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Puis du blanc, puis du noir, puis encore autre chofe;
Les valets enrageoient, l'époux étoit à bout;
Monfieur ne fonge à rien, Monfieur dépense tout,
Monfieur court, Monfieur fe repose.
Elle en dit tant, que Monfieur à la fin
Laffé d'entendre un tel lutin,

Vous la renvoye à la campagne
Chez fes parens. La voila donc compagne
De certaines Philis qui gardent les dindons
Avec les gardeurs de cochons.

Au bout de quelque temps qu'on la crút adoucie,
Le mari la reprend. Eh bien qu'avez-vous fait ?
Comment paffiez-vous votre vie?
L'innocence des champs eft-elle vôtre fait?
Affez, dit-elle; mais ma peine

Etoit de voir les gens plus pareffeux qu'ici:
Ils n'ont des troupeaux nul fouci.
Je leur favois bien dire, & m'attirois la haine
De tous ces gens fi peu foigneux.u

Eh, Madame reprit fon époux tout à l'heure,
Si vôtre efprit eft fi hargneux

Que le monde qui ne demeure

Qu'un moment avec vous, & ne revient qu'au foir,
Eft déja laffé de vous voir,

Que feront des valets qui toute la journée
Vous verront contre eux dechaînée?
Et que pourra faire un époux

Que vous voulez qui foit jour & nuit avec vous?
Retournez au village; adieu; fi de ma vie
Je vous rappelle, & qu'il m'en prenne envie,
Puiffai-je chez les morts avoir pour mes pechez,
Deux femmes comme vous fans ceffe à mes côtez.

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CXXVII.

Le Rat qui s'eft retiré du monde.

Es Levantins en leur legende.

LE

Difent qu'un certain Rat las des foins d'ici
bas. 9

Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas.
La folitude étoit profonde;
S'étendant par tout à la ronde.

Nôtre hermite nouveau fubfiftoit là-dedans.
Il fit tant de pieds & de dents

Qu'en peu de jours il eut au fond de l'hermitage
Le vivre & le couvert; que faut-il davantage?
Il devint gros & gras; Dieu prodigue fes biens
A ceux qui font vou d'étre fiens.

Un jour au devot perfonnage
Des deputez du peuple Rat

S'en vinrent demander quelque aumone legere:
Ils alloient en terre étrangere

Chercher quelque fecours contre le peuple Chat;
Ratopolis étoit bloquée:

On les avoit contraints de partir fans argent,
Attendu l'état indigent

De la Republique attaquée.

Ils demandoient fort peu, certains que le fecours Seroit prêt dans quatre ou cinq jours.

Mes amis, dit le Solitaire,:

Les chofes d'ici bas ne me regardent plus:

En

En quoi peut un pauvre Reclus
Vous affifter? que peut-il faire,

Que de prier le Ciel qu'il vous aide en ceci?
J'efpere qu'il aura de vous quelque fouci

Ayant parlé de cette forte,

Le nouveau Saint ferma fa porte.
Qui defignai-je à vôtre avis

Par ce Rat fi peu fecourable?

Un Moine? non, mais un Dervis;
Je fuppofe qu'un Moine eft toûjours charitable.

CXXVIII.

Le Héron.

La Fille.

N jour fur fes longs pieds alloit je ne fais où,
Le Héron au long bec emmanché d'un long

cou.

Il coftoioit une riviere.

L'onde étoit tranfparente ainfi qu'aux plus beaux jours;

Ma commere la carpe y faifoit mille tours
Avec le brochet fon compere.

Le Héron en eut fait aifément fon profit:
Tous approchoient du bord, l'oiseau n'avoit qu'à
prendre ;

...

Mais il crut mieux faire d'attendre
Qu'il eut un peu plus d'appetit.

Il vivoit de regime; & mangeoit à fes heures.

Aprés

Aprés quelques momens l'appetit vint; l'oifeau S'approchant du bord vit fur l'eau

Des Tanches qui fortoient du fond de ces demeures. Le mets ne lui plût pas; il s'attendoit à mieux; Et montroit un gout dédaigneux

Comme le rat du bon Horace.

Moi des Tanches? dit-il, moi Héron que je faffe Une fi pauvre chére? & pour qui me prend-on? La Tanche rebutéc, il trouva du goujon.

Du goujon! c'eft bien là le dîner d'un Heron!

:

J'ouvrirois pour fi peu le bec! aux Dieux ne plaise.
Il l'ouvrit pour bien moins: tout alla de façon
Qu'il ne vit plus aucun poiffon.

La faim le prit; il fut tout heureux & tout aise
De rencontrer un limaçon.

Ne foions pas fi difficiles:

Les plus accommodans ce font les plus habiles:
On hazarde de perdre en voulant trop gagner.
Gardez-vous de rien dédaigner;

Sur tout quand vous avez à peu prés vôtre compte,
Bien des gens y font pris; ce n'eft pas aux Hérons
Que je parle, écoutez, Humains, un autre conte;
Vous verrez que chez vous j'ai puifé ces leçons.
Certaine fille un peu trop fiere
Prétendoit trouver un mary

Jeune, bien-fait, & beau, d'agreable maniere,
Point froid & point jaloux; notez ces deux points-ci.
Cette fille vouloit auffi

Qu'il cuft du bien, de la naiffance,

De l'efprit, enfin tout: mais qui peut tout avoir ?
Le deftin fe montra foigneux de la pourvoir:
Il vint des partis d'importance.

La belle les trouva trop chetifs de moitié,..

Quoi moi quoi ces gens-là? l'on radote, je penfe
A moi les propofer! helas ils font pitié.

Voiez un peu la belle efpece!
L'un n'avoit en l'efprit nulle delicateffe;
L'autre avoit le nez fait de cette façon-là;
C'étoit ceci, c'étoit cela,

C'étoit tout, car les précieufes.
Font deffus tout les dédaigneufes..
Aprés les bons partis, les mediocres gens
Vinrent fe mettre fur les rangs..
Elle de fe moquer. Ah vraiment je fuis bonne
De leur ouvrir la porte: ils penfent que je fuis
Fort en peine de ma perfonne.

Grace à Dieu je paffe les nuits

Sans chagrin, quoi qu'en folitude.
La belle fe fçut gré de tous fes fentimens.
L'âge la fit déchoir; adieu tous les amans..
Un an fe paffe & deux avec inquietude.
Le chagrin vient en fuite; elle fent chaque jour
Déloger quelque Ris, quelques jeux, puis l'amour;
Puis les traits choquer & déplaire;

Puis cent fortes de fards. Ses foins ne pûrent faire
Qu'elle échapat au temps, cet infigne larron.
Les ruines d'une maison

Se peuvent reparer, que n'eft cet avantage
Pour les ruines du vifage!

Sa preciofité changea lors de langage.
Son miroir lui difoit, prenez vite un marí:
Je ne fais quel defir le lui difoit auffi:
Le defir peut loger chez une precieuse:
Celle-ci fit un choix qu'on n'auroit jamais crû,
Se trouvant à la fin tout aife & tout heureuse
De rencontrer un malotru.

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CXXIX. Les

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