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Que fait-il? il recourt au Monarque des Dieux !
Il confeffe fon imprudence...

Jupiter en ufa comme un Maître fort doux.
Concluons que la Providence

Sait ce qu'il nous faut mieux que nous.

CVIII.

Le Cochet; le Chat & le Souriceau.

N Souriceau tout jeune, & qui n'avoit rien veu,
Fut prefque pris au dépourveu.

Voici comme il conta l'avanture à fa mere.
J'avois franchi les Monts qui bornent cét Etat ;
Et trotois comme un jeune Rat

Qui cherche à fe donner carriere.
Lors que deux animaux m'ont arrêté les yeux;
L'un doux, benin & gracieux;

Et l'autre turbulent & plein d'inquietude.
Il a la voix perçante & rude:

Sur la tête un morceau de chair;
Une forte de bras dont il s'éleve en l'air,
Comme pour prendre fa volée;

La queue en panache étalée.

Or c'étoit un Cochet dont nôtre, Souriceau
Fit à fa mere le tableau,

Comme d'un animal venu de l'Amerique.
Il fe batoit, dit-il, les flancs avec fes bras,
Faifant tel bruit & tel fracas,

Que moi, qui grace aux Dieux, de courage me pique,
En ay pris la fuite de peur,

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Le maudiffant de tres-bon cœur.
Sans lui j'aurois fait connoiffance
Avec cet animal qui m'a femblé fi dout.

Il est velouté comme nous,

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Marqueté, longue queue, une humble contenance:
Un modefte regard, & pourtant l'oeil luifant:
Je le crois fort fympatifant

Avec Meffieurs les Rats; car il a des oreilles
En figure aux nôtres pareilles.

Je l'allois aborder, quand d'un fon plein d'éclat
L'autre m'a fait prendre la fuite.

Mon fils, dit la Souris, ce doucet eft un Chat, Qui fous fon minois hypocrite

Contre toute ta parenté

D'un malin vouloir eft porté. L'autre animal, tout au contraire, Bien éloigné de nous mal faire, Servira quelque jour peut-étre à nos repas. Quant au Chat; c'est fur nous qu'il fonde fa cuisine. Garde-toy tant que ta vivras De juger des gens fur la mine.

CIX.

Le Renard, le Singe & les Animaux:

Es Animaux, au decez d'un Lion,

Pour faire un Roi s'affemblerent, dit-on.
De fon étui la couronne eft tirée.
Dans une chartre un Dragon la gardóit.

Il fe trouva que fur tous effayée A pas un d'eux elle ne convenoit. Plufieurs avoient la téte trop menuë, Aucuns trop groffe, aucuns même cornuë. Le Singe auffi fit l'épreuve en riant, Et par plaifir la Tiare effayant. Il fit autour force grimaceries, Tours de foupleffe, & mille fingeries Paffa dedans ainfi qu'en un cerceau. Aux animaux cela fembla fi beau, Qu'il fut éleu: chacun lui fit hommage. Le Renard feul regretta fon fuffrage; Sans toutefois montrer fon fentiment. Quand il eut fait fon petit compliment; Il dit au Roi. Je fais, Sire, une cache; Et ne crois pas qu'autre que moi la fache. Or tour trefor par droit de Royauté Appartient, Sirc, à vôtre Majesté. Le nouveau Roi baaille aprés la Finance. Lui-même y court pour n'étre par trompé: C'étoit un piege: il y fut attrapé. Le Renard dit au nom de l'affiftance: Pretendrois-tu nous gouverner encor Ne fachant pas te conduire toi-même ? Il fut démis: & l'on tomba d'accord Qu'à peu de gens convient le Diadême.

cx.

Le Mulet fe vantant de fa Genealogie,

E Mulet d'un Prelat fe piquoit de nobleffe;
Et ne parloit inceffamment

Que de fa mere la Jument,

Dont il contoit mainte proüeffe.
Elle avoit fait ceci, puis avoit été là.
Son fils pretendoit pour cela,

Qu'on le dût mettre dans l'Hiftoire.
Il eût crû s'abaiffer fervant un Medecin.
Etant devenu vieux on le mit au Moulin.
Son pere l'Ane alors lui revint en memoire.
Quand le mal-heur ne feroit bon

Qu'à mettre un fot à la raison,
Toûjours feroit-ce à jufte caufe
Qu'on le dit bon à quelque chofe.

N

CXI.

Le Vieillard & l'Ane.

Vieillard fur en parlant

Un pré plein d'herbe & fleuriffant.

Il y lâche fa béte, & le Grifon fe ruën oss
Au travers de l'herbe menuë.

Se veaurrant, gratant, & frotant,
Gambadant, chantant, & broutant,
Et faifant mainte place nette.
L'etinemi vient fur. l'entrefaite.
Fuions, dit alors le Vieillard.

Pourquoy? répondit le paillard,

Me fera-t-on porter double bât, double charge?
Non pas, dit le Vieillard qui prit d'abord le large,
Et que m'importe donc, dit l'Ane, à qui je fois?
Sauvez-vous, & me laiffez paître

Notre ennemi c'eft nôtre maître?
Je vous le dis en bon François.

CXII.

Le Cerf fe voiant dans l'eau.

Ans le cristal d'une fontaine,
Un Cerf fe mirant autrefois,

Loüoit la beauté de fon bois,

Et ne pouvoit qu'avecque peine
Souffrir fes jambes de fufeaux,

Dont il voyoit l'objet fe perdre dans les eaux.
Quelle proportion de més pieds à ma téte?
Difoit-il en voiant leur ombre avec douleur:
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faste;
Mes piés ne me font point d'honneur.

Tout en parlant de la forte,

Un Limier le fait partir;

Il tâche à fe garentir;

Dans les forcfts il s'emporte 417

Son

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