Ceci foit dit en paffant; Je me tais CXXXII. Le Coche & la Mouches Dans un chemin montant, fablonneux mal-ais fé, Et de tous les côtez au Soleil expofé, Une Mouche furvient, & des chevaux s'approche; S'affied fur le timon, fur le nez du Cocher Et qu'elle voit les gens marcher, Se plaint qu'elle agit feule, & qu'elle a tout le foins Qu'aucun n'aide aux chevaux à fe tirer d'affaire. Le Moine difoit fon Breviaire, Il prenoit bien fon temps! une femme chantoit; C'étoit bien de chanfons qu'alors il s'agiffoit! Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,.1 Et fait cent fotifes pareilles. ... Aprés Ö 2 Aprés bien du travail le Coche arrive au haut. Refpirons maintenant, dit la Mouche auffi-tôt: J'ay tant fait que nos gens font enfin dans la plaine, Cà, Meffieurs les Chevaux, paiez moy de ma peine. Ainfi certaines gens faifant les empreffez Ils font par tout les neceffaires; CXXXIII. La Laitiere & le Pot au lait. Errette fur la téte ayant un Pot au lait Pretendoit arriver fans encombre à la ville. Notre Laitière ainfi trouffée › Contoit déja dans fa pensée Tout le prix de fon lait, en employoit l'argent, D'élever des poulets autour de ma maison; S'il ne m'en laiffe affez pour avoir un cochon. J'au auray le revendant de l'argent bel & bon; Et qui m'empêchera de mettre en nôtre étable, Veu le prix dont il eft, une vache & fon veau, Que je verrai fauter au milieu du troupeau? Perrette là deffus faute auffi, transportée. Le lait tombe; adieu veau, vache, cochon, couvée; Va s'excufer à fon mari U 60 Quel'efprit ne bat la campagne? Qui ne fait châteaux en Espagne ? Pichrocole, Pyrrhus, la Laitiere, enfin Autant les fages que les fous ?i.. 7 Chacun fonge en veillant, il n'eft rien de plus doux: Une flateufe erreur emporte alors nos ames: Tout le bien du monde eft à nous, Tous les honneurs, toutes les femmes. Quand je fuis feul, je fais au plus brave un défy, Je m'écarte, je vais détrôner le Sophy; 7 On m'élit Roy, mon peuple m'aime; Les diadêmes vont fur ma tête pleuvant: Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même; Je fuis gros Jean comme devant. Ν UN mort s'en alloit triftementch £2 S'emparer de fon dernièr gite; volent Un Curé s'en alloit gayment Enterrer ce mort au plus vites JE Nôtre défunt étoit en caroffe porté, 95 Bien & deûment empaqueté, Et vétu d'une robe, helas! qu'on nomme biere, Robe d'hyver, robe d'été, Que les morts ne dépouillent guere. Le Palteur étoit à côté, Et recitoit à l'ordinaire NZ I. Et des pfeaumes,& des leçons. 100 Î Meffire Jean Chouart couvoit des yeux fon mort, Tant en argent, & tant en cire, Et tant en autres menus coufts. Il fondoit là deffus l'achat d'une feuillette Et Et fa chambriere Paquette Un heart fürvient, adieu le char. Qui du choc de fon mort a la tête caffée: Tous deux s'en vont de compagnic. Eft le Curé Chouart qui fur fon mort contoit, CXXXV. L'homme qui court apres la Fortune, Q Ui ne court aprés la Fortune? Je voudrois étre en lieu d'où je pûffe aifement De ceux qui cherchent vainement Cette fille du fort de Royaume en Royaume, Quand ils font prés du bon moment, L'inconftante auffi-tôt à leurs defirs échape: Pauvres gens, je les plains, car on a pour les fous Plus de pitié que de courroux. ་ Cet homme, difent-ils, étoit planteur de choux; Et le voila devenu Pape: |