barnave avait habilement mesuré d'un coup d'œil la situation, les sympathies, les besoins et les vices de chaque corps de l'État. Ses convictions étaient celles d'un homme de tact et de raisonnement. Son manifeste devait produire quelque sensation; et en effet, dès ce moment le jeune jurisconsulte fut d'avance désigné aux suffrages de sa province. On sait que, par ordonnance royale du 27 décembre 1788, la représentation du tiers au sein des états généraux fut doublée. Comme si la fatalité eût poussé la monarchie à se suicider elle-même, ce redoublement des tiers favorisait les prétentions de Barnave, sur qui put alors tomber le choix de ses concitoyens. Il avait 27 ans, et un immense avenir s'offrait à son ambition et à son génie.

mune fût substitué à celui de tiers état. L'assemblée du Jeu de Paume le compta parmi ses principaux acteurs; à cette époque Mirabeau n'avait pas de plus puissant auxiliaire que lui. Mais une sympathie bien plus étroite, et justifiée par la similitude des âges et des convictions, l'unissait à la Fayette, à Adrien Duport, aux deux Lameth surtout, avec lesquels « il forma, dit M. Thiers dans son Histoire de la Révolution, un triumvirat qui intéressait par sa jeunesse, et qui bientôt influa par son activité et ses talents. >> A compter de ce moment chaque discussion importante s'éclairait de la parole de Barnave et lui valait un triomphe de plus. Sa haine pour la cour lui fit obtenir le maintien des arrêtés cassés par le roi dans sa séance royale. Quelques jours après la grande insurrection qui fit tomber la Bastille, le sang de Foulon fut sacrifié à la vengeance du peuple, et cet acte de la force brutale souleva dans l'Assemblée un orage grossi de toutes les passions longtemps comprimées qui se déchaînaient tout à coup. « Le sang qui coule est-il donc si pur!... » s'écria Barnave, au milieu d'un violent débat; et cette exclamation, échappée sans doute à l'ardeur du jeune tribun et désavouée par l'âme de l'homme honnête, lui fut amèrement reprochée; une sanglante expiation ne suffit même pas à la lui faire pardonner, et pourtant l'Assemblée comptait peu d'orateurs aussi purs que Barnave; il n'y en avait aucun dont les mœurs douces et polies, le caractère franc et généreux, offrissent un plus frappant contraste avec les paroles de sang que la fougue, et peut-être une juste appréciation de la valeur individuelle des hommes lui avaient arrachées.

La session s'ouvrit à Versailles, le 4 mai 1789, et dès les premiers jours Barnave prit rang parmi les plus chauds partisans des idées nouvelles et les ennemis les plus déclarés de la cour. Non qu'il partageât aveuglément leur haine contre la monarchie et son principe; mais parce que cette soif d'institutions libérales qu'il avait puisée dans l'étude de la constitution anglaise l'enflammait pour le peuple d'un zèle exclusif qui Les applaudissements du peuple le dédommadevait souvent l'emporter au delà des bornes. gèrent, du moins pour un instant, des inimiliés Aussi eut-il bientôt à porter le lourd fardeau qu'un seul mot venait de lui susciter, et ached'une immense popularité. Une imagination ar- vèrent en même temps de l'étourdir. Dès lors il dente, un esprit vif et pénétrant, une élocution ne songea plus qu'à conserver ces faciles et danélégante et facile, et surtout l'opposition con- gereux suffrages. On le vit tour à tour, dans un stante et l'emploi habilement ménagé d'un grand but de popularité suffisamment justifié par sa calme, succédant à une sortie véhémente, à un prédilection pour les institutions les plus libééclair subit de colère ou d'enthousiasme telles rales, élever la voix pour faire décréter l'établisfurent les qualités diverses par lesquelles Bar- sement des municipalités, l'organisation des nave acheva de conquérir tous les suffrages de gardes nationales, la déclaration des droits de l'assemblée et du peuple, et devint un des prin- l'homme, l'institution d'une justice extraordicipaux chefs sous la bannière desquels les par- naire pour les crimes politiques, la réunion des tis se rangèrent en se divisant. « C'est une jeune biens du clergé aux domaines nationaux, et la plante qui un jour montera haut, si on la laisse revendication de l'égal et libre exercice des droits croître, » disait de lui Mirabeau; et cette prédic- civiques pour les protestants, les juifs, les cotion se fût accomplie sans la hache révolution- médiens, etc. Enfin, il porta les derniers coups à naire qui la coupa à la racine. Barnave attira la monarchie en proposant que les décrets euspour la première fois les regards lorsqu'il se joi-sent désormais force de loi sans la sanction gnit à Mounier pour obtenir que le nom de com- royale, et, bientôt après, que le serment civique

:

Barnave avait une âme trop élevée et trop belle pour ne pas finir un jour par regarder en arrière et s'épouvanter du chemin qu'il avait fait. La mort de Mirabeau, arrivée le 2 avril 1791, sembla être le signal de ce revirement. Barnave comprit qu'il était temps d'arrêter cet élan de folles et criminelles exigences dans lesquelles l'entraînait le parti demagogique, souvent malgré lui et toujours dans des vues d'opposition contre Mirabeau. Après sa mort, Barnave oublia toute rivalité : ce fut lui qui rédigea et fit adopter la proposition de rendre à Mirabeau des honneurs funèbres extraordinaires, et de consacrer l'église de Sainte-Geneviève à recevoir les cendres des grands hommes.

