Obrazy na stronie
PDF
ePub

du rez-de-chaussée, et M. de La Salle, pour les étages, d'une part, et le sieur Gérard, culottier, d'autre. »

Sauf le bâtiment des bains, le Casino de nos jours est à peu près le même que celui créé par Henry Honer, rappelé dans l'acte du 7 mai 1818.

On voudra bien remarquer, que cette acte mentionne un « passage particulier » que tout le monde connaît sous le nom de « Passage du Casino ». C'est ce passage particulier qui se trouve, en partie seulement, sous la maison no 40. La Salle des Ventes, établie sur un ancien lavoir, dit, autrefois, le lavoir du Casino, fait partie du Casino.

C'est toute une histoire que cette maison immense, fabriquée de bric et de broc.

Les personnes qui possèdent l'Histoire de Nancy de Lionnois, et qui l'ont lue, ont pu remarquer que cet auteur fait le plus magnifique éloge de l'imprimerie Hoener. A l'époque où Lionnois vivait, le Casino ne semble pas exister, puisqu'il n'en parle pas; cependant il était créé. Nous en avons la preuve par diverses annonces du même temps.

Henry Honer, père, imprimeur, le fondateur du Câsino, était, paraît-il, très intelligent et fort entreprenant. Marquis en fait, à diverses reprises, le plus grand éloge dans sa Statistique: à ses yeux, il était un industriel hors ligne. Nous le croyons sans peine, si nous supputons toutes les entreprises faites par Henry Honer, à l'époque révolution

naire.

Celui-ci avait été reçu imprimeur en 1783, succédant à son père, qui avait repris la suite de Curson fils. Il s'établit, à cette époque, dans la maison Chailly de Bellecroix, rue Saint-Dizier, 21, que lui vendit Nicolas-Bazile Prudhomme, le 2 mai 1785. Dans la nuit du 15 au 16 octobre 1784, le bâtiment de l'imprimerie fut incendié avec tout le matériel. On estimait la perte subie par Henry Honer à 80,000 frans (40,000 fr. de notre monnaie). Un de ses confrères lui céda trois presses, d'autres lui prêtèrent du matériel, de sorte qu'il put continuer ses publications. M. Bertier, changeur du Roi, mit à sa disposition un vaste local dans sa maison de la rue des Carmes, no 42 actuel, pour y installer ses ateliers, en attendant la reconstruction du bâtiment incendié.

Il acheta, en 1791, une partie du jardin, du chœur de l'église, et la maison conventuelle des Dominicains; en

1792, le fil d'eau et les corps de conduite de la fontaine. de la Cour des Carmes, et deux sections des bâtiments des sœurs grises. Voilà comment fut formé le Casino.

La maison no 21 de la rue Saint-Dizier, servait, originairement, d'imprimerie et de maison d'habitation à Honer et à sa famille. Ayant considérablement agrandi son imprimerie, à laquelle il ajouta une fonderie de caractères, on s'explique les petits bâtiments qui existent dans la cour, du côté du premier corps de logis, à l'ouest. Il établit le Casino dans la maison conventuelle des Dominicains, c'est à dire dans l'aile opposée, où existe le passage. On y pénétrait alors, nous a-t-on dit, par deux escaliers semblables à celui qui existe encore; l'autre escalier, qui n'allait qu'au premier étage, faisait face à celui actuel. Il est fait mention, pour la première fois, du Casino, dans le supplément de la Meurthe du 21 décembre 1808, à propos d'un commencement d'incendie qui s'y était manifesté dans la nuit; il avait été occasionné par le mauvais emplacement d'un

fourneau.

Le Casino était un lieu de réunion composé d'un cercle, ayant buvette, salon de conversation, de lecture, de jeux, salle de bal, et même un théâtre.

L'établissement des bains est plus moderne. La Meurthe du 30 mai 1809 annonce qu'ils sont ouverts au public depuis le jeudi 24 mai, et qu'ils sont alimentés par des eaux de fontaine qui viennent de Boudonville, provenant des sources que la rivière de la Moselle fournit.

