Obrazy na stronie
PDF
ePub

LII.

Le Lion abatu par l'homme,

N expofoit une peinture,
Où l'Artifan avoit tracé,

Un Lion d'immenfe ftature

Par un feul homme terrace
Les regardans en tiroient gloire.

[ocr errors]
[ocr errors]

Un Lion en paffant rabatit leur caquet!
Je vois bien, dit-il, qu'en effet
On vous donne ici la victoire:
Mais l'ouvrier vous a decus,
Il avoit liberté de feindre.

[ocr errors]

Avec plus de raifon nous aurions le deffus,
Si mes confreres favoient peindre.

ટચ્છ

[ocr errors][merged small]
[ocr errors]

Le Renard & les Raifins.

[ocr errors]
[ocr errors]

Ertain Renard Gafcon, d'autres difent Normant, Mourant prefque de faim,vit au haut d'une treille Des raifins murs apparemment, ni sodo Et couverts d'une peau vermeille.

Le galant en eut fait volontiers un repas.
Mais comme il n'y pouvoit atteindre,

Ils font trop verds, dit-il, & bons pour des goujas;

Fit-il pas mieux que de fe plaindre?

LIV.

Le Cigne & le Cuifinier.

Ans une ménagerie

De volatiles remplie

[ocr errors]

Vivoient le Cigne & l'Oifonumo.
Celui-là deftiné pour les régards du maître,⠀⠀
Celui-ci pour fon goût; l'un qui fe piquoit d'étre
Commemfal du Jardin; l'autre de la maifon.
Des foffez du Chateau faifant leurs galeries,
Tantôt on les eut veus côte à côte någer
Tantôt courir fur l'onde, & tantôt fe plonger,
Sans pouvoir fatisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le Cuifinier ayant trop beu d'un coup.
J
Prit pour Oifon le Cigne; & le tenant au cou,
Il alloit l'égorger, puis le mettre en potage.
L'oifeau prêt à mourir fe plaint en fon ramage.
Le Cuifinier fut fort furpris,

Et vit bien qu'il s'étoit mépris.

[ocr errors]

Quoi? je mettrois, dit-il, untel chanteur en foupe? Non, non, ne plaife aux Dieux que jamais ma main coupe

La gorge à qui s'en fert fi bien.

Ainfi dans les dangers qui nous fuivent en croupe Le doux parler ne nuit de rien.

LV. Les

LV.

Les Loups & les Brebis.

Prés mille ans & plus de guerre declarée, Les Loups firent la paix avecque les Brebis C'étoit apparemment le bien des deux partis; Car fi les Loups mangeoient, mainte béte égarée Les Bergers de leur peau fe faifoient maints habits. Jamais de liberté, ni pour les pâturages,

Ni d'autre part pour les carnages,

Ils ne pouvoient jouir qu'en tremblant de leurs biens.
La paix fe conclut donc; on donne des ôtages;
Les Loups leurs Louvetaux, & les Brebis leurs
Chiens.

L'echange en étant fait aux formes ordinaires
Et reglé par des Commiffaires.

Au bout de quelque-temps que Meffieurs les Louvats
Se virent Loups parfaits & friands de tuerie,
Ils vous prennent le temps que dans la Bergerie
Meffieurs les Bergers n'étoient pas;

Etranglent la moitié des Agneaux les plus gras;
Les emportant aux dents, dans les bois fe retirent.
Ils avoient averti leurs gens fecretement. T
Les Chiens, qui fur leur foi repofoient fcurement,
Furent étranglez en dormant.

Cela fut fi-tôt fait qu'à peine ils le fentirent. Tout fut mis en morceaux; un feul n'en échapa. Nous pouvons conclure de-là,

Qu'il faut faire aux méchans guerre continuelle.

La

La paix eft fort bönne de foi:
J'en conviens, mais déquoi fert-elle
Avec des ennemis fans foi?

LVI

Le Lion devenu vieux..

E Lion terreur des forets,

LCharge d'ans & pleurant fon antique proueffe,

Fut enfin attaqué par fes propres fujets
Devenus forts pas fa foibleffe.

Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pié.
Le Loup un coup de dent, lé Boeuf un coup de corne,
Le mal-heureux Lion languiffant, trifle & morne;
Peut à peine rugir par l'âge eftropié.

Il attend fon deftin fans faire aucunes plaintes; Quand voyant l'Ane même à fon antre accourir, Ah c'eft trop, lui dit-il, je voulois bien mourir, Mais c'eft mourir deux fois que fouffrir tes atteintes.

LVII.

Philomele &.Progné.

Utrefois Progné l'hirondelle
De fa demeure s'écarta;

Et loin des Villes s'emporta 1.

Dans un bois où chantoit la pauvre Philomele.

Ma

[ocr errors]

Ma fœur,lui dit Progné, comment vous portez-vous?
Voici tantôt mille ans que l'on ne vous
Je ne me fouviens point que vous foyez venue
Depuis le tems de Thrace habiter parmi nous.
Dites-moi, que penfez vous faire?

Ne quitterez-vous point ce fejour folitaire?
Ah! reprit Philomele, 'en est-il de plus doux?
Progné lui repartit; Et quoi, cette mufique
Pour ne chanter qu'aux animaux ?

Tout au plus à quelque rustique?
Le defert eft-il fait pour des talens fi beaux?
Venez faire aux citez éclater leurs merveilles.
Auffi bien en voyant les bois,

Sans ceffe il vous fouvient que Terée autrefois
Parmi des demeures pareilles,

Exerça fa fureur fur vos divins appas.
Et c'est le fouvenir d'un fi cruel outrage,
Qui fait, reprit fa foeur, que je ne vous fuis pas.
En voiant les hommes, helas?

Il m'en fouvient bien davantage.

107

J

LVIII.

La femme noyée.

E ne fuis pas de ceux qui difent; Ce n'eft rien;
C'est une femme qui fe noye.

Je dis que c'est beaucoup; & ce fexe vaut bien Que nous le regretions, puifqu'il fait notre joye. Ce que j'avance ici n'eft point hors de propos; Puifqu'il s'agit en cette Fable

D'une

« PoprzedniaDalej »