Le géant mort, rien n'empêchait les amis de Barnave de se rallier aux idées plus modérées que professait la société constitutionnelle dont la Fayette était le chef. Cette alliance fut con

ne fit pas mention de la fidélité au roi, attendu | prestigieux avec lequel cet homme fascinait tous que le roi étant partie intégrante de la constitu- ceux qui l'approchaient, que même ses ennemis tion, le serment impliquerait suffisamment cette déposaient à sa vue leurs préventions et leur double obligation. Mirabeau n'avait pas osé se haine. Noailles, Cazalès se mesurèrent avec lui risquer aussi loin aussi la rapidité de la course sur un terrain autre que celui de la tribune, et, emporta tellement son jeune rival qu'il ne s'a- en déposant leur épée, tous deux étaient deveperçut de l'avoir dépassé que lorsqu'il touchait au nus les amis de leur adversaire. but. Déjà, au sein des clubs et des assemblées populaires, leurs dissentiments avaient eu occasion de se manifester. La Société des amis de la constitution, fondée par Barnave et les siens et qui depuis devint plus célèbre et plus redoutable sous le nom de société des Jacobins, fut souvent le théâtre des luttes de ces deux superbes antagonistes. La cour trouvait déjà en Mirabeau un appui, intéressé peut-être, mais toujours puissant et se roidissant avec succès contre la fermeté et les exigences démocratiques de Barnave. L'assemblée vit à son tour éclater cette rivalité à la tribune nationale. C'est ainsi qu'à l'occasion de la discussion du veto suspensif, la violence des débats fut telle que Mirabeau, s'abandonnant à cette puissance d'élocution qui lui avait mérité tant et de si beaux triomphes, s'écria que les rhéteurs parlent pour les 24 heures qui s'écoulent, et les hommes d'État pour l'avenir. Barnave, loin de se laisser intimider, s'accou-sacrée à l'occasion d'un rapport que Barnave fut tuma à regarder ce redoutable ennemi en face, et n'en poursuivit pas moins ses attaques contre l'aristocratie et la cour. Au commencement de l'année 1790, il fit décréter la suppression des droits féodaux, l'abolition des ordres religieux, et obtint que chaque colonie française énoncerait un vœu sur sa constitution future. En mai eut lieu la fameuse discussion du droit de paix | et de guerre, dans laquelle Mirabeau, défendant les intérêts de la cour, tout en cherchant à les concilier avec ceux du peuple, fut terrassé, pour la première fois peut-être, par la logique inexorable et l'éloquence hardie de son rival. Barnave avait bien mérité du peuple qui, en récompense, lui décerna les honneurs d'un triomphe. « Et moi aussi j'ai été porté en triomphe, tonna Mirabeau, et pourtant on crie aujourd'hui: la grande trahison du comte de Mirabeau. Je n'avais pas besoin de cet exemple pour savoir qu'il n'y a qu'un pas du Capitole à la roche Tarpéiennne. Mais la faveur populaire avait achevé de tour ner la tête à Barnave; il ne tint aucun compte de cet avis prophétique. Il ne craignit pas, à propos de la fuite de Mesdames, tantes du roi, de porter ses audacieuses investigations jusqu'au sein de la famille royale, et il acquit ainsi de nouveaux droits à l'ovation populaire et à l'animadversion de la cour. Mais tel était l'éclat

n

[ocr errors]

chargé de faire sur l'état des colonies et la condition des gens de couleur en mai 1791. Dès ce moment il perdit de sa popularité, et une fois engagé dans cette voie, il y fit des progrès d'autant plus rapides qu'une circonstance imprévue vint tout à coup précipiter sa chute. Le roi, effrayé de l'orage qui grondait sourdement audessus de sa tête, avait résolu de se soustraire par la fuite aux dangers dont l'avenir le menaçait. On sait qu'évadé des Tuileries avec la reine et sa famille, il parvint jusqu'à Varennes où le hasard le fit reconnaître. Presque seul de tous les membres de l'Assemblée, Barnave, à la nouvelle de l'évasion, avait conservé son sang-froid et son courage, et avait fait prendre sur-lechamp les mesures les plus énergiques; après l'arrestation de la famille royale, lui-même avait été désigné, avec Pétion et Latour-Maubourg, pour aller à la rencontre des captifs et les ramener à Paris. C'est de cet instant qu'il faut dater la révolution qui s'opéra dans l'âme du jeune tribun. Arrivé à Épernai en présence de Louis XVI, de la reine, de Madame, du dauphin, la vue de tant d'infortunes, jointes à une si belle résignation, toucha sans doute profondément son âme tandis que Pétion, placé avec lui dans le carrosse du roi, accable ses augustes prisonniers de tout ce que la rigueur la plus froide et

« PoprzedniaDalej »