Le même journal, du 24 novembre suivant, donne ce petit compte-rendu :

« Les amateurs de musique, réunis le 22 de ce mois à la salle du Casino, pour célébrer la fête de Sainte-Cécile, ont donné un concert dont l'exécution a parfaitement répondu à l'excellent choix des morceaux. Deux de ces amateurs ont fait le plus grand plaisir par leur jolie voix et un chant plein de goût. Le jeune Claudel, orphelin de père et de mère, au profit duquel on avait souscrit, et qui fut entendu il y a six mois, a fourni de nouvelles preuves de ses progrès étonnants sur le violon. Admiré des connaisseurs et des amateurs, il a obtenu le succès le plus complet et le mieux mérité. Il doit une juste reconnaissance au génie bienveillant qui a la générosité de lui servir de guide. »

Il paraît que les fêtes se succédaient dans cet établissement, car nous lisons dans le même numéro :

« Nous attendons le rapport officiel de l'accident arrivé hier, au Casino de Nancy, par l'explosion des feux d'artifice. »

Il n'est plus question de cet accident dans les numéros

suivants.

A cette époque, le colonel Estienne, inspecteur de l'imprimerie et de la librairie, qui fut remplacé plus tard par Azaïs, demeurait au Casino, rue Jean-Jacques Rousseau.

Le 19 février 1811, les enfants Châteaufort y donnèrent une première représentation du Prisonnier pour dettes, opéra, suivi de l'Opéra comique, paroles de M. de Ségur, musique

de Della-Maria.

Le succès de ces jeunes comédiens fut tel, que le public réclama et obtint de leur père un nombre successif de représentations. Le 27 février, celui-ci publia cette annonce:

«< Au premier jour, les enfants Châteaufort donneront une première représentation de Blaise au Parnasse, opérafolie en deux actes, paroles de M. de Ségur, musique de M. Guétry. En attendant les deux Sentinelles, opéra; le Mariage par dépit, opéra et la Revue générale de tous les Etats, vaudeville..

« Il n'y a qu'un seul prix; on ne recevra point d'argent à la porte; il sera fait une remise aux personnes qui prendront six billets à la fois. Les enfants Châteaufort ne peuvent avoir l'honneur de jouer au grand théâtre, le cadre est trop grand pour leur âge. »

Le 30 octobre 1812, le sieur Maillicy prévient le public qu'il est arrivé, avec un spectacle de Fantocinis des plus complets, et qu'il donnera ses représentations tous les soirs, dans la salle de M. Honer, au Casino.

Mais voici qu'on annonce le 16 mars 1813 une série de représentations des plus variées: musique, déclamation, opéra et comédie, avec le concours des artistes du théâtre et des musiciens de l'orchestre.

« Spectacle. Vendredi, 19 du courant, au théâtre du Casino, M. Seignoret de Villiers donnera dans cette séance les morceaux suivants :

«Ire Partie Symphonie d'Haydn; une déclamation de quelques scènes des châteaux en Espagne; un air chanté par M. Olivier; le récit de Théramène; un concerto de flûte.

«2 Partie: Une ouverture de Mozart; une représentation de Pygmalion de J. J. Rousseau, musique de Benda, dans laquelle Mademoiselle Legerot jouera Galathée ; un air des Bases de Frontin chanté par M. Colon; le prologue musical de Dalayrac dans le Poète et le Magicien ; et Jacques Spleen, comédie, dans laquelle, avec la permission de Madame la Directrice, qui, au service qu'elle rend, le double par les grâces qu'elle y met. MM. Desvignes, Bazin, César, Mademoiselle Pouzeau, ont bien voulu coopérer de leurs talents, conjointement avec MM. les musiciens de l'orchestre, qui, sous la direction de M. Bailvin, se sont obligeamment prêtés à donner à cette séance tout le charme dont elle peut être susceptible.

