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DER

EXTRAIT

DU PRIVILEGE

PA

DU ROI.

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AR grace & Privilege du Roi, donné à Verfailles le vingt-huitiéme Decembre 1703. figné, Par le Roi en fon Confeil, BOUCHER; Il est permis à CLAUDE BARBIN Marchand Librai're, d'imprimer les Fables choifies du Sieur DE LA FONTAINE, qu'il a ci-devant imprimées; & ce pendant le temps & efpace de fix années, à commencer du jour que lesdites Fables feront achevées d'imprimer pour la premiere fois : avec défenfes à tous autres Libraires d'imprimer lesdites Fables, fur les peines portées par lefdites Lettres,

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Registre fur le Livre de la Communauté des Marchands Libraires de Paris, le 20. Fevrier 1704.

Signé, AUBOUYN Syndic. Achevé d'imprimer pour la première fois le premier jour de Mars

1704.

2

FABLES

FABLES CHOISIES.

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FABLE CCXXVII.

Les Compagnons d'Uliffe.
A Monfeigneur le Duc de
Bourgogne.

P

RINCE, l'unique objet du foin des
Immortels,

Souffrez que mon encens parfume
vos Autels.

Je vous offre un peu tard ces prefens
de ma Muse;

Les ans & les travaux me ferviront d'excufe:
Mon efprit diminuë, au lieu qu'à chaque inftant,
On apperçoit le vôtre aller en augmentant.
Il ne va pas, il court, il femble avoir des ailes :
Le Héros dont il tient des qualitez fi belles,
Dans le métier de Mars brûle d'en faire autant;
Il ne tient pas à luy que forçant la Victoire,
Il ne marche à pas de Géant

Dans la carriere de la Gloire.

Quelque Dieu le retient; c'eft nôtre Souverain,
Lui qu'un mois a rendu maître & vainqueur du

Rhin

Cette rapidité fut alors néceffaire:

Bb &

Peut

Peut-être elle feroit aujourd'hui temeraire.
Je m'en tais; auffi-bien les Ris & les Amours
Ne font pas foupçonnez d'aimer les longs dif

cours.

De ces fortes de Dieux vôtre Cour fe compose. Ils ne vous quittent point. Ce n'eft pas qu'aprés tout,

D'autres Divinitez n'y tiennent le haut bout;
Le fens & la raison y réglent toute chofe.
Confultez ces derniers fur un fait où les Grecs,
Imprudens & peu circonfpects,
S'abandonnerent à des charmes

Qui métamorphofoient en bêtes les humains.
Les Compagnons d'Uliffe, apres dix ans d'alar-

mes,

Erroient au gré du vent, de leur fort incertains.
Ils aborderent un rivage

Où la fille du Dieu du Jour,
Circé, tenoit alors fa Cour.

Elle leur fit prendre un breuvage
Délicieux, mais plein d'un funefte poifon.
D'abord ils perdent la raifon :
Quelques momens aprés leur corps & leur vifage
Prennent l'air & les traits d'animaux differens.
Les voilà devenus Ours, Lions, Elephans;
Les uns fous une maffe énorme,
Les autres fous une autre forme:
Il s'en vid de petits, exemplum ut Talpa;
Le feul Uliffe en échappa.

Il fçut fe défier de la liqueur traîtreffe.
Comme il joignit à la fageffe

La mine d'un Héros & le doux entretien,
Il fit tant que l'Enchantereffe

Prit un autre poifon peu different du fien.
Une Déeffe dit tout ce qu'elle a dans l'ame;
Celle-cy déclara fa flâme,

Uliffe étoit trop fin pour ne pas profiter
D'une pareille conjoncture.

Il obtint qu'on rendroit à ces Grecs leur figure. Mais la voudront-ils bien, dit la Nymphe, accepter;

Allez-le propofer de ce pas à la troupe.
Uliffe y court, & dit: L'Empoisonneuse coupe
A fon remede encore, & je viens vous l'offrir:
Chers amis, voulés-vous hommes redevenir?
On vous rend déja la parole..

Le Lion dit, penfant rugir,
Je n'ai pas la tête fi folle.

Moi renoncer aux dons que je viens d'acquerir; J'ai griffe & dent, & mets en pieces qui m'attaque:

Je fuis Roi, deviendrai-je un Citadin d'Itaque ?
Tu me rendras, peut-être, encor fimple Soldat:
Je ne veux point changer d'état.

Uliffe du Lion court à l'Ours: Eh, mon frere,
Comme te voilà fait! Je t'ai vu fi joli,
Ah! vraiment nous y voici,

Reprit l'Ours à fa maniere;

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Comme me voilà fait! Comme doit être un Ours. Qui t'a dit qu'une forme eft plus belle qu'une autre?

Eft-ce à la tienne à juger de la nôtre?

Je me rapporte aux yeux d'une Ourse mes

amours.

Te déplais-je? va t'en, fui ta route & me laiffe: Je vis libre, content, fans nul foin qui me preffe;

Et

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