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Il ne fe forma plus de nouveau fang au cœur:
Chaque membre en fouffrit: les forces fe perdirent
Par ce moyen les mutins virent,

Que celui qu'ils croyoient oifif & pareffeux
A l'interêt commun contribuoit plus qu'eux.
Ceci peut s'appliquer à la grandeur Royale.
Elle reçoit & donne, & la chofe est égale.
Tout travaille pour elle, & reciproquement
Tout tire d'elle l'aliment.

Elle fait fubfifter l'artifan de fes peines,
Enrichit le Marchand, gage le Magiftrat.
Maintient le Laboureur, donne paye au Soldat,
Diftribue en cent lieux fes graces fouveraines,
Entretient feule tout l'Etat

Menenius le fçut bien dire,

*

La commune s'alloit feparer du Senat.

Les mécontens difoient qu'il avoit tout l'Empire.
Le pouvoir, les trefors, l'honneur, la dignité;
Au lieu que tout le mal étoit de leur côté,
Les tributs, les impofts, les fatigues de guerre.
Le peuple hors des murs étoit déja posté.

La plupart s'en alloient chercher une autre terre, :...Quand Menenius leur fit voir

Qu'ils étoient aux membres femblables;

Et par cét Apologue infigne entre les Fables
Les ramena dans leur devoir.

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XLV.

Le Loup devenu Berger.

UN Loup qui commençoit d'avoir petite part

Aux-Brebis de fon voisinage,

Crut qu'il faloit s'aider de la peau du Renard,
Et faire un nouveau perfonnage.

Il s'habille en Berger, endoffe un hoqueton,
Fait fa houlette d'un bâton;

Sans oublier la Cornemufe.

Pour pouffer jufqu'au bout la rufe,
Il auroit volontiers écrit fur fon chapeau,
C'est moi qui fuis Guillot Berger de cè troupeau.
Sa perfonne étant ainfi faite,

Et fes piés de devant pofez fur fa houlette,
Guillot le* Sycophante approche doucement.
Guillot le vrai Guillot étendu fur l'herbette
Dormoit alors profondement.

Son chien dormoit auffi, comme auffi fa mufetté,
La plupart des Brebis dormoient pareillement. :)
L'hypocrite les laiffa faire:

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Et pour pouvoir mener vers fon fort les brebis.
Il voulut ajouter la parole aux habits,
Chofe qu'il croioit neceffaire.

Mais cela gâta fon affaire, a

Il ne pût de Pasteur contrefaire la voix. to ? Le ton dont il parla fit retentir les bois,

Et découvrit tout le miftere.

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Chacun fe réveille à ce fon, hemp & mynd

G

Les

Trompeur.

Les Brebis, le Chien, le Garçon..
Le pauvre Loup dans cét efclandre
Empéché par fon hoqueton,
Ne put ni fuir ni fe défendre.

Toujours par quelque endroit fourbes fe laiffent pren

dre.

་་་

Quiconque eft Loup, agiffe en Loup.
C'est le plus certain de beaucoup.

J

XLVIX

Les Grenouilles qui demandent un Roi.

Es Grenouilles fe laffant

De l'état Democratique,

Par leurs clameurs firent tant

Que Jupin les foûmit au pouvoir Monarchique.
Il leur tomba du Ciel an Roi tout pacifiqué:
Ce Roi fit toutefois un tel bruit en tombant
Que la gent marécageufe,

Gent fort fotte & fort peureufe,
S'alla cacher fous les eaux,

Dans les joncs, dans les rofeaux,
Dans les trous du marécage,

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Sans ofer de long-temps regarder au vifage.
Celui qu'elles croyoient être un geant nouveau.
Or c'étoit un foliveau,

De qui la gravité fit peur à la premiere you
Qui de le voir s'avanturant

Ofa

Ofa bien quitter fa taniere.

Elle approcha, mais en tremblant.

Une autre la fuivit, une autre en fit autant,
Il en vint une fourmiliere;

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Et leur troupe à la fin fe rendit familiere
Jufqu'à fauter fur l'épaule du Roi.

Le bon Sire le fouffre, & fe tient toûjours coi.
Jupin en a bien-tôt la cervelle rompuë.
Donnez-nous, dit ce peuple, un Roi qui fe remue.
Le Monarque des Dieux leur envoye une Gruë,
Qui les croque, qui les tuë,

Qui les gobe à fon plaifir;

Et Grenouilles de fe plaindre;

Et Jupin de leur dire: Et quoi, vôtre defir
A fes Loix croit-il nous aftraindre?»

Vous avez dû premierement

Garder vôtre Gouvernement;

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Mais ne l'ayant pas fait, il vous devoit fuffire
Que vôtre premier Roi fût debonnaire & doux:
De celui-ci contentez-vous,
De peur d'en rencontrer un pire.

C

DXLVII.

Le Renard & le Bouc.

Apitaine Renard alloit de compagnie Avec fon ami Bouc des plus haut encornez. Celui-ci ne voyoit pas plus loin que fon nez. L'autre étoit paffé maître en fait de tromperie. La foif les obligea de décendre en un puis.

G 3

!!

Là chacun d'eux fe.defaltere Pold Aprés qu'abondamment tous deux en eurent pris, Le Renard dit au Bouc: Que ferons-nous compere? Ce n'eft pas tout de boire, il faut fortir d'ici Leve tes piés en haut, & tes cornes auffia no 1Mets les contre le mur. Le long de ton efchine Je grimperai premierementist and nod a Puis fur tes cornes m'élevant,,word aus 11.". A l'aide de cette machine

1.2

De ce lieu-ci je fortirai,o a sapuno 9. Aprés quoi je t'en tirerai.

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Par ma barbe, dit l'autre, left bon; & ja louč Les gens bien fenfez comme toi. Good f Je n'aurois jamais quant là moi

Trouvé ce fecret, je l'avone.roded ad A Le Renard fort du puis, laiffe fon compagnon, Et vous lui fait un beau fermon “nóv robit) Pour l'exhorter à patience arg 1 on ni Si le Ciel t'eut, dit-il, donné par excellence. Autant de jugement que de barbe au menton, Tu n'aurois pas à la legere

Décendu dans ce puis. Or adieu, j'en fuis hors:
Tâche de t'en tirer, & fais tous tes efforts:
Çar pour moi j'ay certaine affaire,

Qui ne me permet pas d'arréter en chemin.
En toute chofe il faut confiderer la fin.

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