Le heraut du Printemps luy demande la vie. Je vous raconteray Terée & fon envie. Qui, Terée! eft-ce un mets propre pour les Milans? Vraiment nous voici bien, lors que je fuis à jeun. J'en parle bien aux Rois: Quand un Roy te prendra, Q CLXXXVII. Le Berger & fon Troupeau. Uoi toûjours il me manquera Quelqu'un de ce peuple imbecille! Toujours le Loup m'en gobera! J'aurai beau les compter: Ils étoient plus de mille, Et m'ont laiffé ravir nôtre pauvre Robin; Robin mouton qui par la ville Me fuivoit pour un peu de pain, Et qui m'auroit fuivi jufques au bout du monde. Helas de ma mufette il entendoit le fon : Il me fentoit venir de cent pas à la ronde. Les chefs, la multitude, & jufqu'au moindre agneau, Un Loup parut, tout le troupeau s'enfuit. Ils promettront de faire rage; Mais au moindre danger adieu tout leur courage: Vôtre exemple & vos cris ne les retiendront pas. CLXXXVIII. DIS IM CLXXXVIII. DISCOURS à Madame de la Sabliere. RIS, je vous loüerois; il n'eft que trop aifé, Mais vous avez cent fois nôtre encens refusé, En cela peu femblable au refte des mortelles Qui veulent tous les jours des loüanges nouvelles. Pas une ne s'endort à ce bruit fi flateur. Je ne les blame point, je fouffre cette humeur; Elle eft commune aux Dieux, aux Monarques, aux belles. Ce breuvage vanté par le peuple rimeur, Où le hazard fournit cent matieres diverfes: La bagatelle à part: le monde n'en croit rien. La bagatelle, la fcience, Les chimeres, le rien, tout eft bon: Je foûtiens C'est un parterre, où Flore épand fes biens; Et Et fait du miel de toute chofe. Ce fondement pofé ne trouvez pas mauvais, Subtile, engageante, & hardie On l'apelle nouvelle. En aves-vous ou non Que la béte eft une machine; Qu'en elle tout fe fait fans choix & par refforts: Nul fentiment, point d'ame, en elle tout eft corps; Telle eft la montre qui chemine A pas toûjours égaux, aveugle & fans deffein, Mainte roue y tient lieu de tout l'efprit du monde, Ce lieu frapé s'en va tout droit Selon nous au voifin en porter la nouvelle; Sans paffion: fans volonté: De mouvemens que le vulgaire apelle Trifteffe, joye, amour, plaifir, douleur cruelle, Ou quelque autre de ces états; Mais ce n'eft point cela; ne vous y trompez pas. Qu'est-ce donc? une montre; & nous? c'eft autre chofe Voici de la façon que Defcartes l'expofe; Chez Chez les Payens, & qui tient le milieu Entre l'homme & l'efprit, comme entre l'huitre & P'homme Le tient tel de nos gens, franche béte de fomme Sur l'objet, ni fur fa pensée. Vous n'étes point embaraffée De le croire, ni moi. Cependant quand aux bois A confondre, & brouiller la voie, Dignes des plus grands chefs,dignes d'un meilleur fort! On le déchire aprés fa mort Ce font tous les honneurs fuprêmes. Quand la Perdrix Void fes petis! En danger, & n'aiant qu'une plume nouvelle, |