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nisme. C'est la déclaration d'un chrétien qui se désavoue pour ce qu'il est. C'est avoir commis un crime que de confesser qu'on l'a commis; et puisqu'il est écrit «qu'on ne peut servir deux maîtres1,» il n'a pas servi Dieu puisqu'il a servi un homme, puisqu'il a obéi à ses édits, puisqu'il a exécuté ses commandemens. Je veux que son crime paraisse moindre et moins honteux aux yeux des hommes, mais peut-il éviter le jugement de Dieu ? puisque le Saint-Esprit dit dans les psaumes : « Vos yeux ont vu ce qu'il y a d'imparfait en moi, et tous les hommes seront écrits dans votre livre 2. » Et encore, << L'homme voit le visage, mais Dieu voit le cœur 3. » Notre-Seigneur dit aussi : « Toutes les Églises sauront que je pénètre le fond des cœurs 4. » Il découvre les choses les plus cachées, et personne ne se saurait dérober à ses yeux. «Je suis, dit-il, un Dieu proche et non pas un Dieu éloigné. Pensez-vous que si un homme se cache dans un lieu obscur, je ne le verrai pas ? Ne remplis-je pas le ciel et la terre 5. » Il voit à nu le cœur et les desseins qui sont encore enfermés dans ses replis, et il ne nous jugera pas seulement sur nos actions, mais aussi sur nos paroles et sur nos pensées. Mais combien la foi et la crainte de ceux-là est-elle plus louable qui, bien qu'ils n'aient ni sacrifié ni donné des billets, néanmoins, parce qu'ils en ont eu la pensée, viennent s'en confesser simplement et avec douleur aux prêtres de Dieu, découvrent le secret dé leur conscience, mettent leur esprit en repos, et cherchent un remède salutaire à leurs blessures quoique légères, parce qu'ils savent qu'il est écrit « qu'on ne se moque point de Dieu. >> On ne peut se moquer de Dieu ni le tromper; et j'ose dire même que celui-là est plus coupable, qui traitant Dieu comme un homme, pense que son crime demeurera impuni, parce qu'il ne l'a pas commis publiquement. Jésus-Christ dit : « Celui qui aura honte de moi, le Fils de l'homme aura honte de lui 7;» et l'on s'imagine être chrétien lorsqu'on craint ou qu'on a honte de paraître tel! Comment celui-là peut-il être avec Jésus-Christ, qui craint ou rougit d'appartenir à Jésus-Christ? Je veux qu'il soit moins coupable en ce qu'il ne s'est point présenté

1 Matth., 9, 24. - Psaumes 118, 115. -
Apoc., 2, 23.

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Jérémie, 23, 23.

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3 Rois, 16, 7. 6 Galat., 6, 7.

| devant les idoles, en ce qu'il n'a point profané la sainteté de la foi aux yeux d'un peuple qui s'en moque, en ce qu'il n'a point souillé ses mains ni sa bouche par des sacrifices funestes et des viandes criminelles. Cela peut rendre sa faute moindre, mais cela ne le peut pas rendre innocent. Cela lui peut faire obtenir plus aisément le pardon de son crime, mais cela ne le peut pas exempter de crime. Qu'il ne cesse donc de faire pénitence et d'implorer la miséricorde de Dieu, de crainte que ce qui manque à la qualité de son crime ne soit suppléé par sa négligence à y satisfaire. hy

