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qui signifie clairement que cet ordre où les élus, bien loin de relever le ministère des pasteurs, doivent être sans cesse soutenus par cette autorité du corps pastoral, subsistera sans interruption jusqu'au dernier jour, où Jésus-Christ, rassemblant tous les saints trouvera en eux l'intégrité de son corps mystique, et jugera le monde. Je n'ajoute rien au sens naturel et littéral des paroles de l'apôtre elles expriment d'elles-mêmes toute l'étendue du dogme catholique.

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Ecoutons encore saint Paul, qui parle à Timo→ thée sur ce même principe. Remarquez toujours que ce n'est pas à un apôtre, mais à un pasteur ordinaire, comme ceux qu'on voit aujourd'hui, qu'il parle. « Prêche la parole, dit-il (1); insiste en temps » et hors temps. Reprends, tance, exhorte en toute » douceur d'esprit et de doctrine : car il viendra un >> temps qu'ils ne souffriront point la saine doctrine; » mais ayant les oreilles chatouilleuses, ils s'assem>> bleront des docteurs selon leurs désirs; » (la note marginale de Genève dit: Ils s'entasseront des docteurs les uns sur les autres,) « et détourneront leurs » oreilles de la vérité, et se tourneront aux fables, » Mais toi, veille en toutes choses, endure les afflic» tions, fais l'œuvre d'un évangéliste. » Vous voyez par ces paroles, que le malheur des derniers temps sera que les peuples, détournant leurs oreilles des enseignemens des pasteurs déjà établis, se feront eux-mêmes des docteurs nouveaux, qu'ils entasseront selon leurs désirs; c'est-à-dire qu'ils voudront, non pas se soumettre à la doctrine des docteurs établis, mais se faire eux-mêmes des docteurs nou(1) II. Timoth. iv. 2, 3, 4, 5,

veaux, selon la doctrine qu'ils voudront suivre. Que doit faire alors Timothée? doit-il croire que le ministère appartient au peuple, et que le peuple a un droit naturel de se faire conduire par les pasteurs 'qu'il juge les plus convenables? Tout au contraire. C'est lorsque le troupeau se révoltera ainsi, et voudra entasser des docteurs selon ses désirs, que le pasteur doit soutenir davantage son autorité. Mais toi, veille, dit-il, en toutes choses, fais l'œuvre d'un évangéliste. C'est encore dans le même sens que cet apôtre dit à Tite : Admoneste, et reprends avec toute autorité de commander (1). Peut-on marquer rien de plus absolu et de plus indépendant du peuple?

Selon le systême des Protestans, les bons pasteurs mêmes, tels que Timothée et Tite, n'ayant que le droit et la commission du peuple, le peuple auroit pu révoquer leur commission toutes les fois qu'il l'auroit voulu. Quand même, le peuple les auroit révoqués pour s'attacher à de faux docteurs, le ministère de Timothée et de Tite, quoique légitime, eût cessé par la révocation du peuple. Il est vrai qu'en ce cas, selon les Protestans, l'autorité des nouveaux docteurs auroit été nulle à cause de leurs erreurs; mais celui des bons pasteurs n'en auroit pas été plus ferme. Ce qui en fût arrivé, c'est que le ministère des uns et des autres seroit tombé en même temps, et que l'Eglise seroit demeurée sans ministère. Celui des faux docteurs eût été nul par la corruption de leur doctrine; celui des bons docteurs eût été nul aussi par la révocation du pouvoir qui leur (1) Tit. II. 15.

melle (1). Comment M. Jurieu décidera-t-il ce cas? Mais je n'ai encore qu'à lui opposer ma supposition sur l'Ecriture, qui est toute semblable à celle qu'il fait sur les pasteurs. Je suppose que ces chrétiens n'ont aucune Bible, et n'en peuvent jamais avoir. Ce sont des matelots et des soldats grossiers et ignorans, des marchands qui n'ont qu'un souvenir trèsconfus et très-superficiel de l'Ecriture, et qui në savent pas même la lire. La referont-ils à leur mode, comme on veut qu'ils fassent un nouveau ministère ? ou bien se passeront-ils de l'Ecriture? Qu'on me réponde. Si on dit qu'ils se sauveront sans Ecriture, je dirai de même qu'ils se sauveront aussi sans pasteurs. Mais enfin, comme le besoin ne leur donne pas un titre pour refaire l'Ecriture, il ne leur en donne point aussi pour refaire le ministère pastoral. L'un est la révélation de Dieu; l'autre est son dépôt et sa commission. L'un et l'autre ne peut ja→ mais être suppléé par l'autorité humaine : il faut, pour l'un et pour l'autre, que Dieu parle lui-même. On voit par là combien sont inutiles contre nous ces exemples tant vantés, puisqu'ils retombent sur les Protestans. Qu'ils les abandonnent donc, et qu'ils remarquent avec nous que la Providence, qui veille sur les chrétiens, n'a jamais permis que le cas qu'ils nous objectent soit arrivé tant il est attaché à la promesse, que les troupeaux ne seront jamais sans quelque pasteur avec qui Jésus-Christ les endoctrine? Mais si le cas qu'on m'oppose n'est jamais arrivé, celui que j'objecte aux Protestans n'est pas de même car saint Irénée nous représente des peuples

