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» que depuis les apôtres, constamment jusques à » nous, toutes les communions ont cru et enseigné » la transsubstantiation, je ne crois pas que nous fus»sions en droit d'y rien opposer. » Il parle encore plus fortement dans un autre endroit. Il est, ditil (1), « obligé de le croire, non-seulement à cause que » l'Ecriture est claire et évidente là-dessus, mais » aussi à cause du consentement unanime de tous » les chrétiens à recevoir ces vérités fondamentales; » car, après l'Ecriture, ce consentement unanime » est la plus forte preuve qu'un dogme est véritable, » et qu'il est fondamental. » Ces paroles marquent clairement qu'une tradition, quand elle est universelle, non-seulement doit être crue comme une doctrine de foi, mais encore doit être regardée comme un point fondamental. Si donc l'ordination a été regardée dans toute l'Eglise catholique comme un sacrement qui ne peut être réitéré, non plus que le ⚫ baptême, à cause du caractère ineffaçable qu'elle imprime, en sorte que personne n'en doutoit, comme saint Augustin l'assure; s'il est vrai que l'Eglise a abhorré ceux qui ont voulu transporter le ministère des clefs dans des confédérations nouvelles ; si aucune société schismatique n'a jamais osé dire, dans ses plus horribles excès, que les clefs appartiennent au peuple, et qu'il peut, selon qu'il le juge utile à sa police, les transporter en d'autres mains, et se partager en diverses confédérations; que faudra -t-il croire de cet amas de dogmes inouis aux schismatiques même les plus audacieux de toute l'antiquité? Ce consentement unanime de toute l'Eglise, ce silence (1) Syst. pag. 293.

unanime de tous ses ennemis pendant tous les siècles qui ont précédé ces derniers temps, n'est-il pas, pour me servir des termes de M. Jurieu, la plus forte preuve que notre dogme sur les clefs, sur la succession du ministère et sur l'imposition des mains, est véritable, et qu'il est fondamental?

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CHAPITRE X.

Réponse à une objection tirée de Tertullien.

Il s'agit d'un passage du livre de l'Exhortation ù la Chasteté. Pour en bien juger, il faut savoir tout le dessein de cet ouvrage, et l'état où étoit Tertullien quand il l'a composé. Montan condamnoit les secondes noces ; et Tertullien, tombé dans ses erreurs, exhorte un fidèle à ne se remarier pas. Il avoue que saint Paul a permis les secondes noces : mais il soutient que saint Paul les a permises par un sentiment humain, au lieu qu'en même temps il a conseillé par l'esprit de Dieu de les éviter. Il dit encore que l'apôtre, sentant l'excès de cette permission humaine qu'il venoit d'accorder, se donne aussitôt un frein et se rappelle lui-même. Vous croiriez peut-être qu'il veut seulement conclure que les secondes noces, permises par saint Paul, ne sont pas un état aussi parfait que l'entière continence conseillée par cet apôtre? Non; il décide que c'est une espèce d'adultère. Cette décision étonne; mais la raison sur laquelle il la fonde est encore plus étonnante. « Celui, dit-il, qui regarde une femme pour

» la désirer est déjà adultère dans son cœur. Un >> homme, ajoute-t-il, qui épouse une femme, ne le » fait qu'après l'avoir désirée et l'avoir regardée » pour la désirer, à moins qu'on épouse une femme >> sans l'avoir ni vue ni désirée. » Tertullien, ayant raisonné ainsi, s'aperçoit d'abord que son raisonnement condamne autant les premières noces que les secondes. « Vous me direz, poursuit-il, que par » là je détruis les premières noces. Et ce n'est pas » sans raison; car elles consistent dans la même ac» tion qui fait l'adultère. » Il conclut que si la virginité seule est exempte d'une souillure qui approche tant de l'adultère, et si les premières noces mêmes n'évitent point cette tache, à plus forte raison il faut rejeter les secondes. Il ajoute que l'oraison continuelle est commandée, et par conséquent la continence aussi. L'oraison, dit-il, vient de la conscience. Si la conscience est honteuse, l'oraison l'est de même. Enfin, dit-il, si vous êtes remarié, vous avez deux ou plusieurs femmes devant le Seigneur quand vousle priez, une en esprit, à qui vous réservez vos plus fidèles affections, l'autre dans la chair. Voilà les raisons absurdes de Tertullien dans cet ouvrage : on n'y voit que raisonnemens outrés, qu'expressions forcées, qu'égarement d'esprit. Il y a même vers la fin de ce traité un endroit où un très-ancien exemplaire contient une citation que Tertullien fait de l'évangile de la sainte prophétesse Prisque (1). Ainsi je crois qu'il ne nous reste rien à désirer pour nous convaincre que Tertullien étoit alors au comble du fanatisme. Quelle est donc l'autorité de ce passage tant (1) Not. Rig. in cap. x1, p. 523.

