Son bois, dommageable ornement, Ses pieds, de qui fes jours dépendent. Nous faifons cas du beau, nous méprisons l'utile, Ce Cerf blâme fes pieds qui le rendent agile; R Le CXIII, Le Lievre & la Tortuë. Ien ne fert de courir; il faut partir à point, Lievre & la Tortue en font un témoignage. Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point Si-tot que moi ce but. Si-tot? étes-vous fage? Repartit l'animal leger. 3 Ma commere il vous faut purger Notre Lievre n'avoit que quatre pas à faire; Et leur fait arpenter les Landes. Ayant, dis-je, du temps de refte pour brouter, D'où vient le vent; il laiffe la Tortuë Aller fon train de Senateur. Elle part, elle s'évertuë: Elle fe hâte avec lenteur. Lui cependant méprife une telle victoire; Qu'à la gageure. A la fin quand il vit Que l'autre touchoit prefque au bout de la carriere; Moi l'emporter! & que feroit-ce 'Ane d'un Jardinier fe plaignoit au Destin De ce qu'on le faifoit lever devant l'Aurore. Les Cogs, luy difoit-il, ont beau chanter matin; Je fais plus matineux encore. Et pourquoi? pour porter des herbes au marché. Belle Belle ncceffité d'interrompre mon somme! Lui donne un autre Maître; & l'animal de fomme J'attrapois, s'il m'en fouvient bien." Quelque morceau de chou qui ne me coûtoit rien. Mais ici, point d'aubeine; ou fi j'en ay quelqu'une, C'eft de coups. Il obtint changement de fortune, Et fur l'état d'un Charbonnier Il fut couché tout le dernier.. Autre plainte. Quoy donc, dit le Sort en colere, Ce Baudet ci m'occupe autant Que cent Monarques pourroient faire. Croit-il étre le feul qui ne foit pas content? N'ay-je en l'efprit que fon affaire? Le Sort avoit raifon; tous gens font ainsi faits: Nous fatiguons le Ciel à force dé placets. CXV. Le Soleil & les Grenouilles. Ux nôces d'un Tiran tout le Peuple en lieffe Efope feul trouvoit que les gens étoient fots Auffi-tôt on oüit d'une commune voix Les Citoyennes des étangs. Que ferons-nous s'il lui vient des enfans? Dirent-elles au Sort; un feul Soleil à peine Se peut fouffrir. Une demi douzaine Mettra la Mer à fec & tous fes habitans. Adieu jonc & marais; Notre race cft detruite. Bien-tôt on la verra reduite A l'eau du Styx. Pour un pauvre animal, Grenouilles à mon fens ne raisonnoient pas mal. CXVI. Le E CXVI. Le Villageois & le Serpent. Sope conte qu'un Manant I Apperçut un Serpent fur la neige étendu, Il l'étend le long du foyer, L'animal engourdi fent à peine le chaud, Un tronçon, la queue, & la téte. L'infecte fautillant cherche à fe reunir; 50 |