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donnant à nous; et nous voudrions en apporter mille avec lui. Est-il sur la terre des créatures assez viles pour se contenter d'être aimées de nous comme nous n'avons pas honte de vouloir que Dieu se contentât d'être aimé?

XXVII. JOUR.

Sur le bon emploi du temps.

I. FAISONS le bien pendant que nous en avons le temps (1). Une nuit viendra pendant laquelle personne ne peut agir (2). Le temps est précieux, mais on n'en connoît pas le prix; on le connoîtra quand il n'y aura plus lieu d'en profiter. Nos amis nous le demandent comme si ce n'étoit rien; et nous le donnons de même. Souvent il nous est à charge; nous ne savons qu'en faire, et nous en sommes embarrassés. Un jour viendra qu'un quart-d'heure nous paroîtra plus estimable et plus désirable que toutes les fortunes de l'univers. Dieu, libéral et magnifique dans tout le reste, nous apprend, par la sage économie de sa providence, combien nous devrions être circonspects sur le bon usage du temps, puisqu'il ne nous en donne jamais deux instans ensemble, et qu'il ne nous accorde le second qu'en retirant le premier, et qu'en retenant le troisième dans sa main avec une entière incertitude si nous l'aurons. Le temps nous est donné pour ménager l'éternité et

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l'éternité ne sera pas trop longue pour regretter la du temps, si nous en avons abusé. II. Toute notre vie est à Dieu aussi bien que tout notre cœur. L'un et l'autre ne sont pas trop pour lui. Il ne nous les a donnés que pour l'aimer et pour le servir. Ne lui en dérobons rien. Nous ne pouvons pas à tous momens faire de grandes choses; mais nous en pouvons toujours faire de convenables à notre état. Se taire, souffrir, prier, quand nous ne sommes pas obligés d'agir extérieurement, c'est beaucoup offrir à Dieu. Un contre-temps, une contradiction, un murmure, une importunité, une injustice reçue et soufferte dans la vue de Dieu, valent bien une demi-heure d'oraison; et on ne perd pas le temps, quand, en le perdant, on pratique la douceur et la patience. Mais pour cela il faut que cette perte soit inévitable, et que nous ne nous la procurions pas par notre faute. Ainsi réglez vos jours, et rachetez le temps, comme dit saint Paul (1), en fuyant le monde, et en abandonnant au monde des biens qui ne valent pas le temps qu'ils nous ôtent. Quittez les amusemens, les correspondances inutiles, les épanchemens de cœur qui flattent l'amour propre, les conversations qui dissipent l'esprit et qui ne conduisent à rien. Vous trouverez du temps pour Dieu; et il n'y a de bien employé que celui qui est employé pour lui.

(1) Ephes. v. 16.

XXVIII. JOUR.

Sur la présence de Dieu.

I. MARCHEZ en ma présence, et soyez parfait (1). Voilà, Seigneur, ce que vous disiez au fidèle Abraham : et en effet, qui marche en votre présence est dans la voie de la perfection. On ne s'écarte de cette voie sainte qu'en vous perdant de vue, et qu'en cessant de vous voir en tout. Hélas! où vais-je lorsque je ne vous vois plus, vous qui êtes ma lumière, et le terme unique où doivent tendre tous mes pas? Vous regarder dans toutes les démarches que l'on fait, c'est le moyen de ne s'égarer jamais. O foi lumineuse au milieu des ténèbres qui nous environnent! O regard plein de confiance et d'amour, qui conduisez l'homme à la perfection! O Dieu, je ne vois que vous ; c'est vous seul que je cherche et que je considère dans tout ce que mes yeux semblent regarder! L'ordre de votre providence est ce qui attire mon attention. Mon cœur ne veille que pour vous dans la multitude des affaires, des devoirs et des pensées qui m'occupent, parce qu'elles ne m'occupent que pour obéir à vos ordres. Ainsi je tâche de réunir toute mon attention en vous, ô souverain et unique objet de mon cœur, lors même que je suis obligé de partager mes soins selon les lois de votre divine volonté. Hé! que pourrois-je regarder dans ces viles créatures, si vous cessiez de m'y appliquer, et si je cessois de vous y voir ?

(1) Gen. XVII. 1.

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II. J'ai donc résolu de tenir mes yeux levés vers les montagnes saintes, d'où j'attends toute ma force et tout mon secours (1). C'est en vain que je m'appliquerois uniquement à regarder à mes pieds, pour me délivrer des piéges innombrables qui m'environnent. Le danger vient d'en bas; mais la délivrance ne peut venir que d'en haut: c'est là que mes vœux s'élèvent pour vous voir. Tout est piége pour moi sur la terre, le dedans et le dehors. Tout est piége, Seigneur, sans vous. C'est vers vous seul que se portent mes yeux et mon cœur. Je ne veux voir que vous; je n'espère qu'en vous. Mes ennemis m'assiégent sans cesse : ma propre foiblesse m'effraie. Mais vous avez vaincu le monde pour vous et pour moi; et votre force toute-puissante soutiendra mon infirmité.

XXIX. JOUR.

Sur l'amour

que

Dieu a pour nous.

I. JE vous ai aimé d'un amour éternel (2). Dieu n'a pas attendu que nous fussions quelque chose pour nous aimer avant tous les siècles, et avant même que nous eussions l'être que nous possédons, il pensoit à nous, et il n'y pensoit que pour nous faire du bien. Ce qu'il avoit médité dans l'éternité, il l'a exécuté dans le temps. Sa main bienfaisante a répandu sur nous toutes sortes de biens: nos infidélités mêmes, ni nos ingratitudes, presque aussi nombreuses que ses faveurs, n'ont pu encore tarir la source de ses dons, ni arrêter (1) Ps. cxx. 1. — - (2) Jerem. xxxi. 3.

le cours de ses grâces. O amour sans commencement, qui m'avez aimé durant des siècles infinis, et lors même que je ne pouvois le ressentir ni le reconnoître! O amour sans mesure, qui m'avez fait ce que je suis, qui m'avez donné ce que j'ai, et qui m'en promettez encore infiniment davantage ! O amour sans interruption et sans inconstance, que toutes les eaux amères de mes iniquités n'ont pu éteindre! Ai-je un cœur, ô mon Dieu, si je ne suis pas pénétré de reconnoissance et de tendresse pour vous?

II. Mais que vois-je ? Un Dieu qui se donne luimême, après même avoir tout donné; un Dieu qui me vient chercher jusqu'au néant, parce que mon péché m'a fait descendre jusque là; un Dieu qui prend la forme d'un esclave, pour me délivrer de l'esclavage de mes ennemis; un Dieu qui se fait pauvre.pour m'enrichir; un Dieu qui m'appelle, et qui court après moi quand je le fuis; un Dieu qui expire dans les tourmens pour m'arracher des bras de la mort et pour me rendre une vie heureuse et je ne veux souvent ni de lui ni de la vie qu'il me présente ! Pour qui prendroit-on un homme qui aimeroit un autre homme comme Dieu nous aime? et de quels anathêmes ne se rend pas digne, après cela, celui qui n'aimera pas le Seigneur Jésus (1).

(2) I Cor. XVI. 22.

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