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fidérations précédentes, il conviendra que cet ouvrage a dû me coûter beaucoup de travail; il excufera les endroits foibles qui pourront s'y trouver. Heureux fi je n'ai pas perdu tout-à-fait les foins que je me fnis donnés pour lui plaire!

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CHANT PREMIER.

L'ENFANT cruel (1) qui tourmente nos ames,
N'eft pas exempt des maux qu'il fait fouffrir.
Même on a vu fes redoutables flammes,
Ses traits puiffans aider à le punir.
Il eft aveugle, & peut avec fes armes,
Lorsqu'il médite un dangereux deffein,
En fe bleffant venger le genre humain.
Pfiché lui plût, Pfiché de qui les charmes
Furent pour elle une fource de larmes.
Ainfi fouvent le Ciel fait à nos cœurs
Payer bien cher les dons de la Nature.
De cette Belle écoutez l'aventure:
Je vais chanter fa gloire & fes malheurs.

Il fut un Roi parmi ceux de la Gréce;
Qui de l'Hymen éprouvoit les douceurs:
L'Hymen pour lui prodigue de faveurs,
Avoit trois fois couronné fa tendreffe;
Ce Roi comptoit trois Graces dans fa Cour.
A l'âge où luit l'aurore de l'Amour,

A tous les cœurs elles donnoient des chaînes.
Sur le bruit feul de leur rare beauté, ́
Peuples voifins les vouloient tous pour Reines:
Leur cœur étoit par vingt Rois difputé.
Rien fous les cieux n'égaloit ces mortelles :
Mais fi Pâris eût été Juge entre elles,
A la plus jeune il eut donné le prix.
Figurez-vous les roses & les lys

De plaire aux yeux fe difputant la gloire;
Figurez-vous le corail & l'ivoire

Brillant enfemble à vos yeux éblouis:
Ce n'eft encor qu'une image infidèlle
Du jeune objet qu'eût préféré Pâris.
Pfiché, (c'étoit le nom de cette Belle,)
A Vénus même enlevoit tous les cœurs.
Vénus voyoit tous fes adorateurs
Se profterner aux pieds de cette idole :
Femme & Déeffe, il faut qu'à fes fureurs
Sa jaloufie au même inftant l'immole.

Vénus prenant l'Amour fur fes genoux: (2) Mon fils, dit-elle en le baignant de larmes, Contre Pfiché feconde mon courroux.

Vois fes appas, & conçois mes allarmes :

Vois fi mon cœur en doit être jaloux !

Cette Pfiché, rivale de ta mère,

Fera bientôt déferter nos autels.

Bientôt, mon fils, tu verras les mortels
L'honorer feule à Paphos, à Cithère.
Tu la verras, fière de fes attraits,
Sans attefter ton pouvoir redoutable,
Sans implorer le fecours de tes traits,
De ces mortels domptant le plus aimable,
S'unir à lui par des liens heureux.

Il en naîtra quelque enfant dangereux....
O mon cher fils, épargne-moi le reste :
Je vois ce fruit d'une union funefte,
Jeune infolent, à toi-même fatal,
Lancer tes traits & marcher ton égal.
Préviens ta honte, & fers ma jaloufie.
De ma rivale empoifonne la vie:
Qu'un étranger, le rebut des humains,
A la perfide engage fes deftins;
Qu'après l'hymen il nous la facrifie;
Qu'il la conduife en des deferts affreux;
Qu'elle y périffe, & nous venge tous deux.

L'Amour malin promit tout à sa mère.
Déja plus fière elle applaudit aux maux
Qui vont dans peu fignaler fa colère.
Neptune (3) ordonne aux habitans des eaux
De la conduire en triomphe à Cythère.
Un char brillant, porté par des Tritons,
Sortit des flots & reçut la Déeffe.

Sa conque en main, frappant l'air de fes fons,
Glaucus au loin répandoit l'allégreffe.
Des Ris, des Jeux, les folâtres effains
Se balançoient fur les plaines humides.
Autour du char danfoient les Néréïdes :
Cent raretés que déployoient leurs mains,

29

Tréfors de l'onde, ornemens des rivages,
A la Déeffe en tribut font offerts.

Telle on la vit, fortant du fein des mers,
Dès fa naiffance enlever mille hommages.
Les vents fougueux, fufpendus dans les airs,
N'ofoient troubler les concerts des Sirênes.
Zéphire feul éveilloit les Échos.

Du Dieu léger les humides haleines
Rafraîchiffoient la Reine de Paphos :
Près de Vénus Zéphire oublioit Flore.
Tout, jufqu'aux eaux, paroiffoit enchanté:
Un flot mouroit, un autre alloit éclore,
Pour expirer aux pieds de la Beauté.

Des nuits deux fois la Courrière inégale
Dans le filence ayant rempli fon cours,
Vénus apprend que fa jeune rivale
Voyoit fans fruit s'écouler fes beaux jours;
Et que, tandis qu'un hymen favorable
A couronné les defirs de fes fœurs,
Pfiché plus jeune, & cent fois plus aimable,
Avoit perdu l'art d'enchaîner les cœurs.
Un tel malheur fembloit inconcevable.
Soit que ce fût vengeance de l'Amour;
Soit que des vœux offerts à cette Belle
Le Ciel jaloux s'offensât à fon tour,
De mille amans qu'elle eut jufqu'à ce jour,
Pas un, dit-on, n'étoit refté fidèle.
On l'admiroit, on l'eftimoit encor;
Mais plus d'amour. Quand ce fentiment ceffe,
Vaine beauté, tu n'es plus un tréfor.
Ce changement dont s'étonnoit la Gréce,
De quelque effroi rempliffoit les efprits.

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