(1) Gal. 11. 28...

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barbares,

barbares, qui étoient parfaits chrétiens, et qui n'avoient aucun livre canonique écrit en leurs langues. Enfin si le ministère vient, comme nous l'avons prouvé, non de la simple élection du peuple, mais de la commission expresse de Jésus-Christ attachée à l'ordination successive, il est manifeste que, dans l'extrême besoin, le peuple ne peut non plus se faire un ministère nouveau, qu'une Bible nouvelle.

M. Jurieu nous reproche les papes simoniaques et intrus du dixième siècle, avec le schisme d'Avignon, qui semblent avoir interrompu la succession de nos pasteurs. Mais il me permettra de lui dire que quand on connoît nos principes, ceux de l'antiquité et ceux même de sa prétendue réforme, comme il doit les connoître, on ne doit pas proposer cette objection comme une vraie difficulté.

Tout le monde convient que quand on parle de la succession des pasteurs, on parle des ministres dont chacun en particulier a reçu l'imposition des mains de quelque autre ministre qui l'avoit reçue d'un autre, en sorte qu'on remonte ainsi sans interruption jusqu'aux apôtres. D'ailleurs tout le monde convient, et des Protestans mêmes, que l'imposition des mains d'un ministre vicieux est valide. Qu'avons-nous donc à prouver pour justifier notre succession ? qu'il n'y a jamais eu d'interruption dans l'imposition des mains des pasteurs. C'est ce que les Protestans n'oseroient nous contester, Ils savent que les papes intrus et vicieux du dixième siècle avoient reçu l'ordination valide. Qu'ils soient tant qu'on voudra illégitimes et nuls pour l'exercice de la juridiction; n'importe. C'est ce qui n'entre point dans notre quesFÉNÉLON. II.

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melle (1). Comment M. Jurieu décidera-t-il ce cas? Mais je n'ai encore qu'à lui opposer ma supposition sur l'Ecriture, qui est toute semblable à celle qu'il fait sur les pasteurs. Je suppose que ces chrétiens n'ont aucune Bible, et n'en peuvent jamais avoir. Ce sont des matelots et des soldats grossiers et ignorans, des marchands qui n'ont qu'un souvenir trèsconfus et très-superficiel de l'Ecriture, et qui ne savent pas même la lire. La referont-ils à leur mode, comme on veut qu'ils fassent un nouveau ministère ? ou bien se passeront-ils de l'Ecriture? Qu'on me réponde. Si on dit qu'ils se sauveront sans Ecriture, je dirai de même qu'ils se sauveront aussi sans pasteurs. Mais enfin, comme le besoin ne leur donne pas un titre pour refaire l'Ecriture, il ne leur en donne point aussi pour refaire le ministère pastoral. L'un est la révélation de Dieu; l'autre est son dépôt et sa commission. L'un et l'autre ne peut jamais être suppléé par l'autorité humaine il faut, pour l'un et pour l'autre, que Dieu parle lui-même. On voit par là combien sont inutiles contre nous ces exemples tant vantés, puisqu'ils retombent sur les Protestans. Qu'ils les abandonnent donc, et qu'ils remarquent avec nous que la Providence, qui veille sur les chrétiens, n'a jamais permis que le cas qu'ils nous objectent soit arrivé tant il est attaché à la promesse, que les troupeaux ne seront jamais sans quelque pasteur avec qui Jésus-Christ les endoctrine? Mais si le cas qu'on m'oppose n'est jamais arrivé, celui que j'objecte aux Protestans n'est pas de même car saint Irénée nous représente des peuples

(1) Gal. 111. 28...

barbares,

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