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L'adroit, le vigilant, & le fort font affis:
A la premiere, & les petits,
Mangent leur refte à la feconde.

P

CXCVI.

La Perdrix 5 les Cocs.

Armi de certains Cocs incivils, peu galans,
Toûjours en noife & turbulens,

Une Perdrix étoit nourric.

Son fexe & l'hofpitalité,

De la part de ces Cocs, peuple à l'amour porté,
Lui faifoient efperer beaucoup d'honnefteté:
Ils feroient les honneurs de la menagerie.
Ce peuple cependant fort fouvent en furie,
Pour la Dame étrangere ayant peu de refpec,
Lui donnoit fort fouvent d'horribles coups de bec.
D'abord elle en fut affligée;

Mais fi-tot qu'elle eut vû cette troupe enragée
S'entrebattre elle-même, & fe percer les flancs,
Elle fe confola. Ce font leurs moeurs, dit-elle,
Ne les accufons point; plaignons plûtôt ces gens.
Jupiter fur un feul modele

N'a pas formé tous les efprits.

Il est des naturels de Cocs & de Perdrix.
S'il dépendoit de moi, je pafferois ma vie !
En plus honnête compagnie.

Le maître de ces lieux en ordonne autrement.
Il nous prend aycc des tonnelles,

Nous loge avec des Coes,& nous coupe les ailes: C'eft de l'homme qu'il faut fe plaindre feulement. মে

CXCVII.

Le Chien à qui on a coupé les oreilles.

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U'ay-je fait pour me voir ainfi
Mutilé par mon propre maître?
Le bel état où me voici!

Devant les autres Chiens oferai-je parêtre?
O Rois des animaux, ou plutot leurs tyrans,
Qui vous feroit chofes pareilles?

Ainfi crioit Mouflar jeune dogue; & les gens
Peu touchez de fes cris douloureux & perçáns,
Venoient de lui couper fans pitié les oreilles.
Mouflar y croyoit perdre: Il vit avec le temps
Qu'il y gagnoit beaucoup; car étant de nature
A piller fes pareils, mainte mesaventure
L'auroit fait retourner chez lui {

Avec cette partie en cent lieux alterée;

Chien hargneux à toûjours l'oreille déchirée.
Le moins qu'on peut laiffer de prife aux dents d'autrui
C'eft le mieux.Quand on n'a qu'un endroit à défendre,
On le munit de peur d'efclandre::

Témoin maître Mouflar armé d'un gorgerin;
Du refte ayant d'oreille autant que fur ma main,
Un Loup n'eut fçu par où le prendre.

CXCVIII. Le

DE de

CXCVIII.

Le Berger & le Roi.

Eux demons à leur gré partagent notre vie,
Et de fon patrimoine ont chaffé la raifon.
Je ne vois point de cœur qui ne leur facrific.
Si vous me demandez leur état & leur nom,
J'appelle l'un, Amour; & l'autre, Ambition.
Cette derniere étend le plus loin fon empire 3
Car même elle entre dans l'amour.

Je le ferois bien voir : mais mon but eft de dire
Comme un Roi fit venir un Berger à fa Cour.
Le conte eft du bon temps, non du fiécle où nous fom-

mes.

Ce Roi vit un troupeau qui couvroit tous les champs,
Bien broutant; en bon corps, rapportant tous les ans,
Grace aux foins du Berger, de tres-notables fommes.
Le Berger plût au Roi par ces foins diligens.

Tu merites, dit-il, d'être Pasteur de gens;
Laiffe-là tes moutons, vien conduire, des hommes.
Je te fais Juge Souverain.

Voilà nôtre Berger la balance à la main.
Quoi qu'il n'eut gueres vû d'autres gens qu'un Hermi-

te,

Son troupeau, fes mâtins, le loup, & puis c'est tout,
Il avoit du bon fens, le refte vient en fuite.

Bref il en vint fort bien à bout.
L'Hermite fon voifin accourut pour lui dire:
Veillai-je, & n'eft-ce point un fonge que je vois ?
X 2

Vous

Vous favori! vous grand! défiez-vous des Rois:
Leur faveur eft gliffante, on s'y trompe; & le pire,
C'est qu'il en coûte cher; de pareilles erreurs
Ne produifent jamais que d'illuftres malheurs.
Vous ne connoiffez pas l'atrait qui vous engage.
Je vous parle en ami. Craignez tout. L'autre rit,
Et nôtre Hermite poursuivit :

Voiez combien déja la Cour vous rend peu fage.
Je crois voir cet aveugle, à qui dans un voyage
Un ferpent engourdi de froid

Vint s'offrir fous la main; il le prit pour un fouet.
Le fien s'étoit perdu tombant de fa ceinture.
Il rendoit grace au Ciel de l'heureuse avanture,
Quand un paffant cria: Que tenez-vous? & Dieux!
Jettez cet animal traître & pernicieux,

Ce ferpent. C'est un foüet. C'est un serpent, vous dis-je:

A me tant tourmenter quel intérêt m'oblige?
Pretendez-vous garder ce trefor? Pourquoi non?
Mon fouët étoit afé; j'en retrouve un fort bon;
Vous n'en parlez que par envie.

L'aveugle enfin ne le crut pas,
Il en perdit bientôt la vic:

L'animal dégourdi piqua fon homme au bras.
Quant à vous, j'ofe vous prédire

Qu'il vous arrivera quelque chofe de pire.
Eh, que me fauroit-il arriver que la mort?
Mille dégouts viendront, dit le Prophete Hermitc.
11 en vint en effet; l'Hermite n'eut pas tort.
Mainte pefte de Cour, fit tant par maint reffort,
Que la candeur du Juge, ainfi que fon merite,
Furent fufpects au Prince. On cabale, on fufcite
Accufateurs & gens grevez par fes arrefts.

D

De nos biens, dirent-ils, il s'eft fait un Palais:
Le Prince voulut voir fes richeffes immenfes,
Il ne trouva par tout que mediocrité,
Louanges du defert & de la pauvreté ;
C'étoient-là fes magnificences.

Son fait, dit-on, confifte en des pierres de prix.
Un grand coffre en eft plein, fermé de dix ferrures,
Lui-même ouvrit ce coffre, & rendit bien furpris
Tous les machineurs d'impostures.

Le coffre étant ouvert, on y vit des lambeaux,
L'habit d'un gardeur de troupeaux,
Petit chapeau, jupon, panetiere, houlette,
Et je penfe auffi fa mufette.

Doux trefors, ce dit-il, chers gages qui jamais
N'atirâtes fur vous l'envie & le menfonge,
Je vous reprens: fortons de ces riches Palais
Comme l'on fortiroit d'un fonge.

Sire, pardonnez moi cette exclamation.
J'avois préveu ma cheute en montant fur le faîte.
Je m'y fuis trop complû; mais qui n'a dans la tête
Un petit grain d'ambition?

CXCIX.

Les Poiffons & le Berger qui jouë
de la flute.

T

Yrcis qui pour la feule Annette
Faifoit refonner les accords

D'une voix & d'une mufette.

X 3

Capa

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