Que chacun donc, mes très-chers frères, confesse sa faute, pendant que celui qui a failli est encore au monde, pendant qu'on peut recevoir sa confession, pendant que sa satisfaction et la rémission qui lui est donnée par les prètres peut être agréable à Dieu. Convertissons-nous à Dieu de tout notre cœur; et témoignant par un véritable regret que nous nous repentons sincèrement de notre crime, tâchons d'attirer sur nous sa miséricorde. Que l'âme s'humilie devant lui, qu'elle le satisfasse par une vive douleur, et qu'elle mette toute son espérance en sa bonté. Lui-même nous apprend comment nous le devons prier, lorsqu'il dit : «Retournez à moi de tout votre cœur par les jeûnes, par les larmes, et par les soupirs, et déchirez vos cœurs et non vos vêtemens 1. » Retournons donc à Dieu de tout notre cœur, et tâchons de l'apaiser par nos jeûnes, nos gémissemens et nos larmes, comme lui-même nous avertit de le faire. Peut-on croire que celui-là s'afflige de tout son cœur, et qu'il implore la clémence de Dieu par des jeunes, des soupirs et des larmes, qui du jour qu'il a commis le crime n'a cessé de prendre le bain tous les jours, de se traiter tous les jours splendidement, de s'emplir de vin et de viande avec excès sans faire la moindre part de ses biens aux pauvres ? Comment celui-là pleure-t-il sa mort qui porte toujours de la gaieté sur son visage? Il est écrit: «Vous ne couperez point votre barbe2; » et lui pince la sienne et se farde; et il tâche de plaire aux hommes, tandis qu'il déplaît à Dieu. Cette femme-là gémit-elle, qui peut bien songer à se vêtir superbement, et qui ne songe point qu'elle a perdu Jésus-Christ dont elle était 1 Joël, 2, 12. - 2 Lévit., 16.

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DES BONNES OEUVRES ET DES AUMONES.

ÉCRIT EN 254.

Les grâces que nous avons reçues de Dieu et de Jésus-Christ sont grandes, mes très-chers frères; car le Père éternel a envoyé son Fils pour nous racheter et nous redonner la vie; et le Fils de Dieu a bien voulu devenir enfant de l'homme pour nous faire enfans de Dieu. Il s'est humilié afin de nous relever lorsque nous étions couchés par terre. Il a été couvert de plaies afin de guérir les nôtres. Il s'est fait esclave pour nous tirer de l'esclavage. Il a souffert la mort pour nous donner l'immortalité. Ces faveurs sont grandes et signalées. Mais quelle est cette bonté par laquelle ne se contentant pas d'avoir racheté l'homme, il lui donne encore les moyens de se sauver? Car Notre-Seigneur ayant guéri en venant au monde les blessures d'Adam, et les morsures du serpent notre ancien ennemi, il donna une loi à l'homme ainsi guéri, et lui commanda de ne plus pécher de peur qu'il ne lui arrivât quelque plus grande disgrâce1. Ce commandement, d'un côté, nous liait et nous obligeait de conserver notre innocence recouvrée; mais notre faiblesse, de l'autre, nous en rendait incapables, si la bonté de Dieu venant encore à notre secours ne nous eût ouvert un moyen pour le faire, en nous montrant les œuvres de justice et de miséricorde, pour purifier par là toutes les souillures que nous pouvions contracter ensuite. C'est ce que le SaintEsprit témoigne dans l'Écriture: «Les péchés, dit-il, sont lavés par la foi et par les aumônes 2. »> Ce qui ne se doit pas entendre des péchés contractés avant le baptême, car ceux-là ont été effacés par le sang de Jésus-Christ. L'Écriture dit encore: « Comme l'eau éteint le feu ainsi l'aumône efface les péchés3. » C'est-à-dire que comme l'eau du baptême éteint le feu de l'enfer, les aumônes et les bonnes œuvres servent à

