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rent. La Grenouille, leur dit-il, avoit invité le Rat à la venir voir; afin de lui faire traverfer l'onde, ellẹ l'attacha à fon pied. Dés qu'il fut fur l'eau, elle vouJut le tirer au fond, dans le deffein de le noyer, & d'en faire enfuite un repas. Le malheureux Rat refifta quelque peu de temps. Pendant qu'il fe debattoit fur l'eau, un Oyfeau de proye l'apperçeut, fondit fur lui, & l'aiant enlevé avec la Grenouille qui ne fe pût détacher, il fe repût de l'un & de l'autre. C'eft ainsi, Delphiens abominables, qu'un plus puiffant que nous me vangera: je periray; mais vous perirez auffi. Comme on le conduifoit au fupplice, il trouva moien de s'échaper, & entra dans une petite Chapelle dediée à Apollon. Les Delphiens l'en arracherent. Vous violez cet Afile, leur dit-il, parce que ce n'eft qu'une petite Chapelle; mais un jour viendra que vôtre mechanceté ne trouvera point de retraite feure, non pas même dans les Temples: il vous arrivera la même chofe qu'à l'Aigle, laquelle nonobftant les prieres de l'Efcarbot enleva un Lievre qui s'étoit refugié chez lui: la géneration de l'Aigle en fut punie jufque dans le giron de Jupiter. Les Delphiens peu touchez de tous ces Exemples, le precipiterent. Peu de temps aprés fa mort une pefte tres-violente exerça fur eux fes ravages. Ils demanderent à l'Oracle par quels moiens ils pourroient appaifer le courroux des Dieux. L'Oracle leur répondit qu'il n'y en avoit point d'autre que d'expier leur forfait, & fatisfaire aux Manes d'Efope. Auffi-tôt une Pyramide fut élevée. Les Dieux ne temoignerent pas feuls combien ce crime leur déplaifoit; les hommes vengerent auffi la mort de leur Sa ge. La Grece envoia des Commiffaires pour en informer, & en fit une punition rigoureufe.

FABLES

FABLES

CHOISIE S.

A MONSEIGNEUR

LE DAUPHIN.

E chante les Heros dont Efope eft le Pere. Troupe de qui l'Hiftoire,encor que menfongere,

Contient des veritez qui fervent de le-
çons.

Tout parle en mon Ouvrage, & même les Poiffons.
Ce qu'ils difent s'adreffe à tous tant que nous fommes.
Je me fers d'Animaux pour inftruire les Hommes.
ILLUSTRE REJETTON D'EN PRINCE aimé des Cieux,
Sur qui le Monde entier a maintenant les yeux,
Cy

Et

Et qui faifant fléchir les plus fuperbes Têtes,
Contera deformais les jours parfes Conquêtes??
Quelqu'autre te dira d'une plus forte voix
Les faits de tes Ayeux & les vertus des Rois.
Je vais t'entretenir de moindres Avantures,
Tetracer en ces-vers de legeres Peintures.
Et fi de t'agréer je n'emporte le prix,
J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris.

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2 FABLE LO

La Cigale & la Fourmi.

La

L

A Cigale ayant chanté

Tout l'Eté

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Se trouva fort dépourvue
Quand la bize fut venue.
Pas un feul petit morceau
De moûche ou de vermiffeau.
Elle alla crier famine
crier famineorT
Chez la Fourmi fa voifine;
La priant de lui prêter
Quelque grain pour fubfifter
Jufqu'à la faifon nouvelles
Je vous payray, lui dit-elle,
lui dit-elle,bel'opos
Avant l'Ouft, foi d'animal,
Interêt & principal,
La Fourmi n'eft pas préteufe:

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C'est

C'est-là fon moindre défaut.
Que faifiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteufe.
Nuit & jour à tout venant
Je chantois, ne vous déplaife.
Vous chantiez? j'en fuis fort aife
Et bien, danfez maintenant.

II.

Le Corbeau & le Renard.

Aître Corbeau fur un arbre perché

MTenoit en fon bec un fromage.

Maître Renard par l'odeur alleché Lui tint à peu prés ce langage. nok. Et bon jour, Monfieur le Corbeau. Que vous étes joli! que vous me femblez beau! Sans mentir, fi vôtre ramage

Se rapporté à votre plumage,

Vous étes le Phoenix des hôtes de ces bois.
A ces mots le Corbeau ne fe fent pas de joye:
Et pour montrer fa belle voix,

Il ouvre un large bec, laiffe tomber la proye.
Le Renard s'en faifit, & dit; Mon bon Monfieur,
Apprenez que tout flateur

Vit aux dépens de celui qui l'écoute.

Cette leçon vaut bien un fromage fans doute.
Le Corbeau honteux & confus

Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendroit plus.

III. La

III. .

La Grenouille qui fe veut faire auffi
groffe que le Bœuf.

U

Ne Grenouille vid un Boeuf,
Qui lui fembla de belle taille.

Elle qui n'étoit pas groffe en tout comme un œuf,
Envieufe s'étend, & s'enfle, & fe travaille,
Pour égaler l'animal en groffeur,
Difant, regardez bien ma fœur,

Eft-ce affez? dites moi, n'y fuis-je point encore?
Nenni. M'y voici donc? Point du tout. M'y voila.
Vous n'en approchez point. La chetive pecore,
S'enfa fi bien qu'elle creva.

Le monde et plein de gens qui ne font pas plus fages: Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Sci, gneurs;

Tout petit Prince a des Ambaffadeurs;
Tout Marquis veut avoir des Pages.

IV.

Les deux Mulets.

Eux Mulets cheminoient; l'un d'avoine chargé ;
L'autre portant l'argent de la Gabelle.

Celui-ci glorieux d'une charge fi belle,

N'eût

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