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La Critique en cela me va pouffer à bout,
Car c'eft une étrange femelle.

Rien ne nous fert d'entrer en raison avec elle.
Elle va m'alleguer que tout fait est sacré,
Je n'en difconviens pas, & me fçay pourtant gré,
D'alterer celui-cy, c'est à cette licence

Que je dois l'acte de clemence,

Par qui je donne aux Rois des leçons de bonté.
Tous ne reifemblent pas au noftre,
Le monde est un Marchand mêlé,
L'on y voit de l'un, & de l'autre.
Icy bas le beau ni le bon

Ne font eftimez tels, que par comparaifon.
LOUIS feul eft incomparable.

Je ne lui donne point un éloge affecté,
L'on fçait que j'ay toûjours entremêlé la Fable
De quelque trait de verité.
Revenons à l'Oyfeau, le fait eft memorable.

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Un Milan de fon nid antique poffeffeur,
Eftant pris vif par un Chaffeur,

D'en faire au Prince un don cet homme fe propofe.
-La rareté du fait donnoit prix à la chofe;
L'Oyfeau par le Chaffeur humblement prefenté;
(Si ce Conte n'eft apocrife):

Va tout droit imprimer. fa griffe
Sur le nez de Sa Majefté.

Quoy, fur le nez du Roy? Du Roy même en perfonne,

A

Peut-eftre il n'avoit lors ni Sceptre ni Couronne,
Quand il en auroit eu, ç'auroit efté tout un.
Le nez Royal fut pris comme un nez du commun.

Dire des Courtifans les clameurs & la peine,
Seroit fe confumer en efforts impuiffans.
Le Roy n'éclata point: les cris font indecens
A la Majefté fouveraine.

L'Oyfeau garda fon pofte: on ne peût feulement
Håter fon départ d'un moment.

Son Maiftre le rappelle, & crie & fe tourmente,
Chacun s'emprefle, & tous en vain.
On crut que jufqu'au lendemain
Ce maudit animal à la ferre infolente,
Nicheroit là malgré le bruit,

Et fur le nez facré voudroit paffer la nuit :
Tâcher de l'en tirer irritoit fon caprice.
Il quitte enfin le Roy, qui dit, laiffez aller
Ce Milan, & celuy qui m'a cru regaler.
Ils fe font acquitez tous deux de leur office,
L'un en Milan, & l'autre en Citoyen des Bois.
Pour moy qui fçais comment doivent agir les
Rois 7
Je les affranchis du fupplice,

gob

Et la Cour d'admirer, & Courtifans ravis.
D'admirer de tels traits, par eux fi mal fuivis.
Bien peu, même des Rois, prendroient un tel
modele,

D

Et le Veneur l'échapa belle,

Coupable feulement, tant lui que l'animal, D'ignorer le danger d'approcher trop le Maistre. Ils n'avoient appris à connoître

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Que les Hoftes des Bois; Eftoit-ce un fi grand

mal?

Si je craignois quelque cenfure.

H

Je citerois Pilpay touchant cette avanture, M Ses recits en ont l'air: il me feroit aifé

Dd

De

De la tirer d'un lieu par le Gange arrofé.
Là, nulle humaine creature

Ne touche aux animaux pour leur fang épanche
Le Roy même feroit fcrupule d'y toucher.
Sçavons nous, difént ils, fi cet Oyfeau de Pro
N'étoit point au Siege de Troye?

Peut-eftre y tint-il lieu de Prince ou de Heros
Des plus hupez, & des plus hauts.
Ce qu'il fut autrefois, il pourra l'eftre encore.
Nous croyons; aprés Pitagore,

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Qu'avec les animaux de forme nous changeon
Tantoft Milans, tantoft Pigeons,
Tantoft humains, qui volatilles
Ayant dans les airs leurs familles.
Comme l'on conte en deux façons
L'accident du Chaffeur, voicy l'autre maniere
Un certain Fauconnier ayant pris, ce dit-on,
A la chaffe un Milan, ce qui n'arrive guere,
En voulut au Roy faire un don

Comme de chofe finguliere.ie

Ce ças n'arrive pas quelquefois en cent ans,
one non plus ultra de la Fauconnerie.
Ce Chaffeur perce donc un gros de Courtisan
Plein de zele, échauffé s'il le fut de fa vie.
Par ce parangon des prefens

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Il croyoit fa fortune faite gomblox sid Lorfque fur ce Chaffeur l'animal fe rejette, C Et de fes ongles tour d'acier pol brae Sauvage encore & tout groffier:1 Hape le nez du pauvre Sire.

Mon

Lui d

chacun de 210nyinno si 2 ifans qui n'cult ry ? qua pumoy 15 mon

Je n'en euffe quitté ma part pour un Empire.
Qu'un Paperie, en bonne foy

Je ne l'ofe affeurer; mais je tiendrois un Roy
Bien malheureux s'il n'ofoit riré,
C'est le plaifir des Dieux. Jupiter rit auffi,
Bien qu'Homeresen fes verslui donne un noir
Suurfoucy, ul 11 217 905-

Cc Poëte affure en fon Hiftoire,
Qu'un Ris inextinguible en l'Olimpe éclata
Petit ni grand n'y refifta, 151iISE SI
Quand Vulcain clopinant s'en vint verser à boire.
Que le peuple immortel fuft affez grave ou non,
J'ay changé mon fujer avec jufte raifon

Car puis qu'il s'agit de morale.

Que nous cult du Chaffeur l'avanture fatale,

Enfeigné de nouveau

L'on

veu: de tout

Plus de fots Fauconniers, que de Rois indulgens. nom ob gon se novo

mitofi zes meologh 14 Joupligge & Bik PCCXXXIX.

Le Renard, les Mouches, & le

Heriffon

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AUxtraces de fon fang, un vieux hôte des bois,

Bleffé

Renard fin, fubtil, & matois,

par des Chaffeurs, & tombé dans la fange, Autrefois attira ce Parafite aîlé

Que nous avons Mouche appellé.

Il accufoit les Dieux, & trouvoit fort étrange
Que le fort à tel poinct le voulût affliger,

Dd 2

Et

Et le fift aux Mouches manger.

Quoi! fe jetter fur moi, fur moi le plus habile
De tous les Hôtes des Forêts?

Depuis quand les Renards font-ils un fi bon mets?
Et que me fert ma queue; eft-ce un poids inutile?
Va, le Ciel te confonde, animal importun;
Que ne vis-tu fur le commun?
Un Heriffon du voisinage,

k

Dans mes Vers nouveau perfonnage,
Voulut le délivrer de l'importunité
Du Peuple plein d'avidité.

Je les vais de mes dards enfiler par centaines,
Voifin Renard, dit-il, & terminer tes peines.
Garde-t'en bien, dit l'autre, ami ne le fais pas:
Laiffe-les, jete prie, achever leur repason
Ces animaux font faouls; une troupe nouvelle
Viendroit fondre fur moi, plus âpre & plus cru-
Joelle.

7 ob
Nous ne trouvons que trop de mangeurs ici bas:
Ceux-ci font Courtifans, ceux-là font Magiftrats.
Ariftote appliquoit cet Apologue aux Hommes.
Les exemples en font communs,

Sur tout au païs où nous fommes.

Plus telles gens font pleins, moins ils font impor

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