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LXXXIV,

Le Pot de terre

E Pot de fer propofa

le Pot de fer.

Lau Pot de terre un voyagę.

Celui-ci s'en excufa;
Difant qu'il feroit que fage
De garder le coin du feu:
Car il lui faloit fi peu.
Si peu, que la moindre chofe
De fon débris feroit caufe.
Il n'en reviendroit morceau
Pour vous, dit-il, dont la peau
Eft plus dure que la mienne
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matiere dure
Vous menace d'aventure,
Entre deux je pafferai,

Et du coup vous fauverai.
Cette offre le perfuade.
Pot de fer fon camarade
Se met droit à fes côtez,

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Mes gens s'en vont à trois pieds

Clopin clopant, comme ils peuvent,

L'un contre l'autre jettez

Au moindre hoquct qu'ils treuvent

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Le Pot de terre en fouffre: il n'eut pas fait cent pas

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Que par fon compagnon il fut mis en éclats
Sans qu'il eût lieu de fe plaindre.
Ne nous affocions qu'avecque nos égaux;
Ou bien il nous faudra craindre
Le deftin d'un de ces pots.

LXXXV.

Le petit Poiffon & le Pécheur.

Etit poiffon deviendra grand,

Pourveu que Dieu lui prête vie.

Mais le lafcher en attendant,
Je tiens pour moy que

eft folie;

Car de le rattraper, il n'eft pas trop certain.
Un Carpeau qui n'étoit encore que fretin,
Fut pris par un Pefcheur au bord d'une riviere.
Tout fait nombre, dit l'homme en voyant fon butin,
Voila commencement de chere & de feftin;
Mettons-le en nôtre gibeciere."

Le pauvre Carpillon lui dit en fa maniere;
Que ferez-vous de moy? je ne fçaurois fournir,
Au plus qu'une démy bouchée,
Laiffez-moy Carpe devenir:

Je feray par vous repefchée.

Quelque gros partifan m'achetera bien cher:

en faut chercher

Au lieu qurous ma taille olo

Peut-étre encor

Pour faire un plat. Quel plat? croyez-moy; rien qui

vaille.

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Rien qui vaille? & bien foit, repartit le Pefcheur,

Poif

Poiffon mon bel amy, qui faites le prefcheur; Vous irez dans la poëlle; & vous avez beau dire, Dés ce foir on vous fera frire.

Un tien, vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras. L'un eft feur, l'autre ne l'eft pas.

LXXXVI.

Les Oreilles du Lievre,

UN animal cornu bleffa de quelques coups
Le Lion, qui plein de courroux,

Pour ne plus tomber en la peine,

Bannit des lieux de fon domaine

Toute befte portant des cornes à fon front,
Chevres, Beliers, Taureaux auffi tôt délogerent,
Daims, & Cerfs declimat changerent;
Chacun à s'en aller fut prompt.

Un Lievre appercevant l'ombre de fes oreilles,
Craignit que quelque inquifiteur

N'allait interpreter à cornes leur Jongueur:
Ne les foûtint en tout à des cornes pareilles.
Adieu voifin Grillon, dit-il, je pars d'ici;
Mes oreilles enfin feroicnt cornes auffi:
Et quand je les aurois plus courtes qu'une Autruche,
Je craindrois méme encor. Le Grillon repartit.
Cornes cela? vous me prenez pour cruche;
Ce font oreilles que Dieu fit.

On les fera paffer pour cornes,

Dit l'animal craintif, & cornes de Licornes.
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J'auray

J'auray beau protester mon dire & mes raifons Iront aux petites Maifons.

LXXXVII.

Le Renard ayant la queue coupée.

UN vieux Renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de Poulets, grand preneur de

Lapins

licue,

Sentant fon Renard une licue, Fut enfin au piege attrapé.

Par grand hazard en étant échapé:

Non pas franc, car pour gage il y laiffa fa queue
S'étant, dis-je, fauvé fans queue & tout honteux
Pour avoir des pareils; (comme il étoit habile)
Un jour que les Renards tenoient confeil entr'eux,
Que faifons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les fentiers fangeux?
Que nous fert cette queue? il faut qu'on fe la coupe.
Si l'on me croit chacun s'y refoudra.

Votre avis eft fort bon, dit quelqu'un de la troupe =
Mais tournez-vous, de grace, & l'on vousrépondra.
A ces mots il fe fit une telle huée;'

Que le pauvre écourté né pût étre entendu.
Pretendre ôter la queuë eut été temps perdu;
La mode en fût continuée.

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La Vieille & les deux Servantes.

Létoit une Vieille ayant deux Chambrieres. Elles filoient fi bien, que les foeurs filandieres Ne faifoient que brouiller au prix de celles-ci. La Vieille n'avoit point de plus preffant fouci Que de diftribuer aux Servantes leur tafche; Dés que Thetis chaffoit Phoebus aux crins dorez, Toutes entroient en jeu, fuseaux étoient tirez, Deçà, delà, vous en aurez;

Point de ceffe, point de relâche.

Dés que l'Aurore, dis-je, en fon char remontoit;
Un miferable Cog à point nominé chantoit.
Auffi-tôt nôtre Vieille encor plus miferable
S'affubloit d'un jupon craffeux & deteftable;
Allumoit une lampe & couroit droit au lit
Où de tout leur pouvoir, de tout leur appetit,
Dormoient les deux pauvres Servantes

L'une entr'ouvroit un œil; l'autre étendoit un bras,
Et toutes deux tres-malcontentes

Difoient entre leurs dents, maudit Coq tu mourras.
Comme elles l'avoient dit, la béte fut gripée.
Le Réveille-matin cut la gorge coupéc.

Ce meurtre n'amanda nullement leur marché.
Nôtre Couple au contraire à peine étoit couché,
Que la Vieille craignant de laiffer paffer l'heure"
Couroit comme un Latin par toute fa demeure.
C'eft ainfi que le plus fouvent.

Quand

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