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temple: c'eft encore un Épisode de fa façon, dont je n'ai fait aucun ufage, non plus que de toutes ces ftations de Pfiché, qui jettent beaucoup de langueur

dans le récit.

Suivent les bizarres peines que Vénus impose à cette infortunée rivale. Je n'en ai confervé qu'une ; & j'en ai imaginé une autre qui dans cette nouvelle édition remplace toutes celles qu'on va lire. Vénus envoie Pfiché à la fontaine de Jouvence, pour lui en apporter une cruchée d'eau. Un dragon la gardoit. Une des Servantes de Vénus, aux gages de Cupidon, & qui trahiffoit fa maîtreffe, indique à cette Belle le moyen d'endormir ce monftre. Pfiché lui chante ce récit :

Dragon, gentil dragon, à la gorge béante,
Je fuis meffagère des Dieux :

Ils m'ont envoyée en ces lieux

T'annoncer que bientôt une jeune serpente,
Et qui change au foleil de couleur comme toi,
Viendra partager ton emploi.

Tu te dois ennuyer à faire cette vie;

Amour t'enverra compagnie.

Dragon, gentil dragon, que te dirai-je encor
Qui te chatouille & qui te plaife

Ton dos reluit comme fin or:

Tes

yeux

font flambans comme braife.

Tu te peux rajeunir fans dépouiller ta peau;

Quelle félicité d'avoir chez toi cette eau !
Si tu veux t'enrichir permets que l'on y puise;
Quelque 'tribut qu'il faille, il te fera porté.
J'en fais qui pour avoir cette commodité

Donneront jufqu'à leur chemife.

Piche

Pfiché lui chanta beaucoup d'autres chofes. Le dral'écouta d'abord avec plaifir; à la fin il commença gon à báiller, & puis s'endormit. Pfiché prend vîte l'occafion, emplit fa cruche, & s'en retourne triomphante.

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Vénus courroucée, imagine une autre pénitence plus difficile. Elle l'envoie querir de la laine des moutons du foleil: il falloit paffer une rivière extrêmement large & profonde, il n'y avoit ni pont, ni bateau, ni gondole fur cette rivière. La Suivante, qui étoit d'intelligence avec l'Amour profite d'un moment où Vénus recevoit des vifites par rapport à la maladie de ce Dieu, qui ne bougeoit du lit; elle prend un cigne que les Amours ont dreffé à fervir de gondole, & traverse par ce moyen la rivière avec Pfiché. Deux jeunes Faunes gardoient les moutons; ils commençoient déja à courir après les Nymphes. Je pafferai la première, & je les amuferai, dit l'officieufe Suivante.» Au pis aller, j'en ferai quitte pour deux baifers : vous passerez cependant ». Mais comment approcherai-je des moutons, repart Pfiché? » Pfiché? » Vous prendrez de leur » laine parmi les ronces; ils y en laiffent affez quand » elle eft mûre & qu'elle commence à tomber : tout ce » canton-là en eft plein ». Pendant qu'elles exécutent cette entreprise ainfi concertée, les Déeffes qui font venues rendre visite à Cythérée, veulent être médiatrices entre elle & l'Amour, mais inutilement; & elles fe féparent en fe querellant. Au retour de Pfiché Vénus lui demande comment elle a fait pour traverfer la rivière. Pfiché répond qu'il n'en a pas été befoin, & que le vent a envoyé des floccons de laine de fon côté. Vénus en croit ce qu'elle veut.

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La nuit fuivante elle s'avife d'un commandement Tome II.

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qu'elle croyoit hors de toute poffibilité. Elle fait venir Pfiché, lui ordonne de la fuivre, & la mène dans la baffe-cour du château. » Là, fous une espèce de halle, » étoient entaffés pêle-mêle quatre différentes fortes de grains, lefquels on avoit donné à la Déeffe pour la » nourriture de fes pigeons. Ce n'étoit pas proprement » un tas, mais une montagne. Il occupoit toute la largeur du magafin, & touchoit le faîte. Cythérée dit » à Pfiché, je ne veux dorénavant nourrir mes pigeons » que de mil ou de froment pur; c'eft pourquoi fépare » ces quatre fortes de grains. Fais-en quatre tas aux » quatre coins du monceau, un tas de chaque espèce. » Je m'en vais à Amathonte pour quelques affaires de plaifir: je reviendrai fur le foir. Si à mon retour je » ne trouve la tâche faite, & qu'il y ait feulement un grain de mêlé, je t'abandonnerai aux Miniftres de ma » vengeance ». Cette Déeffe eft encore trompée dans fon efpérance. L'Amour, pour tirer Pfiché de peine, envoie avercir une Fée qui, par fes fuffumigations, par fes cercles, par fes paroles, contraint tout ce qu'il y a de fourmis au monde, d'accourir à l'entour du tas. » Il y eut telle fourmi qui ce jour-là fit quatre mille » lieues ».

