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Percer Mars, le Soleil, & des vuides fans fin?
Un atome la peut détourner en chemin:
Où l'iront retrouver les faifeurs d'Horoscope?
L'état où nous voyons l'Europe,

Merite que du moins quelqu'un d'eux l'ait préveu,
Que ne l'a-t-il donc dit? mais nul d'eux ne l'a fceu.
L'immenfe éloignement, le point, & fa vîteffe.
Celle auffi de nos paffions,
Permettent ils à leur foibleffe
De fuivre pas à pas toutes nos actions?
Nôtre fort en dépend: fa course entresuivie,
Ne va non plus que nous jamais d'un méme pas;
Et ces gens veulent au compas,

Tracer le cours de nôtre vie !

Il ne fe faut point arréter

Aux deux faits ambigus que je viens de conter.
Ce fils par trop cheri, ni le bon homme Æfchile
N'y font rien. Tout aveugle & menteur qu'eft cet art,
Il peut frapper au but une fois entre mille;
Ce font des effets du hazard.

I

CLVIII.

L'Ane & le Chien.

L fe faut entr'aider; c'est la loi de nature:
L'Ane un jour pourtant s'en moqua.
Et ne fçais comme il y manqua;

Car il eft bonne creature.

Il alloit par pays accompagné du Chien,
Gravement, fans fonger à rien,

Tous

Tous deux fuivis d'un commun maître.
Ce maître s'endormit: l'Ane fe mit à paître.
Il étoit alors dans un pré,

Dont l'herbe étoit fort à fon gré.

Point de chardons pourtant; il s'en paffa pour l'heure:
Il ne faut pas toujours étre i deficit
Et faute de fervir ce plat
Rarement un feftin demeuse.

Nôtre Baudet s'en fecut enfin

Paffer pour cette fois. Le Chien mourant de faim
Lui dit cher compagnon, baiffe toi, je te pric;
Je prendrai mon diné dans le panier au pain..
Point de réponse, mot; le Rouffin d'Arcadie'
Craiguit qu'en perdant un moment,
Il ne perdit un coup de dent.

11 fit long-temps la fourde oreille:
Enfin il répondit Ami, je te confeille
D'attendre que ton maître ait fini fon fommeil,
Car il te donnera fans faute à fon réveil
Ta portion accoûtumée.

Il ne fauroit tarder beaucoup of

Sur ces entrefaites un Loup

Sort du bois, & s'en vient: autre béte affamée.
L'Ane appelle aufi-tôt le Chien à fon fecours.
Le Chien ne bouge, & dit, ami, je

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De fuir en attendant que ton inaire s'éveille:
te confeille
Il ne fauroit tarder; detale vifte, & cours.
Que fi ce Loup t'atteint, caffe lui la machoire.
On t'a ferré de neuf; & fi tu me veux croire,
Tu l'étendras tout plat. Pendant ce beau difcours
Seigneur Loup étrangla le Baudet fans remede.
Je conclus qu'il faut qu'on s'entraide.

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CLIX.

Le Baffa & le Marchand.

UN Marchand Grec en certaine contrée
Faifoit trafic. Un Baffa l'appuyoit;
Dequoi le Grec en Baffa le payoit,
Non en Marchand: tant c'est chere denrée
Qu'un protecteur. Celui-ci coûtoit tant,
Que notre Grec s'alloit par tout plaignant.
Trois autres Turcs d'un rang moindre en puiffance
Lui vont offrir leur fupport en commun.
Eux trois vouloient moins de reconnoiffance
Qu'à ce Marchand il n'en coûtoit pour un.
Le Grec écoute: avec eux il s'engage;
Et le Baffa du tout eft averty:

Méme on lui dit qu'il joûra s'il eft fage,
A ces gens-là quelque méchant party,
Les prévenant, les chargeant d'un meffage
Pour Mahomet, droit en fon Paradis,
Et fans tarder; Sinon ces gens unis
Le préviendront, bien certains qu'à la ronde,
Il a des gens tout prefts pour le venger.
Quelque poifon l'envoyra proteger,
Les trafiquans qui font en l'autre Monde.
Sur cet avis le Turc fe comporta

Comme Alexandre; & plein de confiance
Chez le Marchand tout droit il s'en alla;
Se mit à table: on vit tant d'affurance
En fes difcours & dans tout fon maintien;

Qu'op

Qu'on ne crût point qu'il se doutast de rien.
Ami, dit-il, je fais que tu me quites:
Méme l'on veut que j'en craigne les fuites;
Mais je te crois un trop homme de bien:
Tu n'as point l'air d'un donneur de breuvage.
Je n'en dis pas là deffus davantage.
Quant à ces gens qui penfent t'appuyer,
Ecoute-moi. Sans tant de Dialogue,...
Et de raifons qui pourroient t'ennuyer,
Je ne te veux conter qu'un Apologue,

Il étoit un Berger, fon Chien, & fon troupeau.
Quelqu'un lui demanda ce qu'il prétendoit faire
D'un Dogue de qui l'ordinaire

Etoit un pain entier. Il faloit bien & beau
Donner cet animal au Seigneur du village.
Lui Berger pour plus de ménage

Auroit deux ou trois maftineaux,

Qui lui dépenfant moins veilleroient aux troupeaux.

Bien mieux que cette béte, feule.

Il mangeoit plus que trois: mais on ne difoit pas Qu'il avoit aufli triple gueule.

Quand les Loups livroient des combats. Le Berger s'en défait: Il prend trois chiens de taille A lui dépenfer moins, mais à fuir la bataille. Le troupeau s'en fentit, & tu te fentiras

Du choix de semblable canaille.

Si tu fais bien, tu reviendras à-moi.

1

Le Grec le crut. Ceci montre aux Provinces
Que tout compte mieux vaut en bonne-foi
S'abandonner à quelque puiffant Roi,
Que s'appuier de plufieurs petits Princes.
R 2
CLX. L'A.

CLX.

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L'avantage de la Science.

Ntre deux Bourgeois d'une Ville
S'émeut jadis un different.

L'un étoit pauvre, mais habile;
L'autre riche, mais ignorant.
Celui-ci fur fon concurrent
Vouloit emporter l'avantage:
Prétendoit que tout homme fage
Etoit tenu de l'honorer.

C'étoit tout homme fot; car pourquoi reverer
Des biens dépourveus de merite?
La raifon m'en femble petite.
Mon ami, difoit-il fouvent.

Au favant,

Vous vous croiez confiderable;
Mais dites-moi, tenez vous table?
Que fert à vos pareils de lire inceffamment:
Ils font toujours logés à la troifiéme chambre,
Vétus au mois de Juin comme au mois de Decembre.
Aiant pour tout Laquais leur ombre feulement.
La Republique a bien affaire

De gens qui ne dépensent rien :
Je ne fais d'homme neceffaire

Que celui dont le luxe épand beaucoup de bien.
Nous en ufons, Dieu fait: nôtre plaifir occupe
L'Artifan, le vendeur, celui qui fait la jupe,
Et celle qui la porte; & vous qui dédiez

A

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