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Avoient l'air plus pofé, plus fage, moins frivole.
Le monde eft fou, fur ma parole:

Il ne reffemble en rien au monde de mon tems.

HOMMES, Voilà vos jugemens.

*FABLE XI.

LES BOUTEILLES DE SAVON ET LA PHIOLE.

CERTAIN

ERTAIN Enfant, Phyficien nouveau,
A regret voyoit difparoître

Un globe compofé de favon, d'air & d'eau,
Qu'un léger fouffle avoit fait naître

Au bout d'un foible chalumeau.

Il fouffle encore: autre globe auffi beau,
Non moins brillant, non moins futile.
Un feutre le renvoye, il retombe, il n'eft plus.
Las d'employer des efforts fuperflus
Pour fixer un corps fi fragile,
L'Enfant très-prompt à fe dédommager,
Court au buffet, fe faifit d'une Phiole,
Et déja la fait voltiger;

Jeu bien plus périlleux, mais tout auffi frivole.
Contre un tel paffe-tems la Phiole ne tient pas;
Elle tombe: l'Enfant veut garantir fa chûte,
. Et fait lui-même la culbute,

Et fe bleffe avec fes éclats.

Son Précepteur arrive; il lui conte le cas,

Sa bleffure étoit très-légère.
Mon ami, répondit le Précepteur prudent,
Ce double exemple vous apprend
Comme tout perit fur la terre.
Le trépas éteint les petits

Sans bruit, fans en laiffer l'ombre la plus légère.
Les Grands avec fracas brifés comme le verre,
Ne laiffent après eux que d'odieux débris.

X

FABLE

XII.

119

U

LE PAPILLON ET L'ŒILLET.

N jeune Papillon, (a) après s'être gorgé
Du fuc délicieux des plus beaux dons de Flore,
Prétendit recueillir encore

La vapeur d'un Eillet par le tems outragé.
Eft-il rien fous les cieux que le tems ne dévore!
Cet Œillet languiffoit fur la terre penché.
Il avoit vû trop d'une aurore;

Et le favorable Zéphir

En vain par fes douces haleines
S'efforçoit de le rajeunir.

Le long âge est un mal dont on ne peut guérir.
Se voyant pour furcroît de peines,

(a) Papillon, petit infecte volant, qui vient d'une Chenille ou d'un Ver. On croit que chaque plante a fa Chenille & fon Papillon particulier.

Swammerdam a décrit 114. espèces de Papillons de nuit, & Aldrovande 118. Il y en a dont les ailes font d'une beauté fingulière.

En proye aux friands appétits

De notre Papillon à la tête légère :

Ne mets pas, lui dit-il, le comble à ma misère,
Volage enfant de l'air. De ces parfums exquis
Qu'exhalent mes pareils, tu t'enivres fans ceffe.
Je n'en murmure point; c'eft la loi du deftin.
Je t'ai laiffé dans ma jeuneffe,

Affez & trop fouvent recueillir fur mon fein
Cette chère & douce ambroifie,

Ce précieux nectar principe de ma vie.
Aujourd'hui je fuis vieux; c'eft beaucoup maintenant
Si je puis voir encore un matin feulement:
Bientôt j'irai parer le fein de Proferpine.
N'avance point ce tems. J'ai perdu ces couleurs
Dont, jaloux d'embellir ta parure divine,
Pour peindre tes habits tu dépouilles les fleurs :
Tout nous quitte dans la vieillesse.
Papillon, fi la faim te preffe,

Sur tant d'autres tu peux te repaître à loifir.
Pour fatisfaire mieux à ton cruel plaifir,

Il te faut une fleur plus jeune & plus aimable.
Papillon fut impitoyable,

Il acheva de le flétrir.

AMOUR, amour! tu n'es pas plus traitable.

*FABLE XIII.

L'AUTOUR ET LES MOINEAUX.

QUAND

UAND l'aquatique Gent (a) voulut avoir un Maître, Elle ne favoit trop ce qu'elle demandoit.

Elle en eut un qui la grugeoit.

Il fe feroit raffafié peut-être :

Mais Dieu préferve tout État,

Ceux de l'onde & des airs, auffi-bien que les nôtres, D'avoir jamais un Potentat

Qui le donne à gruger aux autres!
C'est ce que jadis l'Autour (b) fit,
L'Autour, oiseau pillard & de bon appétit.
Il étoit Roi dans un bois folitaire,

Où le Sire en fon tems fit la chaffe aux Moineaux;
Où les plumant de fa royale ferre,

Il les grugeoit tout vivans jufqu'aux os.
Sans murmurer ces gens le voyoient faire:
Il falloit bien d'un honnête ordinaire

Laiffer jouir fa majesté.

Le Monarque d'ailleurs, malgré fa large panfe,
N'en prenoit que fa fuffifance.
Mais le tems vint que dégoûté

(a) L'aquatique Gent, les Grenouilles qui demandèrent un Roi, & à qui Jupiter envoya une Gruë, qui les goboir à fon plaisir, suivant Pexpreflion de la Fontaine.

(b) Autour, oiseau de proie, qui; au rapport de M. de Buffon, plume les oifeaux fort proprement, & enfuite les dépece avant de les manger. Il eft d'un naturel très fanguinaire,

D'être fon pourvoyeur lui-même,

Par un acte émané de fon pouvoir suprême,
(c) Le Milan, l'Épervier, & jufqu'aux Hobereaux,
Furent chargés de plumer fes vaffaux.

De ce cruel devoir trop bien ils s'acquittèrent,
Tellement que Monarque & fujets murmurèrent.
Meffieurs les pourvoyeurs les grugeant à leur tour,
Il n'en refta plus pour l'Autour.

(c) Le Milan, l'Épervier, & jusqu'aux Hobereaux,

Autres oifeaux de proie, dont le¦» payfans, & plus particulièrement

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PRES

RES d'un chêne entouré d'une fource féconde,
Dames Fourmis depuis long-tems,

Avoient & la ville & les champs.

Ce gîte leur fembloit toute la terre ronde;
Cette fource étoit l'Océan :

L'autre rive eût fans doute été le nouveau monde,
Si dans l'art de traverfer l'onde

11 fe fùt trouvé-là quelqu'infecte favant.

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