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'APOLOGUE eft un don qui vient des Immortels;

Ou fi c'est un prefent des hommes, Quiconque nous l'a fait merite des Autels. Nous devons tous,tant que nous fommes,

Eriger en divinité

Le Sage par qui fut ce bel art inventé.

C'eft proprement un charme : il rend l'ame attentive, Ou plutôt il la tient captive,

Nous attachant à des recits

Qui meinent à fon gré les cœurs & les efprits.
vous qui l'imitez, Olimpe, fi ma Muse
A quelquefois, pris place à la table des Dicux,
Sur fes dons aujourd'hui daignez porter les yeux..
Favorifez les jeux où mon efprit s'amufe.
Le temps qui détruit tout, refpectant vôtre appui
Me laiffera franchir les ans dans cet ouvrage :
Tout Auteur qui voudra vivre encore aprés lui,
Doit s'acquerir vôtre fuffrage.

C'eft de vous que mes vers attendent tout leur prix

Il n'eft beauté dans nos écrits

Dont yous ne connoiffiez jufques aux inoindres traces;
Eh! qui connoit que vous les beautez & les graces?
Paroles & regards, tout eft charme dans vous.
Ma Mufe en un fujet fi doux
Voudroit s'étendre davantage;

Mais il faut referver à d'autres cet emploi,
Et d'un plus grand maître que moi
Vôtre loüange eft le partage.

Olimpe, c'eft affez qu'à mon dernier ouvrage.
Vôtre nom ferve un jour de rempart & d'abri:
Protegez deformais le livre favori
Par qui j'ofe efperer une feconde vie:
Sous vos feuls aufpices ces vers
Seront jugez malgré l'envie
Dignes des yeux de l'Univers.
Je ne merite pas une faveur fi grande :
La Fable en fon nom la demande

Vous favez quel credit ce menfonge a fur nous;
S'il procure à mes vers le bonheur de vous plaire,
Je croirai lui devoir un temple pour falaire;
Mais je ne veux bâtir des temples que pour vous.

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CXXV.

Les Animaux malades de la Pefte.

UNmal qui répand la terreur,

que le Ciel en fa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Pefte (puis qu'il faut l'apeller par fon nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Acheron,
Faifoit aux animaux la guerre.

Ils ne mouroient pas tous; mais tous étoient frapez.
On n'en voyoit point d'occupez
A chercher le foûtien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitoit leur envie.
Ni Loups ni Renards n'épioient
La douce & l'innocente proye.
Les Tourterelles fe fuyoient;
Plus d'amour, partant plus de joye.
Le Lion tint confeil, & dit: Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis

Pour nos pechez cette infortune.

Que le plus coupable de nous

Se facrifie aux traits du celefte courroux,
Peut-étre il obtiendra la guerifon commune.
L'Hiftoire nous apprend qu'en de tels accidens
On fait de pareils dévoumens:

Nenous flatons donc point, voions fans indulgence

L'état

L'état de nôtre confcience.

Pour moi, fatisfaifant mes appetits gloutons
J'ai devoré force moutons;

Que m'avoient-ils fait ? nulle offenfe:
Méme il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.

Je me dévoûrai donc, s'il le faut; mais je penfe Qu'il eft bon que chacun s'accufe ainfi que moi; Car on doit fouhaiter felon toute juftice

Que le plus coupable periffe.

Sire, dit le Renard, vous étes trop bon Roi,
Vos fcrupules font voir trop de delicateffe;
Et bien, manger moutons, canaille, fotte efpece,
Eft-ce un peché? Non non: Vous leur fites Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il étoit digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui fur les animaux
Se font un chimerique empire.
Ainfi dit le Renard, & flateurs d'applaudir.
On n'ofa trop approfondir.

Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puiffances
Les moins pardonnables offenfes.

Tous les gens querelleurs, jufqu'aux fimples mâtins Au dire de chacun, étoient de petits faints. L'Ane vint à fon tour & dit: J'ai fouvenance Qu'en un pré de Moines paffant

La faim, l'occafion, l'herbe tendre, & je penfe
Quelque diable auffi me pouffant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue..
Je n'en avois nul droit, puis qu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro fur le baudet.

Un Loup quelque peu Clerc prouva par fa harangue
N 4

Qu'il

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Qu'il faloit dévoüer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d'où venoit tout leur mal.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable!
Rien que la mort n'étoit capable

D'expier fon forfait; on le lui fit bien voir.
Selon que vous ferez puiffant ou miserable,
Les jugemens de Cour vous rendront blanc ou noir.

Q

CXXVI.

Le mal marié.

Ue le bon foit toûjours camarade du beau,
Dés demain je chercherai femme;

Mais comme le divorce entre eux n'est pas nou,

veau,

Et que peu de beaux corps hôtes d'une belle ame
Affemblent l'un & l'autre point,

Ne trouvez pas mauvais que je ne cherche point.
J'ai veu beaucoup d'Himens,aucuns d'eux ne me ten-

tent:

Cependant des humains prefque les quatre parts
S'expofent hardiment au plus grand des hazards;
Les quatre parts auffi des humains fe repentent.
J'en vais alleguer un qui s'étant repenti,
Ne pût trouver d'autre parti,

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Que de renvoyer fon époufe
Querelleufe, avare, & jaloufe.

Rien ne la contentoit, rien n'étoit comme il faut,
On le levoit trop tard, on fe couchoit trop toft.

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