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Il en vient des climats où commande l'Aurore,
De ceux que ceint Thétis & l'Océan encore.
L'Indien dégarnit toutes fes régions.

Le Garamante envoie auffi fes légions.
Il en part du Couchant des nations entières.

Le Nord, ni le Midi, n'ont plus de fourmillières.

Il femble qu'on en ait épuifé l'univers.

Les chemins en font noirs, les champs en font couverts.

Maint vieux chêne en fournit des cohortes nombreuses:
Il n'eft arbre mangé, qui, fous fes voûtes creuses,
Souffre que de ce peuple il refte un feul effain.
Tout déloge & la terre en tire de son sein.
L'Éthiopique Gent arrive & fe partage.

On crée à chaque troupe un maître de l'ouvrage.
Il a l'œil fur fa bande; aucun n'ose faillir.

On entend un bruit fourd; le mont femble bouillir.
Déja fon tour décroît; fa hauteur diminue.

A la foudaineté l'ordre auffi contribue.

Chacun a fon emploi parmi les travailleurs :
L'un fépare le grain que l'autre emporte ailleurs.
Le monceau difparoît ainfi que par machine.
Quatre tas différens réparent fa ruine;

De bled, riche préfent qu'à l'homme ont fait les cieux;
De mil, pour les pigeons manger délicieux;

De feigle au goût aigret; d'orge rafraîchiffante,
Qui donne aux gens du Nord la cervoife engraiffante.
Telles l'on démolit les maifons quelquefois :

La pierre eft mise à part; à part se met le bois:
On voit comme fourmis gens autour de l'ouvrage.
En fon être premier retourne l'affemblage.

Là font des tas confus de marbres non gravés,
Et là les ornemens qui fe font confervés.

Vénus à fon retour, trouve l'ouvrage fait, & entre en une furieufe colère contre Pfiché. C'eft alors qu'elle l'envoie aux royaumes fombres chercher le fard de Proferpine. La defcription des enfers & tout ce qui arrive à Pfiché pendant fon voyage, font des inventions que la Fontaine revendique. J'y en ai fubftitué d'autres dans cette édition; & c'est leur étendue qui

m'a fait porter mon Poëme à dix Chants, au lieu de huit auxquels il étoit d'abord réduit. On va voir fi celles de la Fontaine étoient plus fufceptibles que les précédentes d'entrer dans un Ouvrage, que je n'ai pas eu deffein comme lui, de remplir d'un merveilleux accompagné de badineries, & propre à amufer des enfans.

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Pfiché part pour exécuter ce nouvel ordre. Elle va trouver la Fée que fon mari avoit fait venir. Celle-ci lui dit: Vous voyez d'ici une vieille tour, allez-y tout droit, & entrez dedans; vous y apprendrez ce qu'il » vous faut faire. N'appréhendez point les ronces qui » bouchent la porte: elles fe détourneront d'elles» mêmes. Pfiché remercie la Fée & s'en va au vieux » bâtiment. Entrée qu'elle fut, la tour lui parla: Bon jour, Pfiché, lui dit-elle, que votre voyage vous foit » heureux! Ce m'eft un très-grand honneur de vous » recevoir en mes murs: jamais rien de fi charmant n'y » étoit entré. Je fais le fujet qui vous amène. Plusieurs » chemins conduifent aux enfers; n'en prenez aucun » de ceux qu'on prend d'ordinaire. Defcendez dans » cette cave que vous voyez, & garniffez-vous aupa» ravant de ce qui eft à vos pieds: ce panier à anfe » vous aidera à le porter. Pfiché baissa aussi-tôt la vue, » & comme le faîte de la tour étoit découvert, eile vit » à terre une lampe, fix boules de cire, un gros paquet » de ficelle, un panier avec deux deniers ». Toutes ces chofes vous font néceffaires, poursuivit la tour; les deux deniers pour payer Caron en allant & en revenant, la ficelle pour démêler en revenant les détours du chemin des enfers, les fix boules de cire pour empâter les trois gueules de Cerbère, en lui en jettant une d'abord dans chaque gueule, & autant au retour: ces

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