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Ceux que l'Hymen fait de fa Confrerie;
J'ai par moi même examiné le cas.
Non que de foi la chofe ne foit bonne;
Elle cut jadis un plus heureux destin;
Mais comme tout se corrompt à la fin,
Plus beau fleuron n'est en vôtre Couronne.
Satan le crut: il fut récompenfé,
Encor qu'il eût fon retour avancé;

Car qu'eût-il fait? Ce n'étoit pas merveilles
Qu'aïant fans ceffe un Diable à fes oreilles,
Toujours le même, & toûjours fur un ton,
Il fut contraint d'enfiler la venelle;
Dans les Enfers, encore en change-t-on ;
L'autre peine eft à mon fens plus cruelle.
Je voudrois voir quelques gens. y durer.
Elle eût à Job fait tourner la cervelle.
De tout ceci que pretends je inferer?
Premierement je ne fçai pire chofe
Que de changer fon logis en prifon :
En fecond lieu, fi par quelque raison
Vôtre afcendant à l'Hymen vous expose,
N'époufez point d'Honnefta s'il fe peut ;
N'a pas pourtant une Honnefta qui veut.

CCXLIV. Les

J

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CCXLIV.

Les Filles de Minée.

Sujet tiré des Metamorphofes d'Ovide.

E chante dans ces Vers les Filles de Minée, Troupe aux arts de Pallas dés l'enfance adonnée,

Et de qui le travail fit entrer en courroux Bacchus, à jufte droit de fes honneurs jaloux. Tout Dieu veut aux humains fe faire reconnaître. On ne voit point les champs répondre aux foins du Maître,

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Si dans les jours facrez autour de fes guerets
Il ne marche en triomphe à l'honneur de Cérés.
La Grece étoit en jeux pour le fils de Sémele.
Seules on vid trois foeurs condamner ce faint zele.
Alcithoé l'aînée aïant pris ses fuseaux,

Dit aux autres: Quoi donc toûjours des Dieux nouveaux?

L'Olympe ne peut plus contenir tant de têtes,
Ni l'an fournir de jours affez pour tant de Fêtes.
Je ne dis rien des vœux dûs aux travaux divers
De ce Dieu qui purgea de monftres l'Univers;
Mais à quoi fert Bacchus, qu'à causer des querel-
les?

Affoiblir les plus fains; eplaidir les plus belles;
Souvent mener au Stix par de triftes chemins;
Et nous irons chommer la peste des humains?

Pour

Pour moi j'ai refolu de pourfuivre ma tâche.
Se donne qui voudra ce jour-ci du relâche:
Ces mains n'en prendront point. Je fuis encor d'avis
Que nous rendions le temps moins long par des
recits.

Toutes trois tour à tour racontons quelque hiftoire;

Je pourrois retrouver fans peine en ma memoire
Du Monarque des Dieux les divers changemens,
Mais comme chacun fçait tous ces évenemens,
Difons ce que l'amour infpire à nos pareilles :
Non toutefois qu'il faille en contant fes merveilles.
Accoûtumer nos cœurs à goûter fon poison;
Car, ainfi quc Bacchus, il trouble la raifon.
Recitons-nous les maux que fes biens nous attirent.
Alcithoé fe tut, & fes foeurs applaudirent.

Aprés quelques momens, hauffant un peu la voix,
Dans Thebes, reprit-elle, on conte qu'autrefois
Deux jeunes cœurs s'aimoient d'une égale ten-
dreffe:

Pyrame, c'eft l'amant, eut Thisbé pour maitreffe: Jamais couple ne fut fi bien afforti qu'eux;

L'un bien-fait, l'autre belle, agreables tous deux, Tous deux dignes de plaire, ils s'aimerent fans peine;

D'autant plûtôt épris, qu'une invincible haine
Divifant leurs parcns, ces deux Amans unit,
Et concourut aux traits dont l'Amour fe fervit.
Le hazard, non le choix, avoit rendu voisines
Leurs maifons où regnoient ces guerres inteftines:
Ce fut un avantage à leurs defirs naiffans.
Le cours en commença par des jeux innocens;
La premiere étincelle eut embrafé leur ame

Qu'ils ignoroient encor ce que c'étoit que flâme.
Chacun favorifoit leurs tranfports mutuels,
Mais c'étoit à l'infçu de leurs parens cruels.

La défenfe eft un charme, on dit qu'elle affaifonne Les plaifirs, & fur tout ceux que l'amour nous donne.

3.

D'un des logis à l'autre, elle inftruifit du moins
Nos Amans à fe dire avec figne leurs foins.
Ce leger reconfort ne les put fatisfaire
Il falut recourir à quelque autre mystere.
Un vieux mur entr'ouvert feparoit leurs maifons,
Le temps avoit miné fes antiques cloifons.
Là fouvent de leurs maux ils déploroient la caufe;
Les paroles paffoient; mais c'étoit peu de chofe.
Se plaignant d'un tel fort, Pirame dit un jour,
Chere Thisbé, le Cicl veut qu'on s'aide en amour;
Nous avons à nous voir une peine infinie;
Fuïons de nos parens l'injufte tyrannic:

J'en ai d'autres en Grece, ils fe tiendront heureux
Que vous daignicz chercher un azile chez eux;
Leur amitié, leurs biens, leur pouvoir, tout m'in-

vite

A prendre le parti dont je vous follicite.
C'eft vôtre feul repos qui me le fait choifir,
Car je n'ofe parler, helas! de mon defir;
Faut-il à vôtre gloire en faire un facrifice?
De crainte des vains bruits faut-il que je languiffe?
Ordonnez, j'y confens, tout me femblera doux ;;
Je vous aime, Thisbé, moins pour moi que pour

vous.

J'en pourrois dire autant, lui repartit l'Amante; Vôtre amour étant pure, encor que vchemente, Je vous fuivrai par tout: nôtre commun repos Ff

Me

Me doit mettre au-deffus de tous les vains propos;
Tant que de ma vertu je ferai fatisfaite, moch
Je rirai des difcours d'une langue indifcrete,
Et m'abandonnerai fans crainte à votre ardeur,
Contente que je fuis des foins de ma pudeur.
Jugez ce que fentit Pirame à ces paroles;
Je n'en fais point ici de peintures frivoles.
Suppléez au peu d'art que le Ciel mit en moi:
Vous-mêmes peignez-vous cet Amant hors de foi.
Demain, dit-il, il faut fortir avant l'Aurore;
N'attendez point les traits que fon char fait éclore,
Trouvez-vous aux degréz du terme de Cérés:
Là nous nous attendrons; le rivage est tout prés:
Une barque eft au bord 5 les Rameurs, le vent
même,

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Tout pour notre départ montre une hâte extrême;
L'augure en eft heureux, nôtre fort va changer;'
Et les Dieux font pour nous, fi je fçai bien juger.
Thisbé confent à tout, elle en donne pour gage
Deux baifers par le mur arrétez au paffage.
Heureux mur! tu devois fervir mieux leur defir;
Ils n'obtinrent de toi qu'une ombre de plaifir.
Le lendemain Thisbé fort & prévient Pirame;
L'impatience, helas! maîtreffe de fon ame,
La fait arriver feule & fans guide aux degrez;
L'ombre & le jour luttoient dans les champs azu-
rezhonda..

Une lionne vient, monftre imprimant la crainte
D'un carnage recent fa gueule eft toute teinte.
Thisbé fuit, & fon voile emporté par les airs,
Source d'un fort cruel, tombe dans ces deserts.
La lionne le voit, le fouille, le déchire, N
Et l'aïant teint de fang, aux forêts fe retire.

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