UNe Souris craignoit un Chat,
Qui des long-temps la guettoit au paffage. Que faire en cet eftat? Elle pradente & fage; Confulte fon Voifin; c'étoit un mailtre Rat Dont la Rateufe Seigneurie
S'étoit logée en bonne Hoftelleric, Et qui cent fois s'étoit vanté; dit-on, De ne craindre de Chat ni Chate, Ni coup de dent, ni coup de pate. Dame Souris, lui dit ce Fanfaron, Ma foy, quoique je faffe
Seul je ne puis chaffer le Chat qui vous menace Mais affemblons tous les Rats d'alentour, Je lui pourray jouër d'un mauvais tour. La Souris fait une humble reverence, Et le Rat court en diligence.
A l'Office, qu'on nomme autrement la Dépense, Où maints Rats assemblez
Faifoient aux frais de l'Hofte une entiere bombance.
Il arrive les fens troublez, Et tous les poumons effouflez.
Qu'avez-vous donc, lui dit un de ces Rats; parlez.
En deux mots, répond-il, ce qui fait mon voyage C'eft qu'il faut promptement fecourir la Souris, Car Raminagrobis
Fait en tous lieux un étrange carnage. Ce Chat, le plus diable des Chats,
S'il manque de Souris, voudra manger des Rats. Chacun dit, il cft vray. Sus, fus, courons aux
Quelques Rates, dit-on, répandirent des larmes, N'importe, rien n'arrefte un fi noble projet, Chacun fe met en équipage;
Chacun met dans fon fac un morceau de fromage, Chacun promet enfin de rifquer le paquet. Ils alloient tous comme à la Felte, L'efprit content, Ic cœur joyeux. Cependant le Chat plus fin qu'eux, Tenoit déja la Souris par la tefte. Ils s'avancerent à grands pas Pour fecourir leur bonne Amie. Mais le Chat qui n'en démord pas, Gronde, & marche au devant de la Troupe ennemic. A ce bruit, nos tres-prudens Rats Craignant mauvaise destinée,
Font, fans pouffer plus loin leur prétendu fracas, Une retraité fortunée,
Chaque Rat rentre dans fon trou,
Et fi quelqu'un en fort, gare encor le Matou.
ET LES GRENOUILLES. ET LES GR
Imitation d'une Fable Latine.
Es Filles du Limon tiroient du Roy des Aftres Affiftance & protection.
Guerre ni pauvreté, ni femblables defaftres Ne pouvoient approcher de cette Nation. Elle faifoit valoir en cent lieux fon Empire. Les Reines des Etangs, Grenouilles veux-je dire, (Car que coufte-t'il d'appeller
Les chofes par noms honorables?) Contre leur Bienfaiteur oferent cabaler, Et devinrent infupportables. L'imprudence, l'orgueil, & l'oubli des bienfaits, Enfans de la bonne fortune,
Firent bien-toft crier cette Troupe importune; On ne pouvoit dormir en paix.
Si l'on cuft cru leur murmure Elles auroient par leurs cris Soulevé grands & petits,
Contre l'œil de la nature.
Le Soleil, à leur dire, alloit tout confumer,
3J Il falloit promptement s'armer,
Et lever des Troupes puiffantes,
Auffi-toft qu'il faifoit un pas. Ambaffades croaffantes Alloient dans tous les Etats. A les oüir, tout le monde, Toute la machine ronde, Rouloit fur les interests De quatre méchants Marais. Cette plainte temeraire Dure toûjours, & pourtant Grenouilles doivent fe taire, Et ne murmurer pas tant. Car fi le Soleil fe pique, It le leur fera fentir. La Republique Aquatique Pourroit bien s'en repentir.
A LEURS ALTESSES SERENISSIMES
Tymenée & l'Amour vont conclure un Traité,
Hqui les doit rendre Amis pendant longues
BOURBON, jeune Divinité,
CONTY, jeune Heros, joignent leurs deftinées. CONDE' l'avoit, dit-on, en mourant fouhaité; Ce Guerrier qui tranfmet à fon Fils en partage Son efprit, fon grand cœur, avec un heritage Dont la grandeur non plus n'eft pas à méprifer, Contemple avec plaifir de la Voute Etherée, Que ce noeud s'accomplit, que le Prince l'agrée, Que LOUIS aux Condé ne peut rien refuser. Hymenée eft vêtu de fes plus beaux atours. Tout rit autour de lui, tout éclate de joye. Il defcend de l'Olimpe environné d'Amours, Dont CONTY doit eftre la proye. Venus à BOURBON Ics envoye,
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