1 Jean, 5, 14.

remettre les péchés; et que comme nous en avons une fois obtenu le pardon dans le baptème, la pratique continuelle des œuvres de miséricorde renouvelle en quelque sorte la vertu de ce sacrement, et nous fait encore obtenir la même grâce. C'est ce que Notre-Seigneur nous enseigne dans l'Évangile. Car comme on reprenait ses disciples de ce qu'ils mangeaient avant que d'avoir lavé leurs mains, il répondit : << Celui qui a fait dedans a fait aussi dehors; mais donnez l'aumône et toutes choses seront pures pour vous1.» Par où il fait voir que ce n'est pas les mains, mais le cœur qu'il faut nettoyer; et que l'on doit avoir plus de soin de purifier les taches du dedans que du dehors, parce que l'esprit ne saurait être pur que le corps ne le soit aussi. Mais il ajoute en même temps que le moyen de nous purifier, c'est de faire l'aumône. Un Dieu miséricordieux enseigne à faire miséricorde; et songeant à conserver ceux qui lui ont coûté si cher à racheter, il leur apprend comment ils peuvent se laver des fautes qu'ils commettent après le baptême. Reconnaissons donc, mes très-chers frères, la grandeur de ce bienfait, et puisque nous ne nous saurions empêcher de recevoir ici quelques blessures, employons au moins ces remèdes pour les guérir. Et que personne ne se repose tellement sur son innocence, qu'il s'imagine n'en avoir point besoin. Il est écrit : « Qui osera se glorifier d'avoir le cœur chaste, ou d'être exempt de péché??» Et saint Jean, dans son épître : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-même, et la vérité n'est point en nous; mais si nous confessons nos péchés, le Seigneur est fidèle et juste, et il nous les pardonnera 3. » Si donc personne n'est exempt de péché, et que ce soit un orgueil ou

1 - Prov., 15, 27. - 3 Ecclésiast., 3, 33.

Luc, 11, 40. Prov., 20, 9. — 3 I. Jean, 1, 8.

une folie de le prétendre, ne devons-nous pas bien remercier Dieu de nous avoir fourni des moyens pour nous en purifier? Car il n'a jamais cessé dans les Écritures saintes, tant anciennes que nouvelles, d'exciter son peuple aux œuvres de miséricorde, et le Saint-Esprit y commande partout à ceux qui aspirent au royaume du ciel de faire des aumônes : « Criez de toutes vos forces, dit-il à Isaïe, et ne vous y épargnez point. Faites retentir votre voix comme une trompette, et prêchez hautement à mon peuple ses péchés, et à la maison de Jacob ses crimes1.» Et après leur avoir reproché leurs péchés et leurs abominations, et déclaré qu'ils avaient beau prier, jeûner, se coucher dans la cendre et dans le cilice, que tout cela n'apaiserait point la colère de Dieu, il leur fait entendre pourtant à la fin qu'ils le pourraient fléchir par leurs aumônes : «< Faites part de votre pain, ajoute-t-il, à celui qui a faim, et recevez chez vous les pauvres qui n'ont point de retraite. Habillez ceux qui sont nus, et ne méprisez point ceux de votre nation; et alors votre lumière éclatera tout d'un coup comme celle de l'aurore, et vous serez paré de riches ornemens, la justice marchera devant vous, et une splendeur divine vous environnera alors, vous n'invoquerez pas plutôt le Seigneur qu'il vous exaucera, et vous parlerez encore, qu'il dira: Me voici 2! » Dieu lui-même nous enseigne les moyens de l'apaiser, qui sont les aumônes. C'est ce qui fait dire à Salomon : « Mettez votre aumône dans le sein du pauvre, et elle vous obtiendra de vous délivrer de tout mal3. » Et encore : « Celui qui se bouche les oreilles pour ne point ouïr les cris du pauvre criera lui-même à Dieu, et ne sera point écouté 4. » Car celui-là se rend indigne de la miséricorde de Dieu, qui ne fait pas miséricorde; et il se ferme la porte de sa bonté, parce qu'il ferme son cœur aux prières des misérables. Le Saint-Esprit témoigne encore la même chose. dans les psaumes: «Bienheureux, dit-il, celui qui pense aux besoins du pauvre et de l'indigent, le Seigneur le délivrera dans le mauvais jour 5.» Daniel se souvenait de ces préceptes lorsque le roi Nabuchodonosor étant effrayé d'un mauvais songe, il lui donna ce remède pour détourner les malheurs dont il le mena

