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Une meute appaifa la noise.

Le Chat dit au Renard: Foüille en ton fac ami: Cherche en ta cervelle matoife

Un ftratagême für: Pour moy, voici le mien.
A ces mots fur un arbre il grimpa bel & bien.
L'autre fit cent tours inutiles,

Entra dans cent Terriers, mit cent fois en defaut
Tous les confreres de Brifaut.
Par tout il tenta des aziles;

Et ce fut par tout fans fuccés;

La fumée y pourveut ainsi que les baffets.
Au fortir d'un Terrter deux chiens aux pieds agiles
L'étranglerent du premier bond.

Le trop d'expediens peut gâter une affaire;
On perd du temps au choix, on tente, on veut tout
faire.

N'en ayons qu'un, mais qu'il foit bon,

CLXXXIII.

Le Mary, la Femme, & le Voleur.

UN Mary fort amoureux,

Fort amoureux de fa femme,

Bien qu'il fût jouïffant fe croioit malheureux.
Jamais œillade de la Dame,

Propos flateur & gracieux,

Mot d'amitié, ni doux foûrire,

Déïfiant le pauvre Sire,

N'avoient fait foupçonner qu'il fut vrayment cheri,

Je le crois, c'étoit un mary.

Il ne tint point à l'hymenée
Que content de fa destinée
Il n'en remerciât les Dieux;
Mais quoy? Si l'amour n'affaifonne
Les plaifirs que l'hymen nous donne,
Je ne vois pas qu'on en foit mieux,
Notre épouse étant donc de la forte bâtie,
Et n'ayant careffé fon mary de fa vic,
Il en faifoit fa plainte une nuit. Un voleur
Interrompit la doleance,

La pauvre femme eut fi grand peur,
Qu'elle chercha quelque affurance
Entre les bras de fon époux.

Amy Voleur, dit-il, fans toy ce bien fi doux
Me feroit inconnu; Pren done en recompenfe
Tout ce qui peut chez nous étre à ta bienfeance:
Pren le logis auffi. Les voleurs ne font pas
Gens honteux ni fort delicats:
Celui-ci fit fa main. J'infere de ce conte
Que la plus forte paffion,

C'eft la peur; elle fait vaincre l'averfion;
Et l'amour quelquefois; quelquefois il la dompte;
J'en ay pour preuve cet amant,
Qui brûla fa maifon pour embraffer la Dame,
L'emportant à travers la flame;

J'aime affez cet emportement:

Le conte m'en a plû toûjours infiniment;
Il est bien d'une ame Efpagnole,
Et plus grande encore que folle,

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CLXXXIV.

Le Trefor, & les deux Hommes.

UN homme n'ayant plus ni credit, ni refource,
Et logcant le Diable en fa bourse,
C'est à dire, n'y logeant rien,
S'imagina qu'il feroit bien

De fe pendre, & finir lui-même fa mifere;
Puis qu'auffi bien fans lui la faim le viendroit faire.
Genre de mort qui ne duit pas

A gens peu curieux de gouter le trépas.
Dans cette intention une vieille mazure
Fut la fcene où devoit fe paffer l'aventure.
Il y porte une corde; & veut avec un clou
Au haut d'un certain mur attacher le licou.
La muraille vieille & peu forte,

S'ébranle aux premiers coups, tombe avec un trefor.
Notre défefperé le ramaffe, & l'emporte;
Laiffe là le licou; s'en retourne avec l'or;
Sans conter: ronde ou non, la fomme plût au firc.
Tandis que le galant à grands pas fe retire;
L'homme au trefor arrive & trouve fon argent
Abfent.

Quoi, dit-il, fans mourir je perdrai cette fomme?
Je ne me pendrai pas? & vraiment fi ferai,

Ou de corde je manquerai.

Le lacs étoit tout prêt, il n'y manquoit qu'un homme.
Celuy-ci fe l'attache, & fe pend bien & beau.
Ce qui le confola peut-étre,

Fut

Fut qu'un autre eût pour lui fait les frais du cordeau.
Auffi-bien que l'argent le licou trouva maître.
L'avare rarement finit fes jours fans pleurs.
Il a le moins de part au trefor qu'il enferre,
Thefaurizant pour les voleurs,

Pour fes parens, ou pour la terre.
Mais que dire du troc que la fortune fit?
Ce font là de fes traits; elle s'en divertit.
Plus le tour cft bizarre, & plus elle est contente.
Cette Déeffe inconftante

Se mit alors en l'efprit

De voir un homme fe pendre;
Et celuy qui fe pendit

S'y devoit le moins attendre.

BE

CLXXXV.

Le Singe, & le Chat.

Ertrand avec Raton, l'un Singe, & l'autre Chat,
Commenfaux d'un logis, avoient un commun
Maitre.

D'animaux mal-faifans c'étoit un tres-bon plat;
Ils n'y craignoient tous deux aucun,quel qu'il pût étre.
Trouvoit-on quelque chofe au logis de gâté?
L'on ne s'en prenoit point aux gens du voisinage
Bertrand déroboit tout; Raton de fon côté
Etoit moins attentif aux fouris qu'au fromage.
Un jour au coin du feu nos deux maîtres fripons
Regardoient rôtir des marons;

Le

Les efcroquer étoit une tres-bonne affaire;
Nos galands y voyoient double profit à faire,
Leur bien premierement, & puis le mal d'autrui.
Bertrand dit à Raton: Frere, il faut aujourd'hui
Que tu faffes un coup de maître.

Tire moi ces marons; Si Dieu m'avoit fait naître
Propre à tirer marons du feu,

Certes marons verroient beau-jeu.

Auffi-tôt fait, que dit: Raton avec sa pate
D'une maniere delicate

Ecarte un peu la cendre, & retire les doigts;
Puis les reporte à plufieurs fois;

Tire un maron, puis deux, & puis trois en efcroque,
Et cependant Berrand les croque.
Une fervante vient: adicu mes gens: Raton
N'étoit pas content, ce dit-on.

Auffi ne le font pas la plufpart de ces Princes
Qui flatez d'un pareil employ,

Vont s'échauder en des Provinces,

Pour le profit de quelque Roi.

A

CLXXXVI.

Le Milan & le Roffignol.

Prés que le Milan, manifefte voleur,
Eût répandu l'alarine en tout le voisinage,

Et fait crier fur luy les enfans du village,

Un Roffignal tomba dans fes mains, par malheur.

Lc

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