unanime de tous ses ennemis pendant tous les siècles qui ont précédé ces derniers temps, n'est-il pas, pour me servir des termes de M. Jurieu, la plus forte preuve que notre dogme sur les clefs, sur la succession du ministère et sur l'imposition des mains, est véritable, et qu'il est fondamental?

CHAPITRE X.

Réponse à une objection tirée de Tertullien.

Il s'agit d'un passage du livre de l'Exhortation à la Chasteté. Pour en bien juger, il faut savoir tout le dessein de cet ouvrage, et l'état où étoit Tertullien quand il l'a composé. Montan condamnoit les secondes noces ; et Tertullien, tombé dans ses er

exhorte un fidèle à ne se remarier pas. Il avoue que saint Paul a permis les secondes noces : mais il soutient que saint Paul les a permises par un sentiment humain, au lieu qu'en même temps il a conseillé par l'esprit de Dieu de les éviter. Il dit encore que l'apôtre, sentant l'excès de cette permission humaine qu'il venoit d'accorder, se donne aussitôt un frein et se rappelle lui-même. Vous croiriez peut-être qu'il veut seulement conclure que les secondes noces, permises par saint Paul, ne sont pas un état aussi parfait que l'entière continence conseillée par cet apôtre? Non; il décide que c'est une espèce d'adultère. Cette décision étonne; mais la raison sur laquelle il la fonde est encore plus étonnante. « Celui, dit-il, qui regarde une femme pour

» la désirer est déjà adultère dans son cœur. Un » homme, ajoute-t-il, qui épouse une femme, ne le » fait qu'après l'avoir désirée et l'avoir regardée » pour la désirer, à moins qu'on épouse une femme >> sans l'avoir ni vue ni désirée. » Tertullien, ayant raisonné ainsi, s'aperçoit d'abord que son raisonnement condamne autant les premières noces que les secondes. « Vous me direz, poursuit-il, que par » là je détruis les premières noces. Et ce n'est pas >> sans raison; car elles consistent dans la même ac» tion qui fait l'adultère. » Il conclut que si la virginité seule est exempte d'une souillure qui approche tant de l'adultère, et si les premières noces mêmes n'évitent point cette tache, à plus forte raison il faut rejeter les secondes. Il ajoute que l'oraison continuelle est commandée, et par conséquent la continence aussi. L'oraison, dit-il, vient de la conscience. Si la conscience est honteuse, l'oraison l'est de même. Enfin, dit-il, si vous êtes remarié, vous avez deux ou plusieurs femmes devant le Seigneur quand vousle priez, une en esprit, à qui vous réservez vos plus fidèles affections, l'autre dans la chair. Voilà les raisons absurdes de Tertullien dans cet ouvrage : on n'y voit que raisonnemens outrés, qu'expressions forcées, qu'égarement d'esprit. Il y a même vers la fin de ce traité un endroit où un très-ancien exemplaire contient une citation que Tertullien fait de l'évangile de la sainte prophétesse Prisque (1). Ainsi je crois qu'il ne nous reste rien à désirer pour nous convaincre que Tertullien étoit alors au comble du fanatisme. Quelle est donc l'autorité de ce passage tant (1) Not. Rig. in cap. x1, p. 523.

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