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XLVIII,

L'Aigle, la Laye, & la Chate.

'Aigle avoit les petits au haut d'un arbre creux,

LibLaye au pied, la Chate, entre les deux:

Et fans s'incommoder, moyennant ce partage
Meres & nourriffons faifoient leur tripotage.
La Chate détruifit par fa fourbe l'accord.
Elle grimpa chez l'Aigle, & lui dit: Nôtre mort,
(Au moins de nos enfans, car c'eft tout un aux meres)
Ne tardera poffible gueres.

Voyez-vous à nos piés fouir inceffamment
Cette maudite Laye, & creufer une mine?
C'est pour déraciner le chéne affeurément,
Et de nos nourriffons attirer la ruine.
L'arbre tombant ils feront devorez:
Qu'ils s'en tiennent pour affurez.

S'il m'en reftoit un feul j'adoucirois ma plainte.
Au partir de ce lieu qu'elle remplit de crainte,
La perfide décend tout droit

A l'endroit

Où la Laye étoit en gefine.

Ma bonne amie & ma voifine,

Lui dit-elle tout bas, je vous donne, un avis.
L'Aigle, fi vous fortez fondra fur, vos petits:
Obligez-moi de n'en rien dire.

Son courroux tomberoit fur moi.

Dans cette autre famille ayant femé l'eftroi,
La Chate en fon trou fe retire..
G 4

L'Ai

L'Aigle n'ofe fortir, ni pourvoir aux befoins
De fes petits: La Laye encore moins:
Sottes de ne pas voir que le plus grand des foins
Ce doit être celui d'éviter la famine.

A demeurer chez foi l'une & l'autre s'obstine,
Pour fecourir les fiens dedans l'occafion:
L'Oifeau royal en cas de mine,

La Laye en cas d'irruption.

La faim détruifit tout: il ne refta perfonne
De la gent Marcaffine, & de la gent Aiglonne,
Qui n'allât de vie à trépas;

Grand renfort pour meffieurs les Chats.

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Que ne fait point ourdir une langue traitreffe ! Par fa pernicieufe adreffe?

Des mal-heurs qui font fortis

De la boete de Pandore,

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Celui qu'à meilleur droit tout l'Univers abhorre,

C'eft la fourbe à mon avis.

2004

XLIX. 00:

L'Yvrogne fa femme

STA

Chacun a fon defaut où toûjours il revient

Honte ni peur n'y remedie.

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Sur ce propos d'un conte il me fouvient: 1b.
Je ne dis rien que je n'appuye

De quelque exemple. Un fuppot de Bacchus
Alteroit fa fanté, fon efprit & fa bourfe.

Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course,
Qu'ils font au bout de leurs écus.

Un

Un jour que celui ci plein du jus de la treille,
Avoit laiffé fes fens au fond d'une bouteille,
Sa femme l'enferma dans un certain tombeau.
Là les vapeurs du vin nouveau sabond on
Caverent à loifir. A fon réveil il treuveri
L'attirail de la mort à l'entour de fon corps,
Un luminaire, un drap, des morts.

L

Oh! dit-il, qu'eft ceci? ma femme eft elle veuve?
Là-deffus fon Epoufe en habit d'Alectoni
Mafquée, & de fa voix contre-faifant le ton,
Vient au prétendu morts approche de fa biere;
Lui prefente un chaudeau propre pour Lucifer.
L'Epoux alors ne doute en aucune maniere
Qu'il ne foit citoien d'Enfer.

Quelle perfonne es-tu ? dit-il à ce phantome.
La celeriere du Royaume:

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De Satan, reprit elle; & je porte à manger
A ceux qu'enclot la tombe noire,

Le Mari repart fans fonger;

Tu ne leur portes point à boire?i sivu

I

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QUan

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Uand l'Enfer cut produit la Goute & l'Araignée, Mes filles, leur dit-il, vous pouvez vous vanter, D'étre pour l'humaine lignée; 1. Lug

..Egalement à redouter quen £5
Or avifons aux lieux qu'il vous faut habiter.
Voyez-vous ces cafes étrétes, ADJ
GS

Et

Et ces Palais fi grands, fi beaux, fi bien dorez? Je me fuis propofé d'en faire vos retraites.. Tenez donc, voici deux buchetes: Accommodez vous, ou tirez.

Il n'eft rien, dit l'Aragne, aux cafes qui me plaife.
L'autre tout au rebours voyant les Palais pleins
De ces gens nommez Medecins, ..

Ne crût pas y pouvoir demeurer à fon aife.
Elle prend l'autre lot; y plante le piquot;!
S'étend à fon plaifir fur Porteil d'un pauvre homme,
Difant, Je ne crois pas qu'en ce pofte je chomme,
Ni que d'en déloger, & faire mon paquet >
Jamais Hipocrate me fomme. Mola zu
L'Aragne cependant fe campe en un lambris,
Comme fi de ces lieux elle eut fait bail à vie;
Travaille à demeurer: voila fa toile ourdie;
Voila des moucherons de pris.

Une fervante vient balayer tout l'ouvrage.
Autre toile tiffue; autre coup de balai.!
Le pauvre Beftion tous les jours déménage.
Enfin aprés un vain essai

Iva trouver la Goute. Elle étoit en campagne.
Plus mal-heureufe mille fois

Que la plus mal-heureufe Aragne.
Son hôte la menoit tantôt fendre du bois,
Tantôt fouir, houer. Goute bien tracaffée
Eft, dit-on, à demi pansée.

O, je ne fçaurois plus, dit-elle, y refiftér
Changeons ma foeur l'Aragne. Et l'autre d'écouter.
Elle la prend au mot, fe gliffe en la cabane:
Point de coup de balai qui l'oblige à changer.
La Goute d'autre part va tout droit fe loger
Chez un Prelat qu'elle condamne v

A jamais du lit ne bouger.

Cataplafmes, Dieu fçait Les gens n'ont point de

honte

De faire aller le mal toûjours de pis en pis.
L'une & l'autre trouva de la forte fon conte;
Et fit tres-fagement de changer de logis.

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Sa preffa dit-on tellement,

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Qu'il en penfa perdre la vie.

Un os lui demeura bien avant au gofier.

De bonheur pour ce Loup qui ne pouvoit crier
Prés de-là paffe une Cicogne.

Il lui fait figne, elle accourt.

Voilà l'Operatrice auffi-tôt.cn befogne..

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Elle retira l'os; puis pour un fi bon tour
Elle demanda fon falaire.

Vôtre falaire? dit le Loup;

Vous riez ma bonne commere.
Quoi, ce n'eft pas encor beaucoup

D'avoir de mon grofier retiré vôtre cou?

Allez, vous étes une ingrate;

Ne tombez jamais fous ma pate.

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