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tère à ceux qu'il jugera capables de le conserver dans sa pureté. Le même qui impose les mains choisit. L'élection populaire n'est qu'une espèce d'information préalable sur les mœurs de celui qui sera élu et ordonné, ou un désir du peuple qu'on ne doit suivre qu'avec connoissance de cause.

Saint Paul parle à Tite comme à Timothée; et on voit partout la même règle exactement suivie, avec un dessein clairement marqué. Que tu établisses, dit-il (1), des anciens de ville en ville. Quoique je me serve ici de la version de Genève pour citer à messieurs les Protestans le texte qui leur est le plus familier et le moins suspect, ils ne doivent pas s'ima→ giner que saint Paul ne parle que d'établir des anciens semblables à ceux de leurs églises. Leur traducteur a affecté d'éviter le mot de prêtres dont nous nous servons après toute l'antiquité; il n'a pas songé que celui d'anciens, comme ils le prennent parmi eux, n'a aucune proportion avec ceux dont le nouveau Testament parle. Leurs anciens, selon leur discipline, ne sont point pasteurs, et n'ont aucune fonction pastorale; au lieu que ceux dont saint Paul parle ici, sont évêques. Il ajoute (2): « à savoir s'il » y a quelqu'un qui soit irrépréhensible, mari d'une >> seule femme, ayant des enfans fidèles, non accusés » de dissolution, ou qui ne se puissent ranger; car » il faut que l'évêque soit irrépréhensible, etc. » C'est donc Tite, évêque, laissé en Crète par saint Paul, qui doit établir des évêques dans les villes. Il doit choisir ceux qui sont irrépréhensibles et qui ont les autres qualités marquées. Outre que voilà déjà le (1) Tit. 1. 5. (2) Ibid. 6, 7.

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choix de l'évêque donné formellement à Tite, il faut encore observer que le mot d'établir est général et absolu. Il renferme également le choix et la consécration.

Remarquez aussi que saint Paul, en cet endroit, donne des règles pour choisir ceux qu'on fera pasteurs. C'étoit le lieu de marquer le droit du peuple, ou du moins de ne rien dire qui pût l'affoiblir et le rendre douteux. Il falloit même nécessairement, en réglant les élections, donner ces règles à ceux qui devoient les pratiquer. Si le peuple devoit élire, c'étoit au peuple qu'il falloit s'adresser. Il falloit dire: Exhortez le peuple à ne confier le ministère qu'à des hommes irrépréhensibles; comme nous voyons que saint Paul charge Timothée d'avertir les pères et les mères, les maris, les femmes et les enfans, les riches et les autres personnes de chaque condition, de remplir leurs devoirs. Ici tout au contraire saint Paul, sans faire aucune mention du peuple, dit absolument: Que tu établisses des anciens, c'est-à-dire des évêques, à savoir s'il y a quelqu'un d'irrépréhensible, etc.

Ce qui est encore très-important à considérer, c'est que parmi tant d'Epîtres des apôtres, où ils donnent, dans un détail si exact, des règles précises pour les devoirs des peuples, et où ils marquent souvent jusqu'aux dernières circonstances des devoirs des laïques, jamais ils n'ont parlé de ce que les peuples sont obligés de faire pour les élections des pasteurs. Si elles avoient appartenu aux peuples rien n'eût été plus essentiel que de les instruire de la manière de remplir ce devoir, puisque de l'éleç

