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Sa fille unique; Et vous jugez

Qu'étant de noce il faut malgré moy quej 'engraiffe. Le Loup le croit, le loup le laiffe;

Le Loup quelques jours écoulez

Revient voir fi fon Chien n'eft point meilleur à pren dre.

Mais le drôle étoit au logis.

Il dit au Loup par un treillis:
Amy, je vais fortir; Et, fi tu veux attendre:
Le portier du logis & moy

Nous ferons tout à l'heure à toy.
Ce portier du logis étoit un Chien énorme,
Expediant les Loups en forme.
Celuy-ci s'en douta. Serviteur au portier,
Dit-il, & de courir. Il étoit fort agile;
Mais il n'étoit pas fort habile;

Ce Loup ne fçavoit pas encor bien fon métier.

J

CLXXIX.

Rien de trop.

E ne vois point de creature
Se comporter moderément.
Il eft certain temperament

= Que le maître de la nature

Veut que l'on garde en tout. Le fait-on ? Nullement,
Soit en bien, foit en mal, cela n'arrive guere.
Le blé riche present de la blonde Cerés

Trop touffu bien fouvent épuife les guerets:
En fuperfluitez s'épandant d'ordinaire.

Et pouffant trop abondamment,

11 ôte à fon fruit l'aliment.

L'arbre n'en fait pas moins; tant le luxe fçait plaire.
Pour corriger le blé Dieu permit aux moutons
De retrancher l'excés des prodigues moiffons.
Tout au travers ils fe jetterent,
Gåterent tout, & tout brouterent;
Tant que le Ciel permit aux Loups
D'en croquer quelques-uns; ils les croquerent tous.
S'ils ne le firent pas, du moins ils y tâcherent:
Puis le Ciel permit aux humains

De punir ces derniers: les humains abuferent
A leur tour des ordres divins.

De tous les animaux l'homme a le plus de pente
A fe porter dedans l'excés:

Il faudroit faire le procés

Aux petits comme aux grands: Il n'est ame vivante Qui ne peche en ceci. Rien de trop, eft un point Dont on parle fans ceffe, & qu'on n'obferve point.

C

CLXXX.

Le Cierge.

l'eft du fejour des Dieux que les Abeilles viennent
Les premieres, dit-on, s'en allerent loger
Au mont a Hymette, & fe gorger

Des trefors qu'en ce lieu les Zephirs entretiennent
Quand on eut des palais de ces filles du Ciel
Enlevé l'ambroifie en leurs chambres enclose:
Ou, pour dire en François la chofe,

Apré

Aprés que les ruiches fans miel

N'eurent plus que la Cire, on fit mainte bougie:
Maint Cierge auffi fut façonné.

Un d'eux voyant la terre en brique au feu durcic,
Vaincre l'effort des ans; il eut la méme envie ;
Et nouvel Empedocle baux flâmes condamné
Par fa propre & pure folic,

Il fe lança dedans. Ce fut mal raisonné;
Ce Cierge ne favoit grain de Philofophic.
Tout en tout eft divers: ôtez-vous de l'efprit
Qu'aucun étre ait été compofé fur le vôtre.
L'Empedocle de cire au brafier fe fondit:
Il n'étoit pas plus fou que l'autre.

a Hymette étoit une montagne celebrée par les Poètes, fituée dans l'Attique, & où les Grecs recueilloient d'excellent miel.

b Empedocle étoit un Philofophe ancien, quine pouvant comprendre les merveilles du Mont Etna, fe jetta dedans par une vanité ridicule, & trouvant l'action belle, de peur d'en perdre le fruit, & que la pofterité ne l'ignorât, laiffa fes pantou es au pied du

Mont.

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CLXXXI.

Jupiter & le Passager.

Combien le peril enrichiroit les Dieux,
Si nous nous fouvenions des voeux qu'il nous
fait faire:

Mais le peril paffé l'on ne se fouvient guere
De ce qu'on a promis aux Cieux;

On conte feulement ce qu'on doit à la terre.
Jupiter, dit l'impie, est un bon creancier:
Il ne fe fert jamais d'Huiffier.

Eh! qu'eft ce donc que le tonnerre?
Comment appellez-vous ces avertiffemens?
Un Paffager pendant l'orage

Avoit voué cent Boeufs au vainqueur des Titans.
Il n'en avoit pas un: voüer cent Elephans
N'auroit pas coûté davantage.

Il brûla quelques os quand il fut au rivage.
Au nez de Jupiter la fumée en monta.
Sire Jupin, dit-il, pren mon vœu; le voilà:
C'est un parfum de Bœuf que ta grandeur respire.
La fumée eft ta part; je ne te dois plus rien,
Jupiter fit femblant de rire:

Mais aprés quelques jours le Dieu l'atrapa bien,
Envoyant un fonge lui dire,

Qu'un tel trefor étoit en tel lieu: L'homme au vœu Courut au trefor comme au feu.

Il trouva des voleurs, & n'ayant dans fa bourfe Qu'un écu pour toute reflource,

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Il leur promit cent talens d'or, Bien contez & d'un tel trefor. On l'avoit enterré dedans telle Bourgade. L'endroit parut fufpect aux voleurs; de façon Qu'à nôtre prometteur l'un dit: Mon camarade Tu te moques de nous, meurs, & va chez Pluton Porter tes cent talens en don.

CLXXXII.

Le Chat & le Renard.

E Chat & le Renard comme beaux petits faints,
S'en alloient en pelerinage.

C'étoient deux vrais Tartufs, deux archipatclins,
Deux francs Patc-pelus qui, des frais du voyage,
Croquant mainte volaille,efcroquant maint fromage,
S'indemnifoient à qui mieux mieux.

Le chemin étant long, & partant ennuyeux,
Pour l'accourcir ils difputerent.

La difpute eft d'un grand fecours;
Sans elle on dormiroit toûjours.
Nos Pelerins s'égolillerent.
Ayant bien difputé l'on parla du prochain.
Le Renard au Chat dit enfin:

Tu pretends étre fort habile:

En fais-tu tant que moy; J'ay cent rufes au fac.
Non, dit l'autre ; je n'ay qu'un tour dans mon biflac,
Mais je foutiens qu'il en vaut mille.

Eux de recommencer la difpute à l'envi.
Sur le que fi, que non, tous deux étant ainsi,

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