C'est pour peindre nos mœurs, & non point par envie; Je fuis trop au deffous de cette ambition. 30 N Vieillard prét d'aller où la mort l'appelloit. Mes chers enfans, dit-il, (à fes fils il parloit) Voyez fi vous romprez ces dards liez enfemble Je vous expliquerai le noeud qui les affemble. L'Ainé les ayant pris, & fait tous les efforts. Les rendit en difant: Je les donne aux plus forts. Un fecond lui fuccede, & fe met en posture, Mais en vain. Un cadet tente auffi l'aventure. Tous perdirent leur temps, le faisceau refifta; De ces dards joints enfemble un feul ne s'éclata. Foibles gens! dit le Pere, il faut que je vous montre Ce que ma force peut en femblable rencontre. On crût qu'il fe moquoit, on foûrit, mais à tort. Il fepare les dards, & les rompt fans effort. Vous voyez, reprit-il, l'effet de la concorde. Soiez joints, mes enfans, que l'amour vous accorde Tant que dura fon mal, il n'eut autre discours. Enfin fe fentant prêt de terminer les jours, Mes chers enfans, dit-il, je vais où font nos Peres. Adieu, promettez-moi de vivre comme freres? Que j'obtienne de vous cette grace en mourant. Chacun de fes trois fils l'en affeure en pleurant. Il prend à tous les mains; il meurt; & les trois freres Trouvent un bien fort grand, mais fort mélé d'af faires. Un creancier faifit, un voifin fait procés. Ceux-là fur une erreur, ceux-ci sur un defaut. Ouloir tromper le Ciel c'eft folie à la Terre. Le Dedale des cœurs en fes détours n'enferre Rien qui ne foit d'abord éclairé par les Dieux. Tout ce que l'homme fait, il le fait à leurs yeux; Même les actions que dans l'ombre il croit faire. Un Payen qui fentoit quelque peu le fagot, Et qui croyoit en Dieu, pour ufer de ce mot, Par benefice d'inventaire, Alla confulter Apollon. Dés qu'il fut en fon fanctuaire, Ce que je tiens, dit-il, eft-il en vie on non Pret Prêt d'étouffer la pauvre béte, Pour mettre Apollon en defaut. Apollon reconnut ce qu'il avoit en téte. Mort ou vif, lui dit-il, montre-nous ton moineau Tu te trouverois mal d'un pareil stratageme. LXXX. L'Avare qui a perdu fon trefor. 'Ufage feulement fait la poffeffion. Je demande à ces gens, de qui la paffion Eft d'entaffer toûjours, mettre fomme fur fomme Quel avantage ils ont que n'ait pas un autre homme? Diogene là-bas eft auffi riche qu'eux; Et l'Avare ici baut, comme lui vit en gueux. L'homme au trefor caché qu'Efope nous propofe Servira d'exemple à la chofe. Ce mal-heureux attendoit. Pour jouir de fon bien une feconde vie; Et rendre fa chevance à lui-même Sacrée. Il y fit tant de tours qu'un Foffoyeur le vit; Un paffant lui demande à quel fujet fes cris. Votre trefor? ou pris? Tout joignant cette pierre. Pour l'apporter fi loin? N'euffiez-vous pas mieux fait Vous auriez pú fans peine y puifer à toute heure. Je n'y touchois jamais. Dites-moi donc de grace, UN LXXXI. L'œil du Maître. N Cerf s'étant fauvé dans un étable à Boeufs Qu'il cherchât un meilleur azile. Mes-freres, leur dit-il, ne me decelez pas s E Et vous n'en aurez point regret. L'on va l'on vient, les valets font cent tours; Ni Cerf enfin. L'habitant des forests. Jufque-là-pauvre Cerf ne te vante de rien. La deffus le Maître entre, & vicnt faire fa ronde. Qu'eft cecy? dit-il à fon monde. Je trouve bien peu d'herbe en tous ces rateliers. Ses larmes ne fçauroient la fauver du trépas. Phedre fur ce fujet dit fort élegamment, Il n'eft pour voir que l'oeil du Maître. Quant à moi, j'y mettrois encor l'œil de l'amant, K -LXXXII. L'A |