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D'autres preuves confirment l'extrême latitude laissée à Jésus et les dispositions géné ralement pacifiques des magistrats de la Judée. Ici, c'est la parole d'un docteur de la loi qui se borne à l'interrompre dans un de ses discours remplis de reproches amers, pour lui dire:

Maître, en t'exprimant ainsi, tu prononces contre nous des injures 1. » Là, c'est l'explosion spontanée du peuple de Jérusalem, à propos d'une allocution du fils de Marie. L'idée qu'il avait de mourir se représentait sans cesse dans son discours. Alors toute l'assemblée s'écria : « que cet homme était sous le joug d'un démon en répétant qu'on voulait le mettre à mort; au lieu d'attribuer un pareil dessein aux principaux du pays, il fallait plutôt croire, d'après l'entière liberté qu'on lui laissait de parler publiquement, que

vel duos, ut in ore duorum vel trium stet omne verbum. Quod si non audierit eos, dic ecclesiæ. Si autem ecclesiam non audierit, sit tibi sicut ethnicus et publicanus. (Matth., XVIII, 15, 17; Luc, xvII, 4.)

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Respondens autem quidam ex legis peritis, ait illi: Magister, hæc dicens etiam contumeliam nobis facis. (Luc, XI, 45).

les principaux eux-mêmes étaient avec lui de connivence 1. >>

Mais tout ceci ne regarde encore que les anciens du peuple, le côté national et politique de la question, et les évangélistes ont placé les chefs des sacrificateurs de la Judée, ceux qu'on est convenu d'appeler les princes des prêtres, au premier rang dans leurs tableaux. Voyons donc si les renseignemens fournis par leurs propres traditions ne sont pas assez clairs, assez nombreux, pour substituer de plus en plus au systême fondé sur la supposition absolue de la jalousie, de la haine, de la fureur, un autre systême beaucoup moins apre, moins exclusif et plus véridique.

D'après celui des quatre évangélistes, par exemple, qui transporte presque toute la vie publique de Jésus à Jérusalem, ce n'est point dans la violation seule de quelques ordonnances légales qu'il faut chercher le motif pour lequel les Juifs auraient résolu de traduire le

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Respondit turba et ait : dæmonium habes, quis quærit te interficere?...... Et ecce palam loquitur et nihil ei dicunt. Numquid vero cognoverunt principes quia hic est Christus? (Joann., VII, 20, 26.)

nouveau docteur devant la haute cour de justice; ils lui reprochaient de soutenir que Dieu était son père naturel, immédiat, de se faire égal à Dieu, de se prétendre descendu positivement du haut du ciel, tandis que chacun pouvait connaître son père, sa mère, ses frères 1. Une fois, entre autres, l'assemblée du peuple, après avoir long-temps prêté à sa parole la même attention qu'à un prophète des anciens jours, finit par crier à Jésus « Ne tiens pas notre ame en suspens! Si tu es le Christ, déclare-toi avec franchise. >> Mais comme sa réponse ne servit qu'à accroître à leurs yeux le nuage d'obscurité, les Juifs se saisirent avec précipitation des pierres qui se rencontraient sous leurs pas. Jésus leur demanda sans s'émouvoir, pour laquelle de ses bonnes œuvres on menaçait de le lapider; tous les assistans lui répliquèrent d'un commun accord: « Ce n'est pour aucune bonne

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* Propterea persequebantur Judæi Jesum..... Quia non solum solvebat Sabbathum, sed et patrem suum dicebat Deum, æqualem se faciens Deo (Joann., v, 16, 18). Nonne hic Jesus, filius Joseph, cujus nos novimus patrem et matrem? Quomodu ergo dicit hic: quia de cælo descendi? (Joann., vi, 42; Matth., x111, 55.)

œuvre, mais à cause de ton blasphême, car tu oses te faire Dieu, toi qui n'es qu'un homme1. »

Or, si tous les dogmes possibles, l'immortalité des ames, la résurrection des corps, l'existence séparée des esprits ou des anges, étaient livrés, sous la protection avouée de la loi, à la discussion publique et au libre arbitre de chacun 2, qui pourrait ignorer que l'idée suprême de l'unité de Dieu avait une autorité exclusive chez les Juifs? elle ne se prêtait en rien à des modifications ou à des moyens termes. Nous avons reconnu l'objet essentiel du monde grec : il a développé toute la puissance de l'individualité humaine, de ce principe qui est appelé à contracter des liens indissolubles avec les principes de nationalité et d'humanité. De même, nous devons nous représenter sans cesse la spécialité du peuple hébreu d'une part, elle consistait à déployer toute la puissance morale et les phases les

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Multa bona opera ostendi vobis ex patre meo, propter quod eorum opus me lapidatis? Responderunt ei Juaæi: de bono opere non lapidamus te, sed de blasphemid, et quia tu homo cum sis, facis te ipsum Deum. (Joann., x, 33.)

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plus diverses de cette nationalité nécessaire ; d'autre part, elle consistait à conserver dans sa pureté complète et à répandre jusqu'aux extrémités de la terrele principe de l'unité infinie qui donne naissance et qui sert d'appui à toutes les autres unités.

par

Quelles que soient les idées qu'on adopte sur le caractère privé des hommes, et sur la supériorité ou la faiblesse des institutions du pays, il était donc actuellement imposé leurs fonctions constitutives aux sacrificateurs Juifs de s'élever avec promptitude contre toutes les atteintes publiques, directes ou indirectes portées à ce principe souverain. Ils devaient avoir toujours devant leurs yeux les paroles majestueuses et précises de leurs prophètes « Je suis Jéhovah, l'Éternel, le premier et le dernier; je ne transmets à d'autres ni mon nom ni ma gloire..... Il n'y a pas eu de Dieu avant moi..... Il n'y en aura pas après moi............. Il n'en existe pas avec moi. C'est à moi seul que la vie éternelle appartient..... Seul, je suis le Dieu fort, le Dieu juste, le Dieu libérateur, rédempteur et sauveur1. »

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Ante me non formatus est Deus, dixit Jehovah, et post

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