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Comme auffi ne voyoit-on pas
Tant de feftins & tant de noces.
Or un Cheval eut alors different,
Avec un Cerf plein de viteffe,
Et ne pouvant l'attraper en courant,

Il eut recours à l'Homme, implora fon adreffe.
L'homme lui mit un frein, lui fauta fur le dos,
Ne lui donna point de repos

Que le Cerf ne fût pris, & n'y laiffaft la vie.
Et cela fait le Cheval remercie

1

L'Homme fon bien-faiteur, difant, Je fuis à vous.
Adieu. Je m'en retourne en mon fejour fauvage.
Non pas cela, dit l'Homme,il fait meilleur chez nous:
Je vois trop quel eft vôtre ufage.
Demeurez donc, vous ferez bien traité,
Et jufqu'au ventre en la litière,
Helas! que fert la bonne chere

Quand on n'a pas la liberté ?

Le Cheval s'apperceut qu'il avoit fait folie;
Mais il n'étoit plus temps: déja fon écurie
Etoit préte & toute bâtie.

Il y mourut en trainant fon lien

Sage s'il cut remis une legere offenfe.

Quel que foit le plaifir que caufe la vengeance; C'est l'acheter trop cher, que l'acheter d'un bien Sans qui les autres ne font rien.

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LXXIV. Le

LXXIV.

Le Renard & le Bufte,

2

Es Grands pour la plupart font mafques de theatre.

LE

Leur apparence impofe au vulgaire idolâtre.
L'Ane n'en fait juger que par ce qu'il en voit;
Le Renard au contraire à fonds les examine,
Les tourne de tout fens; & quand il s'apperçoit
Que leur fait n'eft que bonne mine,

Il leur applique un mot qu'un Bufte de Heros
Lui fit dire fort à propos,

C'étoit un Buste creux, & plus grand que nature.
Le Renard en loüant l'effort de la fculpture,
Belle téte, dit-il, mais de cervelle point.

Combien de grands Seigneurs font Buftes en ce point?

LXXV.

Le Loup, la Chevre & le Chrevreau,

LXXVI.

Le Loup, la Mere, & l'Enfant.

A Bique allant remplir fa traînante mammelle,
Et paître l'herbe nouvelle,

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Fer

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Ferma fa porte au loquet;
Non fans dire à fon Biquet;
Gardez-vous fur vôtre vie

D'ouvrir que l'on ne vous die,
Pour enfeigne & mot du guet,
Foin du Loup & de fa race.
Comme elle difoit ces mots
Le Loup de fortune paffe.
Il les recueille à propos.
Et les garde.en fa memoire,
La Bique, comme on peut croire,
N'avoit pas veu le glouton.

Dés qu'il la voit partie, il contrefait son ton:
Et d'une voix papelarde

Il demande qu'on ouvre, en difant foin du Loup,
Et croiant entrer tout d'un coup.

Le Biquet foupçonneux par la fente regarde.
Montrez-moi pate blanche, ou je n'ouvrirai point,
S'écria-t-il d'abord (pate blanche, eft un point
Chez les Loups, comme on fait, rarement en ufage.)
Celui-ci fort furpris d'entendre ce langage,
Comme il étoit venu s'en retourna chez foi.
Où feroit le Biquet s'il eut ajoûté foi
Au mot du guet que de fortune
Nôtre Loup avoit entendu ?

Deux feuretez yalent mieux qu'une:

Et le trop en cela ne fut jamais perdu,

E Loup me remet en memoire

CU

Un de fes compagnons qui fut encor mieux pris. Il y perit; voici l'Hiftoire.

Un villageois avoit à l'écart fon logis.

Meffer Loup attendoit chape chute à la porte.

Il avoit veu fortir gibier de toute forte;
Veaux de lait, Agneaux & Brebis,

Regimens de Dindons, enfin bonne Provende.
Le larron commençoit pourtant à s'ennuyer.
Il entend un enfant crier.

La mere auffi-tot le gourmande,
La menace s'il ne fe taît

De le donner au Loup. L'Animal se tient prêt;
Remerciant les Dieux d'une telle avanture.
Quand la mere appaifant fa chere geniture,
Lui dit: Ne criez point; s'il vient, nous le tuërons,
Qu'eft ceci? s'écria le mangeur de Moutons.
Dire d'un, puis d'un autre? Eft ce ainfi que l'on traite
Les gens faits comme moi? Me prend-on pour un fot?
Que quelque jour ce beau marmot

Vienne au bois cueillir la noifette.

Comme il difoit ces mots, on fort de la maifon, Un chien de cour l'arréte. Epieux & fourches fieres L'ajuftent de toutes manieres.

Que veniez-vous chercher en cé lieu ? lui dit-on. Auffi-tot il conta l'affaire.

Merci de moi, lui dit la Mere,

Tu mangeras mon fils? L'ay-je fait à deffein
Qu'il affouviffe un jour ta faim?

On affomme la pauvre bétc.

Un manant lui coupa le pied droit & la téte,
Le Seigneur du village à fa porte les mit.
Et ce dicton Picard à l'entour fut écrit:

Biaux chires loups n'ecoutez mie
Mere tenchent cben fieux qui crie.

LXXVII. Pa

LXXVII.

Parole de Socrate.

Ocrate un jour faisant bâtir,
Chacun cenfuroit fon ouvrage,

L'un trouvoit les dedans, pour ne lui point mentir,
Indignes d'un tel personnage.

L'autre blâmoit la face, & tous étoient d'avis,
Que les appartemens en étoient trop petits.
Quelle maifon pour lui? L'on y tournoit à peine.
Pleut au Ciel que de vrais amis

Telle qu'elle eft, dit-il, elle pût étre pleine!
Le bon Socrate avoit raifon

De trouver pour ceux-là trop grande fa maison,
Chacun fe dit amy; mais fol qui s'y repose,
Rien n'eft plus commun que ce nom,
Rien n'eft plus rare que la chofe.

LXXVIII.

Le Vieillard & fes enfans.

Oute puiffance eft foible à moins que d'étre

Ecoutez-là-deffus l'Esclave de Phrygic.

Si j'ajoute du mien à fon invention,

C'eft

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