Obrazy na stronie
PDF
ePub

Le Singe avoir raifon; ce n'eft pas fur l'habit
Que la diverfité me plait, c'eft, dans l'efprit: 1
L'une fournit toûjours des chofes agreables;
L'autre en moins d'un moment laffe les regardans.
O que de grands Seigneurs au Leopard femblables
N'ont que l'habit pour tous talens!

CLXXII.

Le Glan & la Citroüille.

I

DIeu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la

preuve

En tout cet Univers, & l'aller parcourant,
Dans les Citrouilles je la treuve.

Un villageois confiderant

Combien ce fruit eft gros, & fa tige menuë,

A quoi fongeoit, dit-il, l'Auteur de tout

Il a bien mal placé cette Citrouille-là?
Hé! parbleu, je l'aurois, penduë
A l'an des chénes que voilà.

C'eût été justement l'affaire

Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.

cela?

C'est dommage, Garo, que tu n'és point entré Au confeil de celui que préche ton Curé;

Tout en eût été mieux: car pourquoi, par exemple, Le glan, qui n'eft pas gros comme mon petit doigt. Ne pend-il pas en cet endroit?.

Dieu s'eft mépris; plus je contemple

Ces fruits ainfi placez, plus il femble à Garo
Que l'on a fait un quiproquo

T

S

A

Cette

[ocr errors]

Cette reflexion embarraffant notre homme;
On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'efprit.
Sous up chêne auffi-rot il va prendre son somme.
Un glan tombe; le nez du dormeur en patit.
Jl s'éveille; & portant la main fur fon vifage,
Il trouve encor le Glan pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage;
Oh, oh, dit-il, je faigne! & que feroit-ce donc
S'il fut tombé de l'arbre une maffe plus lourde,"
Et que ce Glan eût été gourde?

Dieu ne l'a pas voulu: fans doute il eut raison;
J'en vois bien à préfent la caufe...
En loüant Dieu de toute chole
Garo retourne à la maison. Hold ti

[ocr errors]

CLXXIII.

L'Ecolier, le Pedant, & le Maître d'un Jardin.

CE

Ertain enfant qui fentoit fon College,
Doublement for, & doublement fripon
Par le jeune âge,& par le privilege
Qu'ont les Pedants de gâter la raifon..
Chez un voifin déroboit, ce ditson,
Et fleurs & fruits. Ce voifin en Automne
Des plus beaux dons que nous offre Pomone
Avoit la fleur, Jes autres le rebut.por
Chaque faifon apportoit fon tribút :itan
Car au Printemps il joüiffoit encore not y
S350

[ocr errors][merged small]

Des plus beaux dons que nous prefente Flore.
Un jour dans fon jardin il vit nôtre Ecolier,
Qui grimpant fans égard fur un arbre fruitier,
Gatoit jufqu'aux boutons; douce & frefle efperance,
Avant-coureurs des biens que promet l'abondance.
Méme il ébranchoit l'arbre: & fir tant à la fio.
Que le poffeffeur du jardin

Envoia faire plainte au maitre de la Claffe.
Celui-ci vint luivi d'un cortege d'enfans.
Voilà le verger plein de gens,

Pires que le premier. Le Pedant de fa grace
Accrût le mal en amenant

Cette jeuneffe mal-inftruite

!

Le tout, à ce qu'il dit, pour faire un châtiment
Qui pût fervir d'exemple; & dont toute fa fuite
Se fouvint à jamais comme d'une leçon.
Là-deffus il cita Virgile & Ciceron,

Avec force traits de fcience..

Son difcours dura tant que la maudite engeance
Eut le temps de gåter en cent lieux le jardin.
Je hais les pieces d'éloquence

Hors de leur place, & qui n'ont point de fin;
Et ne fais béte au monde pire! STA

Que l'Ecolier, fi ce n'eft le Pedant...

Le meilleur de ces deux pour voilin, à vrai dire, Ne me plairoit aucunement. Un

CLXXIV. Le

nob z...

CLXXIV.

Le Statuaire & la Statuë de Jupiter.

N bloc de marbre étoit si beau,
Qu'un Statuaire en fit l'emplete.
Qu'en fera, dit-il, mon cizcau?
Sera-t'il Dieu, table, ou cuvete?

Il fera Dieu; méme je veux
Qu'il ait en fa main un tonnerre.
Tremblez humains; Faites des vœux,
Voilà le maître de la Terre.

L'artifan exprima fi bien
Le caractere de l'Idole,

Qu'on trouva qu'il ne manquoit rien
A Jupiter que la parole.

[ocr errors]

Méme l'on dit que l'Ouvrier
Eut à peine achevé l'image,
Qu'on le vit frémir le premier,
Et redouter fon propre ouvrage.

A la foibleffe du Sculpteur.
Le Poëte autrefois n'en dût guere,
Des Dieux dont il fut l'inventour
Craignant la haine & la colere.

Il étoit enfant en ccei:

Les

1 Les enfans, n'ont l'ame occupée Que du continuel fouci

Qu'on ne fache point leur poupée.

Le cœur fuit aifément l'efprit:
De cette fource eft defcendue.
L'erreur Payenne qui fe vit
Chez tant de peuples répandue.

Ils embraffoient violemment
Les interêts de leur chimere.
Pigmalion devint amant

De la Venus dont il fut pere

Chacun tourne en realitez
Autant qu'il peut fes propres fonges:
L'homme eft de glace aux veritez,
Il eft de feu pour les menfonges;

[ocr errors]

DESCLXXV.

La Souris metamorphofée en fille.

Ne Souris tomba du bec d'un Chat-huapt:

Unespuse parama fee, un

Mais un Bramin le fit; je le crois ajfément:

Chaque païs a fa penfée.

La Souris étoit fort froiffée:

De cette forte de prochain

Nous nous foucions peu: mais le peuple Bramin

Le traite en frere; ils ont en téte

.A

Que

« PoprzedniaDalej »