Jugez fi chacun s'y trouva. Et tout fon antre en réfonna. Les Lions n'ont point d'autre temple. Rugir en leur patois Meffieurs les Courtisans, Peuple caméleon, peuple finge du maître; Le Cerf ne pleura point, comment eut-il pu faire? Bref il ne pleura point. Un flateur l'alla dire, La colere du Roi, comme dit Salomon, Ce traître à fes auguftes manes. Le Cerf reprit alors: Sire; le temps des pleurs Vôtre digne moitié couchée entre des fleurs, Et je l'ai d'abord reconnue. Ami, m'a-t-elle dit, garde que ce convoi, Flatez-les, payez-les d'agreables menfonges, CLVI. Le Rat & l'Elephant. (Ecroire un perfonnage, eft fort commun en Fran SE cr ce: On y fait l'homme d'importance, Et l'on n'eft fouvent qu'un Bourgeois : La fotte vanité nous eft particuliere. Les Espagnols font vains, mais d'une autre maniere. Qui fans doute en vaut bien un autre. Qui marchoit à gros équipage. Sur Sur l'animal à triple étage Une Sultane de renom, Son Chien, fon Chat, & fa Guenon, Son Perroquet, fa vieille, & toute fa maison, S'en alloit en pelerinage. Le Rat s'étonnoit que les gens Fuffent touchez de voir cette pefante maffe: Comme fi d'occuper ou plus ou moins de place, Nous rendoit, difoit-il, plus ou moins importans. Mais qu'admirez-vous tant en lui vous autres hommes? Seroit-ce ce grand corps, qui fait peur aux enfans? Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous fom mes, D'un grain moins que les Elephans. Mais le Chat fortant de fa cage, Un pere cut pour toute lignée Un fils qu'il aima trop, jufques à confulter Les difeurs de bonne avanture. Un de ces gens lui dit; que des Lions fur tout Il éloignaft l'enfant jufques à certain age; D'une précaution fur qui rouloit la vie Quand il fut en l'âge où la chaffe Lui fut dépeint: mais quoi qu'on faffe, Rien ne change un temperament. Plus l'obftacle étoit grand, plus fort fut le defir. Et que la laine & les pinceaux En cet autre des perfonnages, Le jeune homme s'émeut voiant peint un Lion. Ah! monftre, cria-t-il, c'eft toi qui me fais vivre Dans l'ombre & dans les fers. A ces mots il fe livre Aux tranfports violens de l'indignation, Porte le poing fur l'innocente béte. Sous la tapifferie un clou fe rencontra. Ce clou le bleffe, il penetra Juf. Jufqu'aux refforts de l'ame; & cette chere tefte Mit fon lit en plein champ, loin des toits, fous les 1 Un Aigle qui portoit en l'air une Tortuë, Laiffa tomber fa proye, afin de la caffer: Que cet art, s'il eft vrai, fait tomber dans les maux, Mais je l'en juftifie, & maintiens qu'il eft faux: Je ne crois point que la Nature Se foit lié les mains, & nous les lie encor, Jufqu'au point de marquer dans les Cieux nôtre fort. Il dépend d'une conjoncture De lieux, de perfonnes, de temps; Non des conjonctions de tous ces charlatans. Ce Berger & ce Roi font fous même Planete; L'un d'eux porte le fceptre & l'autre la houlete: Jupiter le vouloit ainfi. Qu'eft-ce que Jupiter? un corps fans connoiffance. D'où vient donc que fon influence, Agit differemment fur ces deux hommes cy? Puis comment penetrer jufques à nôtre monde? Comment percer des airs la campagne profonde? Per |