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N'agitoit pas encor chez eux cette nouvelle.
Qu'importe à ceux du Firmament

Qu'on foit Mouche ou bien Eléphant?
Il fe vid donc réduit à commencer luy même.
Mon coufin Jupiter, dit-il, verra dans peu
Un affez beau combat de fon Throne fupreme.
Toute la Cour verra beau jeu.

Quel combat? dit le Singe avec un front severe.
L'Eléphant repartit: Quoy vous ne fçavez pas
Que le Rinoceros me difpute le pas?
Qu'Eléphantide a guerre avecque Rinocere?
Vous connoiffez ces lieux, ils ont quelque renom.
Vrayment je fuis ravi d'en apprendre le nom,
Repartit Maître Gille, on ne s'entretient guere
De femblable fujets dans nos vaftes Lambris.
L'Eléphant honteux & furpris,

Luy dit: & parmy nous que venez-vous donc faire?

Partager un brin d'herbe entre quelques Fourmis. Nous avons foin de tout: Et quant à vôtre affaire, On n'en dit rien encor dans le confeil des Dieux. Les petits & les grands font égaux à leurs yeux. ›

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Le Sage fe retourne, & lui dit: mon ami,
C'eft fort bien fait à toy, reçoy cet écu-cy:
Tu fatigues affez pour gagner davantage.
Toute peine, dit-on, eft digne de loyer.
Voy cet homme qui paffe; il a dequoy payer;
Adreffe luy tes dons; ils auront leur falaire.
Amorcé par le gain nôtre Fou s'en va faire
Même infulte à l'autre Bourgeois.
On ne le paya pas en argent cette fois.
Maint Eftafier accourt: on vous happe nôtre hom-

me,

On vous l'échine, on vous l'affomme.

Auprés des Rois il eft de pareils Fous.
A vos dépens ils font rire le Maître.
Pour reprimer leur babil irez vous
Les mal-traiter? vous n'êtes pas peut-être
Affez puiffant. Il faut les engager
A s'addreffer à qui peut fe vanger.

CCXXIII.

LE RENARD ANGLOIS

L

A Madame Hervay.

E bon cœur eft chez vous compagnon du bon fens,

Avec cent qualitez trop longues à deduire,

Une

Une nobleffe d'ame, un talent pour conduire
Et les affaires & les gens.

Une humeur franche & libre, & le don d'être
Jamie

Malgré Jupiter même, & les temps orageux.
Tour cela meritoit un éloge ponipeux;
Il en eût été moins felon vôtre genie;
La pompe vous déplaît, l'éloge vous ennuye:..
J'ay donc fait celuy-cy court & fimple. Je veux
Y coudre encore un mot ou deux

En faveur de vôtre Patrie:

Vous l'aimez. Les Anglois penfent profondément,
Leur efprit en cela fuit leur tempéramment.
Creufant dans les fujets, & forts d'experiences,
Ils étendent par tout l'empire des Sciences.
Je ne dis point cecy pour vous faire ma Cour ;
Vos gens à penetrer l'emportent fur les autres:
Même les Chiens de leur féjour

Ont meilleur nez que n'ont les nôtres.
Vos Renards font plus fins. Je m'en vais le prou-

ver 1

Par un d'eux qui pour fe fauver
Mit en ufage un stratagême

Non encor pratiqué; des mieux imaginez.
Le fcelerat reduit en un peril extrême,

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Et presque mis à bout par ces Chiens au bon nez, Paffa prés d'un patibulaire.

Là des animaux ravissans, : 2

Blereaux, Renards, Hiboux, race encline à malfai

re,

Pour l'exemple pendus inftruifoient les paffans. Leur confrere aux abois entre ces morts s'arrange. Je crois voir Annibal qui preffé des Romains,

Aa 3

Met

1

Met leurs Chefs en défaut, ou leur donne le chan

ge,

Et fçait en vieux Renard s'échaper de leurs mains.
Les Chefs de meute parvenuës

A l'endroit où pour mort le traître fe pendit,
Remplirent l'air de cris: leur maître les rompit,
Bien que de leurs abois ils perçaffent les nuës.
Il ne pût foupçonner ce tour affez plaisant.
Quelque terrier, dit-il, a fauvé mon galant.
Mes Chiens n'appellent point au delà des colon:

nes

Où font tant d'honnêtes perfonnes.
Il y viendra le drôle. Il y vint, à fon dam
Voila maint baflet clabaudant;

Voila nôtre Renard au charnier fe guindant.
Maître pendu croyoit qu'il en iroit de même
Que le jour qu'il tendit de semblables panneaux ;
Mais le pauvret ce coup y laiffa fes houzeaux ;
Tant il eft vray qu'il faut changer de ftratagême.
Le Chaffeur, pour trouver la propre fûreté,
N'auroit pas cependant un tel tour inventé;
Non point par peu d'efprit; eft-il quelqu'un qui
nie,

Que tout Anglois n'en ait bonne provifion?
Mais le peu d'amour pour la vie,
Leur nuit en mainte occasion.

Je reviens à vous, non pour dire
D'autres traits fur vôtre füjet ;
Tout long éloge eft un projet
Peu favorable pour ma Lire:

Peu de nos chants, peu de nos vers
Par un encens flateur ampfent l'Univers;

Et

Et fe font écouter des Nations étranges:
Votre Prince vous dist un jour,
Qu'il aimoit mieux un trait d'amour
Que quatre pages de loüanges.
Agréez feulement le don que je vous fais
Des derniers efforts de ma Mufe:
C'eft peu de chofe; elle eft confufe
De ces Ouvrages imparfaits.
Cependant ne pourriez-vous faire
Que le même hommage pût plaire,
A celle qui remplit vos climats d'habitans
Tirez de l'Ife de Cythere?

Vous voyez par là que j'entens
Mazarin des Amours Déeffe tutelaire.

C

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