« On commencera à six heures; on s'abonne chez M. Seignoret de Villiers, logé chez M. Thina, rue J.-J. Rousseau, l'entrée est de 3 francs. »

Nous venons de voir que le Casino, créé par Hæner père, paraissait n'être plus exploité depuis un certain nombre d'années. Une annonce du 19 mars 1815 nous apprend sa réouverture:

«M. Lepointe, limonadier à Nancy, a l'honneur de prévenir le public qu'à dater du 1er avril prochain, le Casino sera ouvert. Les personnes qui désireront s'abonner pour le salon, pourront s'adresser au Café de la Réunion, rue des Carmes. Il y aura café et restaurant, le tout est très bien servi. »

Le Café de la Réunion était alors au n° II actuel de la rue des Carmes, et appartenait à Malard, ancien officier et entrepreneur de voitures publiques, en même temps propriétaire de cette vaste maison, ancienne église des Carmes. Nous trouvons ce café à reprendre en novembre 1815, les successeurs de Lepointe étant rappelés « à leur emploi primitif. »

Nous ignorons combien de temps Lepointe exploita le Casino. Il est fort probable que dans les temps troublés de la seconde restauration, il ne put se soutenir.

Honer père étant mort, le sieur Pochot a l'honneur de prévenir le public le 31 août 1817 « que les Bains du Casino, qu'il dirige pour son compte, seront ouverts dorénavant depuis 5 heures du matin jusqu'à 8 heures du soir. Il n'épargnera rien pour satisfaire les personnes qui lui feront l'honneur de s'adresser à lui; la plus grande pro

preté régnera dans cet établissement, où l'on n'employera que de l'eau de fontaine. On y trouvera le Journal du Département. »

Le 31 mai 1818, les bains étaient ouverts depuis 4 heures du matin jusqu'à 9 heures du soir.

Le 19 août 1817, on avait procédé à la vente mobilière des objets provenant de la succession de Hæner père, qui consistaient, indépendamment de tout ce qui constitue un mobilier ordinaire, en: 1° Une imprimerie; 2° Magasin de papiers et d'impression de livres ; 3° Fonderie de caractères; 4° Pressoirs, bouges, foudres, futailles; 5o Glaces, quinquets, billards, tables à dessus de marbre, argenterie, etc. le tout situé dans la maison dite le Casino', rue Saint Dizier n° 19 (21).

L'imprimerie fut continuée par Honer fils, qui s'associa Dard. A la dissolution de l'association, Honer fils alla s'établir rue Saint Nicolas, 31 et Dard, rue des Carmes, 22. L'imprimerie Hoener fils est devenue l'imprimerie Hinzelin; et l'imprimerie Dard a passé entre les mains de N. Collin, aujourd'hui imprimerie Lorraine.

Le 4 janvier 1821, un incendie se manifeste dans l'établissement du Casino. Nous n'en connaissons ni l'importance ni les conséquences. La Compagnie du Phénix, qui avait assuré l'immeuble, s'est empressée de faire réparer le dommage.

C'est probablement à cette époque que fut fondé le Cercle du Commerce. La Meurthe du 17 juillet 1821 publie

cet avis :

« Les fournitures de bois et huile à quinquets, pour la comsommation du Cercle du Commerce, à Nancy, seront faites au rabais le 25 de ce mois; jusqu'au 24 au soir, les soumissions pourront être remises cachetées à M. Charles Kraffe, commis conservateur dudit établissement, maison de M. Vincenot (propriétaire du Casino).

« Ces fournitures consistent en: 12 stères de bois, quartier de charmille, 78 stères de bois, rondin de charmille et hêtre; 3,400 livres, poids de marc, d'huile à quinquet. On pourra prendre près de M. Charles Kraffe, connaissance des conditions des fournitures. >>

Mais le 29 juillet 1821, on publie un Avis important, qui ne laisse pas d'intriguer.

Le Casino avait déjà été mis en vente, le 29 mai 1821,

« PoprzedniaDalej »