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çait : «Que Votre Majesté, dit-il, suive mon conseil rachetez vos péchés par des aumônes, et vos injustices par des actions de charité, et Dieu vous pardonnera vos offenses 1. » A quoi ce roi n'ayant pas voulu obéir, il tomba dans les calamités que son songe lui présageait, et qu'il aurait pu éviter s'il eût racheté ses péchés par des aumônes. L'ange Raphaël dans Tobie confirme aussi la même chose, et exhorte à faire l'aumône gaiement et libéralement : « La prière, dit-il, est bonne avec le jeûne et l'aumône, parce que l'aumône délivre de la mort et efface les péchés 2. » Il témoigne par là que nos oraisons sont moins puissantes lorsqu'elles ne sont pas aidées des aumônes. Il nous apprend que ce sont les aumônes qui rendent nos prières efficaces, qui nous garantissent des dangers, qui délivrent nos âmes de la mort. Ce que vous ne devez pas considérer, mes très-chers frères, comme une explication que je donne de moimême aux paroles de l'ange, puisque les Actes des apôtres rapportent3 une histoire qui justifie que l'aumône ne délivre pas seulement de la seconde mort de l'âme, mais aussi de la première. Car une femme nommée Tabithe qui s'adonnait à faire des aumônes et de bonnes œuvres étant morte, on alla aussitôt quérir saint Pierre, qui, rempli d'une charité apostolique, vint sans différer. Les veuves l'environnèrent en pleurant, et lui montrèrent les robes et les habits que la défunte leur avait donnés, ses actions priant pour elle plutôt que leurs paroles. Saint Pierre crut qu'on pourrait obtenir ce qu'on demandait de la sorte, et que JésusChrist ne manquerait pas d'exaucer des veuves en la personne desquelles lui-même avait été vètu. S'étant donc mis à genoux, et ce puissant intercesseur ayant offert au Seigneur les prières des veuves et des pauvres, il se tourna vers le corps qu'on avait déjà lavé et étendu sur un ais, et dit : «Tabithe, levez-vous au nom de JésusChrist 4;» et celui qui avait dit dans l'Évangile 5 qu'on obtiendrait tout ce qu'on demanderait à Dieu en son nom, ne manqua pas à saint Pierre en cette rencontre et l'exauça sur-le-champ. Ainsi la mort fut arrêtée, et l'âme retourna dans ce saint corps au grand étonnement de tout le inonde, tant les œuvres de charité sont puis

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feu, et que les personnes charitables seront appelées au royaume1, Aussi Notre-Seigneur appelle fidèles ceux qui font de bonnes œuvres, et ôte toute confiance en ceux qui n'en font

santes; et celle qui avait fait vivre ces pauvres veuves par ses libéralités recouvra la vie par le moyen de leurs prières. Aussi voyons-nous que Notre-Seigneur qui ne vivifie pas seulement les fidèles, mais qui leur donne encore des pré-point : « Si vous n'avez pas été fidèles dans la

ceptes pour les faire vivre éternellement, ne nous recommande rien tant dans l'Évangile que de faire l'aumône, et de songer plutôt à amasser des trésors dans le ciel que sur la terre : a Vendez, dit-il, votre bien, et donnez l'au mone!. » Et ailleurs: «Ne vous faites point de trésors sur la terre, où les vers et la rouille les mangent, et où les voleurs les déterrent et les dérobent; mais faites-vous des trésors dans le ciel, où les vers ni la rouille ne les mangeut point, et où il n'y a point de voleurs qui les déterrent et les dérobent: car votre cœur sera où sera votre trésor 2. » Et voulant montrer en quoi consiste la perfection, lorsqu'on a acompli tous les précéptes de la loi : « Si vous voulez être parfait, dit-il, allez, vendez tout ce que vous avez et le donnez aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel, et puis venez et me suivez3. » Il dit encore en un autre endroit, que celui qui veut aquérir la grâce et le salut doit acheter de tout son bien la vie éternelle, qui est cette pierre précieuse que le sang de JésusChrist a rendue de si haut prix. « Le royaume des cieux, dit-il, est semblable à un marchand qui cherche des pierreries, et qui en ayant trouvé une de grand prix, va vendre tout ce qu'il a et l'achète 4. » Enfin il appelle enfans d'Abraham ceux qui s'emploient à aider et à nourrir les pauvres; car comme Zachée lui eut dit : « Je donne dès maintenant la moitié de mon bien aux pauvres, et si j'ai fait tort à quelqu'un, je lui en veux rendre quatre fois autant ; » Jésus répondit : «Grâce a été faite aujourd'hui à cette maison, parce que celui-ci est aussi enfant d'Abraham.» En effet, si Abraham a été réputé juste à cause qu'il a cru Dieu, celui qui fait l'aumône pour accomplir le commandement de Dieu croit aussi Dieu, le craint, et l'a en vue quand il assiste les pauvres. Car il ne les assiste que parce qu'il croit et qu'il sait que l'Écriture sainte ne peut mentir lorsqu'elle dit que les arbres stériles, c'est-à-dire les hommes qui ne font point de bonnes œuvres, seront jetés au * Matth., 6, 19. 5 Luc, 19, 8.

