Obrazy na stronie
PDF
ePub

D'une femme qui dans les flots
Avoit fini fes jours par un fort déplorable.
Son epoux en cherchoit le corps,
Pour lui rendre en cette avanture
Les honneurs de la fepulture.
Il arriva que fur les bords

Du fleuve, auteur de fa difgrace,
Des gens fe promenoient ignorans l'accident.
Ce mari donc leur demandant

S'ils n'avoient de fa femme apperceu nulle trace
Nulle, reprit l'un d'eux, mais cherchez la plus bas;
Suivez le fil de la riviere.

Un autre repartit: Non, ne le fuivez pas;
Rebrouffet plutot en arriere."
Quelle que foit la pente & l'inclination
Dont l'eau par fa courfe l'emporte,
L'efprit de contradiction

L'aura fait floter d'autre forte.

Cet homme fe railloit affez hors de faison.
Quant à l'humeur contredifante,

Je ne fai s'il avoit raifon,

Mais que cette humeur foit ou non
Le défaut du fexe & fa pente;
Quiconque avec elle naîtra,
Sans faute avec elle mourra,
Et jufqu'au bout contredira,
Et, s'il peut, encor par delà

A

[merged small][merged small][ocr errors]

ab ign

LIX. 915

La Belette entrée dans un Grenier.

[ocr errors]

Amoiselle Belette au corps long & flouet,

DEntra dans un Grenier, par un trou fort étroit.

Elle fortoit de maladie.
Là vivant à difcretion,
La galande fit chere lic,

Mangea, rongea; Dieu fait la vie,
Et le lard qui perit en cette occafion.
La voila pour conclufion

Graffe, maflue, & rebondie,,

Au bout de la femaine ayant dîné fon fou,
Elle entend quelque bruit, veut fortir par le trou,
Ne peut plus repaffer, & croit s'étre méprife,
Après avoir fait quelques tours, 198

e voilà bien

[ocr errors]

C'eft, dit-elle, l'endroit,
furprife;
J'ay paffé par ici depuis cinq ou fix jours,
Un Rat qui la voyoit en peine
Lui dit: Vous aviez lors la panfe un peu moins pleine;
Vous étes maigre entrée, il faut maigre fortir.
Ce que je vous dis-là, l'on le dit à bien d'autres.
Mais ne confondons point, par trop approfondir,
Leurs affaires avec les vôtres.

[ocr errors][merged small]

'Ay

2. LX.

·Le Chat & un vieux Rat.

feu chez un conteur

de Fables

Qu'un fecond Rodilard, l'Alexandre des Chats, L'Attila, le fleau des Rats,

Rendoit ces derniers miferables.

J'ay leu, dis-je, en certain auteur,
Que ce Chat exterminateur,

Vrai Cerbere, étoit craint une lieue à la ronde;
Il vouloit de Souris dépeupler tout le Monde.
Les planches qu'on fufpend fur un leger appui,
La mort aux
Rats, les Souricieres,
N'étoient que jeux au prix de lui,
Comme il voit que dans leurs tanieres
Les Souris étoient prifonnieres;

Qu'elles n'ofoient fortir, qu'il avoit beau chercher
Le galant fait le mort, & du haut d'un plancher
Se pend la tête en bas. La béte feelerate
A de certains cordons fe tenoit par la pate.
Le peuple des Souris croit que c'eft châtiment,
Qu'il a fait un larcin de rot ou de fromage.
Egratigné quelqu'un, caufé quelque dommage,
Enfin qu'on a pendu le mauvais garnement.
Toutes, dis je, unanimement

Se promettent de rire à fon enterrement;
Mettent le nez à l'air, montrent un peu la téte,
Puis rentrent dans leurs nids à rats;

[blocks in formation]

Puis reffortant font quatre pas;
Puis enfin fe mettent en quéte.
Mais voici bien une autre féte.

Le pendu reffufcite; & fur fes pieds tombant
Attrape les plus pareffeufes.

Nous en favons plus d'un, dit-il en les gobant:
C'est tour de vicille guerre; & vos cavernes creufes
Ne vous fauveront pas; je vous en avertis;
Vous viendrez toutes au logis..
Il prophetizoit vrai, nôtre maître Mitis
Pour la feconde fois les trompe & les afine;
Blanchit fa robe, & s'enfarine;

Et de la forte déguifé

Se niche & fe blotit dans une huche ouverte:
Ce fut à lui bien avifé;

La gent trote menu s'en vient chercher fa perte
Un Rat fans plus s'abftient d'aller flairer autour.
C'étoit un vieux routier; ii favoit plus d'un tour;
Même il avoit perdu fa queue à la bataille.
Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,
S'écria-t-il de loin au General des Chats. 1
Je foupçonne deffous encor quelque machine.
Rien ne te fert d'étre farine;

Car quand tu ferois fac je n'approcherois pas.
C'étoit bien dit à lui, j'aprouve fa prudence.
Il étoit experimenté;

Et favoit que la méfiance
Eft mere de la feureté.

[ocr errors][merged small][merged small]

LXI.

Le Lion amoureux.

A Mademoiselle de Sevigné.

Sservent aux graces de modele,
Et qui nãquîtes toute belle,
A vôtre indifference prés,
Pourriez-vous étre favorable
Aux jeux innocens d'une Fable?
Et voir fans vous épouvanter
Un Lion qu'amour feut dompter?
Amour est un étrange maître.
Heureux qui peut ne le connoître
Que par recit, lui ni fes coups!
Quand on en parle devant vous,
Si la verité vous offenfe,

EVIGNE' de qui les attraits

La Fable au moins fe peut fouffrir.
Celle-ci prend bien l'afleurance
De venir à vos piés s'offrir,
Par zele & par reconnoiffance.

Du temps que les bétes parloient
Les Lions entre autres vouloient
Etre admis dans notre alliance.

H 3

Pour

« PoprzedniaDalej »