tion des pasteurs dépend la conduite de tout le troupeau. Je sais bien que messieurs les Protestans se trompent, quand ils veulent que tout ce qui est nécessaire soit expressément marqué dans les Ecritures; mais leur principe se tourne contre eux en cette occasion. Si le ministère appartient aux peuples, il est étonnant que l'Ecriture, qui instruit les peuples si exactement sur tous leurs devoirs, ne leur parle jamais des élections, et ne leur recommande rien, à l'égard des pasteurs, qu'une humble soumission. De plus, si nous n'avions pour nous que le silence des Ecritures, peut-être pourroit-on contester mais ce qui décide, c'est qu'elles ont parlé amplement. Quand elles instruisent expressément et en détail sur les élections, elles ne font aucune mention du peuple; elles ne parlent qu'aux évêques. Dans tous les discours que l'histoire des Actes rapporte, et dans dix-huit Epîtres des apôtres aux peuples fidèles, nous ne trouvons aucune trace d'instruction sur la manière d'élire les pasteurs. Il reste trois Epîtres de saint Paul à des évêques. Là se trouvent plusieurs fois répétées toutes les règles des élections; là saint Paul donne aux évêques qu'il instruit toute l'autorité de choisir et d'ordonner > comme nous l'avons vu, ceux qu'ils jugeront propres à être pasteurs. Les Protestans disent donc ce que l'Ecriture n'a jamais dit sur les élections, quoiqu'elle ait souvent parlé expressément de cette matière, lorsqu'ils assurent qu'elles appartiennent au peuple; et nous, à qui ils reprochent de ne suivre point l'Ecriture, nous disons à la lettre ce qu'elle dit, quand nous soutenons que c'est aux pasteurs à

établir d'autres pasteurs qui perpétuent le ministère, puisque saint Paul charge si formellement les deux évêques Timothée et Tite de choisir et d'ordonner d'autres évêques dans toutes les villes,

CHAPITRE VIII.

L'imposition des mains ou ordination des pasteurs

est un sacrement.

Nous avons vu combien M. Jurieu se trompe lorsqu'il suppose que l'élection appartient au peuple, et qu'il conclut que c'est le peuple qui fait les pasteurs, puisque l'ordination n'est qu'une simple cérémonie, dont on pourroit se dispenser. Quand même l'ordination ne seroit point essentielle, tout son édifice tomberoit par les fondemens, puisque la seule élection suffit, comme nous venons de le montrer, pour faire voir que c'est le corps des pasteurs, et non pas le peuple, qui établit d'autres pasteurs pour la succession du ministère. Il sera facile d'aller plus avant, et de prouver que l'ordination est essentielle.

Saint Paul, voulant animer Timothée dans ses fonctions, lui rappelle jusqu'à deux fois, dans deux courtes Epîtres, le souvenir de la grâce attachée à son ordination. « Ne néglige point, dit-il (1), le » don qui est en toi, qui t'a été donné par prophé» tie, par l'imposition des mains de la compagnie >> des anciens. » Et encore : « Je t'admoneste que

(1) I. Tim. v. 14.

» tu rallumes le don qui est en toi par l'imposition » de mes mains (1). » Il est constant que ce don est un don du Saint-Esprit, et une grâce pour le ministère. C'est ce que signifie le terme grec zápoμatos. Voilà la grâce répandue sur Timothée par l'imposition des mains. Qu'on ne dise pas que c'est par l'im- position des mains de l'apôtre, qui avoit une vertu extraordinaire : vous voyez qu'il dit la même chose de l'imposition des mains du presbytère ou des anciens. Qu'on ne dise point aussi que c'est par la prophétie saint Paul, dans le dernier endroit, n'en parle point, et montre la grâce répandue par la seule imposition des mains. Qui ne sait que ces paroles, par la prophétie, signifient selon la prophétie? La prophétie ne donnoit pas la grâce: elle l'avoit seulement promise. C'est par l'imposition des mains qu'elle est actuellement reçue. Saint Paul dit au . 18 du 1er ch. de la 1re Ep. « Mon fils Ti» mothée, je te recommande ce commandement, » que, selon les prophéties qui auparavant ont été » de toi, par elles tu fasses devoir de guerroyer en » cette bonne guerre. » Vous voyez que quelqu'un des fidèles qui avoient alors le don de prophétie, avoit prédit que Timothée seroit un jour un saint évêque. Saint Paul l'exhorte à accomplir cette prédiction dans la milice sainte où il doit combattre. C'est selon cette prophétie que Timothée fut ordonné évêque par l'imposition des mains de saint Paul; et c'est par cette imposition des mains qu'il reçut la grâce. Ainsi il n'y a pas ombre de prétexte pour sou tenir que c'est à cause de la prophétie que la grâce

() II. Tim. I. 6.

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