1 Luc, 12, 33. Ibid., 13, 45.

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$ Ibid., 19, 21. 6 Rome, 4, 3.

dispensation des fausses richesses, qui vous confiera les véritables? Et si vous n'avez pas été bons économes d'un bien étranger, qui vous donnera la disposition du votre ??»

Mais vous appréhendez peut-être qu'en assistant ainsi les pauvres vôtre bien ne s'épuise, et que vous ne tombiez vous-même ensuite dans la pauvreté. N'ayez point de peur que cela arrive, et mettez-vous en repos de ce côté-là. Les richesses ne s'épuissent point lorsqu'on s'en sert pour Jésus-Christ, lorsqu'on les emploie en des œuvres du ciel. Et ce n'est pas moi qui vous le promets et yous en assure, c'est l'Écriture sainte, c'est Dieu mème : «Celui qui secourt les pauvres, dit le Saint-Esprit par la bouche de Salomon, ne manquera jamais; mais bo celui qui détourne les yeux de dessus eux sera réduit à une extrême pauvreté 4. » Le bienheu¬ reux apôtre saint Paul de même, plein de la grâce du Saint-Esprit dit : «Celui qui fournit la semence à celui qui sème vous donnera ce dont vous avez besoin pour vivre, multipliera la semence de vos charités, et augmentera le fruit de votre justice afin que vous soyez riches en tout 5. » Et encore : « Ces aumônes ne soulageront pas seulement les nécessités des fidèles, mais produiront l'abondance, à cause du grand nombre d'actions de grâces qu'on en rend à Dieu 6. » Car les actions de grâces que les pauvres lui rendent pour les aumônes que nous leur faisons, attirent sa bénédiction sur nos biens et les font croître. Aussi c'est pour ces sortes de personnes incrédules que Notre-Seigneur dit dans l'Evangile : «Ne vous inquiétez point, disant: Où trouverons-nous à boire et à manger, et de quoi nous vêtir? Car les gentils se mettent aussi en peine de tout cela; mais votre père sait yos besoins. Cherchez donc premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données 7. » Il dit que toutes choses seront données à ceux qui cherchent le royaume et la justice de Dieu; car pour le

