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sirs et ses vanités; c'est là que nous sommes errans et captifs..... Par cette doctrine de Jésus-Christ, la loi est toute spirituelle1. »

Dès que le premier chef des dissemblances de la théorie chrétienne avec la théorie judaïque, provenant de la manière de greffer le dogme oriental sur les textes nationaux, de les marier les uns aux autres est reconnu, le second chef en découle naturellement : il regarde les conditions essentielles du rôle assigné dans les deux hypothèses à la figure du Messie à venir, et tout l'historique de ce rôle manifesté selon le sens le plus nouveau et comme incarné dans la personne réelle ou idéale du fils de Marie.

En raison de l'espérance constante des Juifs de voir les promesses prophétiques, l'ère future, nationale et générale, de béné diction et de bonheur, se vérifier sous le rapport naturel ou temporel, la figure du Messie n'entraînait au fond que l'idée d'une haute puissance d'esprit, d'un législateur, d'un sage, d'un guerrier, d'un homme de l'espèce de

* Discours sur l'histoire universelle, part. 11, au commencement et à la fin du chap. vI.

Moïse, de Salomon, de David, quelque supériorité d'ailleurs qu'on veuille lui accorder à cause des temps et des circonstances. Cette même figure neleur apparaissait pas seulement comme capable de bien juger sa nation; elle devait avoir les qualités nécessaires pour agir sur les autres parties de la famille d'Adam, et pour exercer à leur égard le jugement universel d'intelligence et d'équité, qui avait déjà reçu une signification si différente et si mystique sous l'influence des données étrangères.

Mais, suivant la doctrine du nouveau maitre, où toutes les félicités et tout l'éclat des temps conçus par les prophètes allaient se résoudre dans les béatitudes de la vie future, dans le royaume de la résurrection visible de tous les morts passés et présens, un caractère exclusivement merveilleux, et tout empreint de l'oeuvre orientale qu'il avait à réaliser, revenait avec une évidence incontestable aux diverses situations et fonctions de cette figure

sacrée.

De même qu'un royaume quelconque suppose un roi ; une armée quelconque, un chef, de même, la grande population qu'il y avait, dans cette dernière hypothèse, à faire remon

ter du tombeau, imposait à la figure du Messie les obligations successives qui sont fidèlement indiquées dans le symbole le plus général de la foi chrétienne.

Il lui appartenait d'être de sa personne le premier produit, le premier signal du mouvement résurrectionnel, ou, pour employer l'expression consacrée, le premier-né d'entre les morts.

Par là on prévoit déjà la nécessité prochaine où nous serons de ne point renfermer la raison historique de la mort du nouveau maitre dans les effets de la lutte morale qu'il aurait engagée contre l'injustice plus ou moins absolue des pouvoirs publics de sa nation. Son empressement formel à se précipiter au-devant du coup fatal, est assez expliqué par cette loi d'un ordre tout matériel, que, pour quiconque se propose de ressusciter et de devenir les prémices d'entre les morts, nul autre choix n'est possible que, de descendre immédiatement dans la tombe.

De plus, comme il est établi qué ce monde de résurrection, que cette cité éternelle, cette vraie terrè promise, selon l'expression de Bossuet, avait à s'accomplir en masse et visi

blement, on ne sera plus surpris que la partie sensible du rôle assigné, d'après la théorie chrétienne, au Messie mort et ressuscité, ne trouvât en aucune manière sa fin au moment où il quittait la terre pour rentrer dans les demeures célestes.

Jésus ne remontait point vers le ciel avec la volonté pure et simple d'attirer et de fixer auprès de lui les ames des justes conçues selon le systême de l'immortalité métaphysique de Platon, c'est-à-dire, dans un état de dégagement absolu d'avec toute espèce de corps ou de matière.

Il ne s'y transporte que provisoirement, pour y attendre, souvent avec des sentimens d'impatience dont nous rencontrerons l'expression littérale plus tard, l'heure favorable de revenir en pompe sur la terre.

C'est ce retour visible qui, dans la langue, religieuse du christianisme, s'appelle l'avènement deuxième et glorieux de Jésus-Christ; il amène après lui les deux degrés successifs de la formation du monde de la résurrection de tous les morts, ou du royaume céleste.

Le fils de Marie et son école, en effet, cédant à la loi même d'interprétation des écri

tures qu'ils avaient adoptée, étaient irrévocablement entraînés à distinguer, dans la réa÷ lisation de la cité éternelle des morts ressuscités, les deux époques successives que tous les prophètes imposaient pour caractère à l'ère glorieuse et terrestre ou au règne général du Messie. Le rétablissement privé du peuple israélite, du peuple élu, selon les écritures, son retour naturel à la lumière, sa résurrection brillante parmi les humains, formait l'objet de la première de ces deux époques; les prophètes y avaient vu une condition obligée pour ouvrir l'ère messiaque et pour amener la seconde époque, ou la rénovation temporelle, et l'accord définitif de tous les peuples, sous l'invocation du nom seul de Jéhovah, de l'Éternel. Il s'en suivait, avec évidence, que conception du monde futur de Jésus aurait emporté quelque chose d'incomplet si elle n'avait pas donné aussi à la résurrection universelle des morts un prélude visible, d'une nature toute identique avec elle. Or, ce prélude est précisément le premier degré de la formation miraculeuse du monde de l'autre vie, selon le dogme chrétien; c'est l'idée d'une cité première et stable de la résurrection des morts,

la

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