Le Singe avoir raifon; ce n'eft pas fur l'habit Que la diverfité me plait, c'eft, dans l'efprit: 1 L'une fournit toûjours des chofes agreables; L'autre en moins d'un moment laffe les regardans. O que de grands Seigneurs au Leopard femblables N'ont que l'habit pour tous talens!
DIeu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la
En tout cet Univers, & l'aller parcourant, Dans les Citrouilles je la treuve.
Un villageois confiderant
Combien ce fruit eft gros, & fa tige menuë,
A quoi fongeoit, dit-il, l'Auteur de tout
Il a bien mal placé cette Citrouille-là? Hé! parbleu, je l'aurois, penduë A l'an des chénes que voilà.
C'eût été justement l'affaire
Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo, que tu n'és point entré Au confeil de celui que préche ton Curé;
Tout en eût été mieux: car pourquoi, par exemple, Le glan, qui n'eft pas gros comme mon petit doigt. Ne pend-il pas en cet endroit?.
Dieu s'eft mépris; plus je contemple
Ces fruits ainfi placez, plus il femble à Garo Que l'on a fait un quiproquo
Cette reflexion embarraffant notre homme; On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'efprit. Sous up chêne auffi-rot il va prendre son somme. Un glan tombe; le nez du dormeur en patit. Jl s'éveille; & portant la main fur fon vifage, Il trouve encor le Glan pris au poil du menton. Son nez meurtri le force à changer de langage; Oh, oh, dit-il, je faigne! & que feroit-ce donc S'il fut tombé de l'arbre une maffe plus lourde," Et que ce Glan eût été gourde?
Dieu ne l'a pas voulu: fans doute il eut raison; J'en vois bien à préfent la caufe... En loüant Dieu de toute chole Garo retourne à la maison. Hold ti
L'Ecolier, le Pedant, & le Maître d'un Jardin.
Ertain enfant qui fentoit fon College, Doublement for, & doublement fripon Par le jeune âge,& par le privilege Qu'ont les Pedants de gâter la raifon.. Chez un voifin déroboit, ce ditson, Et fleurs & fruits. Ce voifin en Automne Des plus beaux dons que nous offre Pomone Avoit la fleur, Jes autres le rebut.por Chaque faifon apportoit fon tribút :itan Car au Printemps il joüiffoit encore not y S350
Des plus beaux dons que nous prefente Flore. Un jour dans fon jardin il vit nôtre Ecolier, Qui grimpant fans égard fur un arbre fruitier, Gatoit jufqu'aux boutons; douce & frefle efperance, Avant-coureurs des biens que promet l'abondance. Méme il ébranchoit l'arbre: & fir tant à la fio. Que le poffeffeur du jardin
Envoia faire plainte au maitre de la Claffe. Celui-ci vint luivi d'un cortege d'enfans. Voilà le verger plein de gens,
Pires que le premier. Le Pedant de fa grace Accrût le mal en amenant
Cette jeuneffe mal-inftruite
Le tout, à ce qu'il dit, pour faire un châtiment Qui pût fervir d'exemple; & dont toute fa fuite Se fouvint à jamais comme d'une leçon. Là-deffus il cita Virgile & Ciceron,
Avec force traits de fcience..
Son difcours dura tant que la maudite engeance Eut le temps de gåter en cent lieux le jardin. Je hais les pieces d'éloquence
Hors de leur place, & qui n'ont point de fin; Et ne fais béte au monde pire! STA
Que l'Ecolier, fi ce n'eft le Pedant...
Le meilleur de ces deux pour voilin, à vrai dire, Ne me plairoit aucunement. Un
Le Statuaire & la Statuë de Jupiter.
N bloc de marbre étoit si beau, Qu'un Statuaire en fit l'emplete. Qu'en fera, dit-il, mon cizcau? Sera-t'il Dieu, table, ou cuvete?
Il fera Dieu; méme je veux Qu'il ait en fa main un tonnerre. Tremblez humains; Faites des vœux, Voilà le maître de la Terre.
L'artifan exprima fi bien Le caractere de l'Idole,
Qu'on trouva qu'il ne manquoit rien A Jupiter que la parole.
Méme l'on dit que l'Ouvrier Eut à peine achevé l'image, Qu'on le vit frémir le premier, Et redouter fon propre ouvrage.
A la foibleffe du Sculpteur. Le Poëte autrefois n'en dût guere, Des Dieux dont il fut l'inventour Craignant la haine & la colere.
1 Les enfans, n'ont l'ame occupée Que du continuel fouci
Qu'on ne fache point leur poupée.
Le cœur fuit aifément l'efprit: De cette fource eft defcendue. L'erreur Payenne qui fe vit Chez tant de peuples répandue.
Ils embraffoient violemment Les interêts de leur chimere. Pigmalion devint amant
De la Venus dont il fut pere
Chacun tourne en realitez Autant qu'il peut fes propres fonges: L'homme eft de glace aux veritez, Il eft de feu pour les menfonges;
La Souris metamorphofée en fille.
Ne Souris tomba du bec d'un Chat-huapt:
Unespuse parama fee, un
Mais un Bramin le fit; je le crois ajfément:
Chaque païs a fa penfée.
La Souris étoit fort froiffée:
De cette forte de prochain
Nous nous foucions peu: mais le peuple Bramin
Le traite en frere; ils ont en téte
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