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royaume, il assure ailleurs qu'il est acquis pour le jour du jugement à ceux qui font de bonnes œuvres dans l'Église 1. Vous appréhendez que votre revenu ne vienne à manquer si vous en assistez libéralement les pauvres; et vous ne savez pas, misérable que vous êtes, que tandis que vous craignez que votre bien ne vous manque, la vie et le salut vous manquent en effet. Vous prenez bien garde que vos richesses ne diminuent, et vous ne considérez pas que vous diminuez vous-même, parce que vous aimez mieux votre argent que votre âme. Vous avez peur de perdre votre patrimoine, et vous vous perdez vous-même pour votre patrimoine. C'est done avec grande raison que l'apôtre saint Paul dit : « Nous n'avons rien apporté en ce monde, et nous n'en saurions non plus rien emporter. Pourvu donc que nous ayons de quoi vivre et nous vêtir, soyons contens; car ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans les piéges du diable, et sont possédés de beaucoup de mauvais désirs qui précipitent les hommes dans la mort et la damnation. Car l'avarice est la racine de tous maux, et quelquesuns s'y étant laissés aller ont fait naufrage dans la foi, et se sont engagés dans une infinité de malheurs 2. » Vous appréhendez que votre bien ne yous manque si vous en faites beaucoup d'aumônes; mais quand est-ce qu'un homme de bien a jamais manqué de quoi vivre? puisqu'il est écrit: « Le Seigneur ne laissera point mourir le juste de faim 3. » Élie est nourri par les corbeaux dans le désert4; et Daniel, enfermé par l'ordre du roi dans la fosse aux lions, y subsiste miraculeusement5; et vous craignez en faisant de bonnes œuvres et vous rendant Dieu favorable de manquer du nécessaire? Notre-Seigneur faisant reproche à ceux qui n'ont guère de foi «Regardez, dit-il, les oiseaux du ciel! ils ne sèment, ni ne moissonnent, ni n'amassent dans des greniers; et cependant votre Père céleste les nourrit n'êtes-vous pas plus qu'eux 6?» Dieu nourrit les oiseaux, et des gens qui n'ont aucun sentiment de la Divinité ne manquent de rien; et vous qui êtes chrétien, qui êtes serviteur de Dieu, qui vous employez à faire de bonnes œuvres, qui êtes cher à votre Seigneur, vous avez peur de manquer de quel1 Matth., 25, 35. 1. Tim., 6, 7. Prov., 10, 3. III. Rois, 17, 6.

Daniel, 14, 30.-Matth., 6, 20.

que chose? Croyez-vous que Jésus-Christ ne nourrisse pas ceux qui le nourrissent, ou qué les choses de la terre puissent manquer à ceux à qui l'on donne même celles du ciel? N'est-ce pas là une pensée infidèle ? Ce sentiment n'estil pas impie et sacrilége? Que fait un incrédule dans la maison de la foi? Pourquoi vous appellet-on chrétien, si vous n'avez aucune confiance en Jésus-Christ? Le nom de pharisien vous conviendrait mieux. Car Notre-Seigneur dans l'Évangile parlant de l'aumône, et nous avertissant de nous faire des biens d'ici-bas des amis qui nous reçoivent dans les demeures éternelles, l'Évangéliste ajoute: «Les pharisiens qui étaient extrêmement avares entendaient toutes ces choses, et se moquaient de lui 1. » Nous en voyons aujourd'hui dans l'Église quelques-uns comme cela qui ont les oreilles et le cœur fermés, si bien qu'ils ne sont capables d'aucun avis salutaire. Et il ne se faut pas étonner que ces sortes de personnes méprisent ce que disent les serviteurs, puisqu'ils n'ont tenu compte de ce qu'a dit le maître même. Pourquoi vous flatter de ces vaines imaginations, comme si en effet c'était la crainte de manquer qui vous empêchât d'être charitable? Pourquoi tachez-vous de vous couvrir de ces faux prétextes? Avouez plutôt la vérité, et puisque vous ne sauriez tromper ceux qui vous connaissent, ne faites point difficulté de dire ce qui en est. N'est-il pas vrai que c'est l'avarice qui vous obsède, et qu'elle a répandu dans votre cœur des ténèbres épaisses qui vous empêchent de voir la lumière de la vérité? Vous êtes esclave de votre argent. La convoitise vous lie et vous garrotte, et vous êtes retombé dans la captivité d'où Jésus-Christ vous avait dégagé. Vous gardez des richesses qui ne vous gardent point. Vous amassez des trésors qui ne font que vous charger; et vous ne vous souvenez point de ce que Dieu dit à ce riche qui se réjouissait déjà dans l'espérance d'une abondante récolte : «Fou que tu es, on te redemandera ton âme cette nuit, et que deviendra tout ce que tu as amassé 2?» Pourquoi veillez-vous auprès de votre bien sans vous donner aucun repos? Pourquoi en l'augmentant augmentez-vous vos peines? Pourquoi voulez-vous devenir si riche pour en être plus pauvre devant Dieu? Partagez votre revenu

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