'APOLOGUE eft un don qui vient des Immortels; Ou fi c'est un prefent des hommes, Quiconque nous l'a fait merite des Autels. Nous devons tous,tant que nous fommes, Eriger en divinité Le Sage par qui fut ce bel art inventé. C'eft proprement un charme : il rend l'ame attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des recits Qui meinent à fon gré les cœurs & les efprits. C'eft de vous que mes vers attendent tout leur prix Il n'eft beauté dans nos écrits Dont yous ne connoiffiez jufques aux inoindres traces; Mais il faut referver à d'autres cet emploi, Olimpe, c'eft affez qu'à mon dernier ouvrage. Vous favez quel credit ce menfonge a fur nous; CXXV. Les Animaux malades de la Pefte. UNmal qui répand la terreur, que le Ciel en fa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, Ils ne mouroient pas tous; mais tous étoient frapez. Pour nos pechez cette infortune. Que le plus coupable de nous Se facrifie aux traits du celefte courroux, Nenous flatons donc point, voions fans indulgence L'état L'état de nôtre confcience. Pour moi, fatisfaifant mes appetits gloutons Que m'avoient-ils fait ? nulle offenfe: Je me dévoûrai donc, s'il le faut; mais je penfe Qu'il eft bon que chacun s'accufe ainfi que moi; Car on doit fouhaiter felon toute juftice Que le plus coupable periffe. Sire, dit le Renard, vous étes trop bon Roi, Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puiffances Tous les gens querelleurs, jufqu'aux fimples mâtins Au dire de chacun, étoient de petits faints. L'Ane vint à fon tour & dit: J'ai fouvenance Qu'en un pré de Moines paffant La faim, l'occafion, l'herbe tendre, & je penfe Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.. Un Loup quelque peu Clerc prouva par fa harangue Qu'il Qu'il faloit dévoüer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d'où venoit tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable! D'expier fon forfait; on le lui fit bien voir. Q CXXVI. Le mal marié. Ue le bon foit toûjours camarade du beau, Mais comme le divorce entre eux n'est pas nou, veau, Et que peu de beaux corps hôtes d'une belle ame Ne trouvez pas mauvais que je ne cherche point. tent: Cependant des humains prefque les quatre parts Que de renvoyer fon époufe Rien ne la contentoit, rien n'étoit comme il faut, |