Qu'au Livre du Deftin les mortels peuvent lire. Or du hazard il n'eft point de fcience. De l'appeller hazard, ni fortune, ni fort, Quant aux volontez fouveraines De celui qui fait tout, & rien qu'avec deffein, Ce que la nuit des temps enferme dans les voilest De ceux qui de la Sphere & du. Globe ont écrit? Tous les jours fa clarté fuccede à l'ombre noire;: D'amener les faifons, de meurir les femences, Quittez les Cours des Princes de l'Europe. Je m'emporte un peu trop; revenons à l'hiftoire De ce Speculateur qui fut contraint de boite... Outre la vanité de fon art menfonger C'est l'image de ceux qui baaillent aux chimeres, Cependant qu'ils font en danger, Soit pour eux, foit pour leurs affaires. XXXVI. Le Lievre & les Grenouilles. Ucar que en fougie N Lievre en fon gîte fongeoit, Dans un profond ennui ce Lievre fe plongedit: Sont, difoit-il, bien mal-heureux. Ils ne fçauroient manger morceau qui leur profite. Je crois même qu'en bonne foi Et cependant faifoit le guet. Il étoit douteux, inquiet: Un fouffle, une ombre, un rien,tout lui donnoit la fiè VIC. Le Le melancolique animal En révant à cette matiere Entend un leger bruit: ce lui fut un fignal Il s'en alla paffer fur le bord d'un êtang. Comment, des animaux qui tremblent devant moi? Il n'eft, je le vois bien, fi poltron fur la terre, Qui ne puiffe trouver un plus poltron que foi. XXXVII, Le Coq & le Renard. Ur la branche d'un arbre étoit en fentinelle SU Frere, dit un Renard adouciffant fa voix, Paix generale cette fois. Je viens te l'annoncer; décends que je t'embrasse. Ne'me retarde point de grace Je dois faire aujourd'hui vingt poftes fans manquer, Les tiens & toi pouvez vaquer, Sans nulle craint affaires : Nous vous y fervirons en freres. F 3 Fai Faites-én les feux dés ce foir. Le baifer d'amour fraternelle. Ami; reprit le Coq, je ne pouvois jamais Apprendre une plus douce & meilleure nouvelle, Que celle De cette paix. Et ce m'eft une double joye De la tenir de toi. Je vois deux Levriers Que pour ce fujet on envoye. Ils vont vite, & feront dans un moment à nous. Tire fes gregues, gagne au haut, Car c'est double plaifir de tromper le trompeur. XXXVIII. Le Corbeau voulant imiter Aigle. Oifeau de Jupiter enlevant un Mouton, Er plus foible de reins, mais non pas moins glouton, Il tourne à l'entour du troupeau Marque entre cent Moutons le plus gras, le plus beau, Un vrai Mouton de facrifice." On l'avoit refervé pour la bouché des Dieux. Mais ton corps me paroit en merveilleux état, Sur l'animal bélant à ces mots il s'abat. Pefoit plus qu'un fromage; outre que fa toifon Et mélée à peu prés de la même façon Elle empétra fi bien les ferres du Corbeau, Tous les mangeurs de gens 'ne font pas grands Seig neurs, Où la Guefpe a paffé le Moucheron demeure. XXXIX. Le Pan fe plaignant à Junon. E Pan fe plaignoit à Junon. LDeeffe, difoit-il, ce n'eft pas fans raifon, Que je me plains, que je murmure; |