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CCXVIII.

LE RENARD, ET LES

POULETS D'INDE. ⠀

Ontre les affauts d'une Renard

Cont

Un arbre à des Dindons fervoit de citadelle. Le perfide ayant fait tout le tour du rempart Et vieu chacun en fentinelle,

S'écria: quoy ces gens fe mocqueront de moy!
Eux feuls feront exempts de la commune lay!
Non, par tous les Dieux, non. Il accomplit fon
dire.

La Lune alors luifant fembloit contre le Sire,
Vouloir favorifer la Dindonniere gent.

Luy qui n'étoit novice au metier d'affiegeant
Eut recours à fon fac de rufes fcelerates:
Feignit vouloir gravir, fe guinda fur fes pat-

tes

Puis contrefit le mort, puis le reffufcité.
Harlequin n'eut executé.

Tant de differens perfonnages.

Il élevoit fa queue, il la faifoit briller,
Et cent mille autres badinages,

Pen

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L'ennemy les laifoit en leur tenant la veuë
Sur même objet toûjours tenduë.
Les pauvres gens étant à la longue éblouis,
Toujours il en tomboit quelqu'un; autant de
pris;

Autant de mis à part; prés de moitié fuccombe,

Le Compagnon les porte en fon garde manger.
Le trop d'attention qu'on a pour le danger
Fait le plus fouvent qu'on y tombe.
IT

CCXIX.

LESINGE.

Left un Singe dans Paris

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A qui l'on avoit donné femme.
Singe en effet d'aucuns maris,
Il la battoit: La pauvre Dame

En a tant foupiré qu'enfin elle n'eft plus.
Leur fils fe plaint d'étrange forte,
Il éclate en cris fuperflus:

Le pere en rit; fa femme eft morte,
Il a déja d'autres-amours

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Que l'on croit qu'il battra toûjours.nlm Il hante la taverne, & fouvent il s'enyvre.

N'at

N'attendez rien de bon du peuple imitateur?.7
Qu'il foit Singe, ou qu'il faffe un Livre.
La pire efpece c'eft l'Auteur.

CCXX.

LE PHILOSOPHE

SCITH E.

N Philofophe auftere, & né dans la Scithie,

UN

Se propofant de fuivre une plus douce vie, Voyagea chez les Grecs, & vid en certains lieux Un Sage affez femblable au vieillard de Virgile, Homme égalant les Rois, homme approchant des Dieux.

"

Et comme ces derniers fatisfait & tranquile!
Son bonheur confiftoit aux beautez d'un Jardin.
Le Scithe l'y trouva, qui la ferpe à la main
De fes Arbres à fruit retranchoit l'inutile, i
Ebranchoit, émondoit, ôtoit ceci, cela,
Corrigeant par tout la Nature

Exceffive à payer fes foins avec ufure. de li
Le Scithe alors luy demanda

!

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Pourquoy cette ruïne: Eftoit-il homme fage
De mutiler. ainfi ces pauvres habitans? >
Quittez moy vôtre ferpe, inftrument de dommage.

-16

Laillez

Laiffez agir la faux du temps:
Ils iront affez-tôt border le noir rivage.
J'ôte le fuperflu, dit l'autre, & l'abatant
Le reste en profite d'autant.

Le Scithe retourné dans fa trifte demeure

Prend la ferpe à fon tour, coupe & taille à toute heure ;

Confeille à fes voifins, prefcrit à fes amis
Un univerfel abatis.

Il ôte de chez luy les branches les plus belles,
Il tronque fon Verger contre toute raison,
Sans obferver temps ni faifon,

Lunes ni vieilles ni nouvelles. Tout languit & tout meurt. Ce Scithe exprime bien

Un indifcret Stoicien.

Celuy-cy retranche de l'ame

Defirs & paffions, le bon & le mauvais,
Jufqu'aux plus innocens fouhaits.

Contre de telles gens, quant à moy je reclame.
Ils ôtent à nos cœurs le principal reffort.
Ils font ceffer de vivre avant que l'on foit mort.

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CCXXI.

L'ELEPHANT ET LE

SINGE DE JUPITER."

Utrefois l'Elephant & le Rinoceros,

A l'Empire,

Voulurent terminer la querelle en champ clos. Le jour en étoit pris quand quelqu'un vint leur dire

Que le Singe de Jupiter,

Portant un Caducée, avoit paru dans l'air.
Ce Singe avoit nom Gille, à ce que dit l'Hiftoire.
Auffi-tôt l'Elephant de croire

Qu'en qualité d'Ambassadeur
Il venoit trouver fa Grandeur.
Tout fier de ce fujet de gloire,

Il attend Maître Gille, & le trouve un peu lent,
A luy prefenter fa créance.

Maître Gille enfin en paffant

Va faluër fon Excellence. L'autre étoit preparé fur la légation;

Mais pas un mot; l'attention

Qu'il croyoit que les Dieux euffent à fa que

relle

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